Des combats ont eu lieu vendredi à Tripoli entre des partisans armés du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi et des forces du nouveau régime, faisant au moins huit blessés, selon une source hospitalière.
Ces affrontements, les premiers à Tripoli depuis plus d’un mois et demi, ont éclaté notamment dans le quartier populaire d’Abou Slim, situé à 10 km au sud du centre de la capitale et connu pour abriter des fidèles à l’ex-leader en fuite.
Huit combattants du Conseil national de transition (CNT, issu de la rébellion) ont été blessés, selon une source à l’hôpital d’Abou Slim.
Après les combats, des dizaines d’hommes du CNT ont tiré en l’air au milieu d’un complexe résidentiel composé d’une dizaine d’immeubles, affirmant qu’ils contrôlaient la situation, a constaté un journaliste de l’AFP.
Un groupe d’entre eux ont arrêté un homme qu’ils ont conduit dans un pick-up. Pas loin, un jeune pro-Kadhafi a lâché «Allah, Mouammar, Libye et c’est tout» à l’approche d’une voiture de journalistes, tandis que plusieurs véhicules transportant des combattants du CNT continuaient à entrer à vive allure dans le quartier.
Un combattant du nouveau régime posté à l’entrée du quartier a affirmé avoir essuyé la veille des tirs d’une voiture roulant à grande vitesse, en montrant les impacts de balle sur les mûrs du bâtiment.
Selon un porte-parole du CNT, Abdel Rahmane Boussin, des affrontements ont été également signalés dans d’autres quartiers «autour de la capitale», affirmant s’attendre à une reprise des heurts dans la nuit.
Des habitants ont fait état d’accrochages notamment à Al-Hay Al-Islami, dans l’ouest de Tripoli.
Mais l’adjoint du conseil suprême militaire du CNT à Tripoli, Khaled Sharif, a assuré que les affrontements avaient été «très limités». «Tout est désormais sous contrôle. Nous en avons arrêté certains (des pro-Kadhafi) et nous poursuivons les autres».
Selon des combattants du CNT, des manifestations pro-Kadhafi avaient commencé après la prière de vendredi, à l’appel d’un animateur pro-Kadhafi qui s’était exprimé sur la chaîne Arraï basée en Syrie qui défend la cause du régime déchu.
«On était au courant qu’ils (pro-Kadhafi) allaient sortir aujourd’hui. Nous étions préparés», a indiqué Meftah, un jeune combattant du quartier.
Le quartier d’Abou Slim était le dernier à résister après la chute de Tripoli le 23 août aux mains du CNT avec la prise du quartier général de Mouammar Kadhafi à Bab al-Aziziya.
La bataille de Syrte se poursuit
Les forces du nouveau régime en Libye ont lancé vendredi un assaut sur deux quartiers toujours aux mains des soldats fidèles au dirigeant déchu Mouammar Kadhafi à Syrte, les bombardant à l’artillerie lourde et aux obus.
Après avoir présenté en début de semaine comme imminente la chute de cette région d’origine de Mouammar Kadhafi à 360 km à l’est de Tripoli, les forces du Conseil national de transition (CNT, ex-rébellion) peinaient à déloger de leurs derniers retranchements les pro-Kadhafi qui opposent une résistance acharnée.
Le CNT attend la chute de cette ville-symbole pour proclamer la «libération totale» du pays et former un gouvernement chargé de gérer la transition. Mais l’amateurisme désarmant de ses combattants les empêche d’appliquer une tactique ordonnée face à la poignée de loyalistes.
Les hommes du CNT sont désormais regroupés au QG de la police à Syrte, où ils s’étaient repliés jeudi après avoir reculé de deux kilomètres devant la violente riposte des pro-Kadhafi, selon un journaliste de l’AFP.
Ils ont lancé leur offensive contre les quartiers «Dollar» et «N°2» où sont retranchés leurs adversaires dans le nord-ouest. Une large file de combattants du CNT, certains dans des camions et d’autres à pied, ont quitté le QG de la police en direction de ces secteurs.
«Les tireurs embusqués de Kadhafi sont coincés dans le quartier N°2 et nous les assiégeons. Nous tirons sur eux maintenant», a déclaré un commandant du CNT, Moustapha Al-Abyad.
Des colonnes d’épaisse fumée noire se dégageaient des deux quartiers, bombardés dans l’après-midi de façon continue aux obus de mortier et à l’artillerie lourde, selon un journaliste de l’AFP.
Un groupe de combattants ont réussi à prendre une école à la limite du quartier «Dollar» d’où ils ont bombardé le secteur, s’attirant une violente riposte des pro-Kadhafi. Les forces du CNT ont alors reculé pour permettre un bombardement aux obus de 130mm.
«Ils nous tirent dessus, ils sont bien positionnés dans les immeubles et ont des snipers», a déclaré un combattant du CNT Ahmed al-Figi. «Nous faisons des progrès, mais c’est difficile».
«Nous attendons les ordres. La bataille de Syrte va se terminer très bientôt, mais la guerre en Libye ne s’achèvera qu’avec la capture de Kadhafi», veut croire un autre combattant pro-CNT, Abdessalam Farjani.
Au moins deux morts et une quinzaine de blessés, certains très grièvement, ont été transportés à l’arrière des combats dans l’ouest de la ville, a constaté une journaliste de l’AFP. La zone était en proie à des scènes de panique, avec des ambulances circulant dans tous les sens.
Au fur et à mesure que l’étau se resserre, les forces du CNT, outre la riposte des forces pro-Kadhafi, sont soumises au danger des tirs fratricides. Selon des sources médicales, quatre combattants ont été tués et 40 blessés jeudi, en majorité par des tirs fratricides et par des snipers pro-Kadhafi.
Outre Syrte, les forces du CNT assiégeaient toujours l’oasis de Bani Walid, un autre bastion pro-Kadhafi à 170 km au sud-ouest de Tripoli, où les frappes de l’OTAN ont touché jeudi quatre véhicules militaires et un lance-roquettes.
Le chef du comité local du CNT de Bani Walid, Al-Haj Mbarak Al Fatnani, a expliqué que les combats étaient suspendus pour préparer la prochaine offensive contre les 1500 combattants pro-Kadhafi toujours présents dans Bani Walid.
Pendant ce temps, les nouvelles autorités recherchaient toujours activement Mouammar Kadhafi, en fuite depuis la chute de son QG à Tripoli le 23 août dernier, après 42 ans au pouvoir, et ses fils, Mouatassim et Saïf al-Islam, dont des combattants affirment qu’ils se trouvent respectivement à Syrte et Bani Walid.
À Tripoli, le CNT assure que l’arrestation de l’ancien dirigeant «n’est qu’une question de temps», mais s’interroge sur de possibles manipulations après l’annonce mercredi de la capture de Mouatassim, finalement démentie.
«Il pourrait s’agir d’une stratégie, d’une rumeur répandue pour semer la confusion et lui permettre de s’échapper de Syrte», où les combattants le soupçonnent d’être réfugié, estime Abderrahmane Boussine, porte-parole du CNT.
«C’est le genre de ruses dont ils ont l’habitude», confirme Ouahid Bouchane, un autre responsable du CNT. «Concernant Saïf al-Islam par exemple, ils ont diffusé des images le présentant avec des hommes portant l’uniforme des révolutionnaires. Ces techniques ont souvent été utilisées» par l’ex-régime.
avec cyberpresse