Xalimasn.com-Le Fonds monétaire international (Fmi) a approuvé, il y a deux jours, une dérogation au Sénégal pour l’inobservation du critère d’évaluation quantitatif relatif à l’objectif fixé pour le déficit budgétaire. Cela dit, Nemat Shafik, directrice générale adjointe et présidente du Conseil d’administration du Fmi par intérim, n’a pas manqué de cracher ses vérités aux autorités du Sénégal.
Les conséquences des coupures d’électricité
La sempiternelle question des coupures de courant est au centre des préoccupations du Fmi qui rappelle les conséquences désastreuses que ce problème impose au Sénégal et son économie. « Il existe des risques de dégradation, principalement à cause des problèmes persistants d’approvisionnement en électricité et de la hausse des prix de l’alimentation et des carburants, qui constitue un risque d’inflation » a averti la présidente du Conseil d’administration par intérim. Une observation déjà confortée par le dernier point mensuel de conjoncture du ministère de l’Economie et des finances qui relevait qu’au cours du mois d’avril 2011, le sucre, les céréales non transformées, les légumes frais et le lait, ont tous enregistré des hausses de plus de 2% alors que les prix à la consommation ont augmenté de 4,3% sur la même période. Ce qui laisse apparaître un relèvement de 3,8%, en dessus du seuil communautaire fixé à 3%.
Le danger des coupes budgétaires allouées au plan Takkal
Revenant sur les explications fournies par Abdoulaye Diop et son équipe pour justifier les coupes budgétaires effectuées au profit du plan Takkal, le Fmi doute de leurs pertinences car selon la directrice générale adjointe et présidente du Conseil par intérim il y a «l’émergence de besoins critiques d’investissement dans le secteur énergétique, alors que la politique budgétaire a pour mission difficile de financer des dépenses prioritaires supplémentaires tout en préservant la viabilité de la dette« . Le Fmi attend donc de voir comment les autorités sénégalaises entendent sortir de ce guêpier dans lequel elles se sont volontairement engouffrées. D’ailleurs, le ministère de l’économie et des finances a avoué, il y a quelques jours, que l’exécution budgétaire laisse apparaître un déficit de 106,5 milliards en fin avril 2011 contre un excédent de 15,2 milliards à la même période en 2010. Il y a dès lors un risque réel d’une négligence d’autres priorités dans des secteurs vitaux de l’activité nationale. Voilà pourquoi le Fmi rappelle que le plan Takkal ne saurait éternellement être le prétexte idéal justifiant un accroissement du déficit budgétaire, d’où cette remarque de Nemat Shafik, directrice générale adjointe et présidente du Conseil par intérim: « bien qu’il soit possible de laisser le déficit budgétaire se creuser temporairement, il sera important de prendre de nouvelles mesures de mobilisation de recettes et d’établir un nouvel ordre de priorité entre les dépenses« . Abdoulaye Wade et son fils devront donc chercher d’autres méthodes pour financer leur plan au lieu de persister dangereusement à ouvrir une brèche pour de nouvelles dépenses extrabudgétaires.
Les émissions obligataires imprudentes
Au delà du fait que le gouvernement ponctionne tous azimuts les budgets alloués à des projets de développement socio économique du pays, les préoccupations du Fmi sont surtout motivées par la tendance inquiétante du gouvernement à entreprendre des méthodes inopportunes et très risquées de mobilisations de fonds uniquement pour sécuriser les investissements du plan Takkal de Karim Wade et de l’autoroute à péage de son père. D’où cet avertissement de la directrice générale du Fmi aux autorités du Sopi: « à moyen terme, il sera essentiel de procéder à un rééquilibrage du budget, en l’appuyant par une politique d’emprunt prudente, afin de ramener le déficit à un niveau compatible avec la viabilité de la dette. » La dernière émission de bons obligataires n’entre donc pas dans les bonnes grâces du Fmi qui souligne son caractère improvisé et unidirectionnel. « L’émission récente d’euro-obligations pour financer des projets d’infrastructure devrait aller de pair avec un renforcement de la planification de l’investissement et de la gestion de la dette, » a regretté Nemat Shafik, directrice générale adjointe et présidente du Conseil par intérim.
Il faut une bonne gouvernance
Pour rehausser le potentiel de croissance du Sénégal, le Fmi prône des réformes fiscales visant à élargir l’assiette de l’impôt et à accroître les recettes, mais surtout des réformes dans les secteurs énergétique et financier. A l’image des autres partenaires au développement du Sénégal, le Fmi reste préoccupé par la corruption, les détournements de fonds publics et d’objectifs qui font légion au Sénégal, depuis l’arrivé du Sopi au pouvoir. Même si le Fmi ne se prononce pas ouvertement sur ces questions, Nemat Shafik, directrice générale adjointe et présidente du Conseil par intérim prodigue cette recommandation aux autorités Sénégalaises: « il faut mettre en place d’autres réformes visant à éliminer les goulets d’étranglement de la croissance et à favoriser la mise en place d’un meilleur climat des affaires et d’une meilleure gouvernance« .
Frédéric TENDENG, xalimasn.com