Dans la région de Kaolack un village entier avait brulé. Même les animaux avaient crevé. Jusqu’à présent, aucune autorité, ni même le sous-préfet de ce patelin, ne s’était déplacée pour réconforter la population assommée par le sort.
Au Port Autonome de Dakar, huit personnes qui cherchaient de quoi gagner leur vie ont péri des suites de l’explosion survenue dans le bateau qu’ils tentaient de désosser. Aucune autorité n’a fait le déplacement, ni réagi devant ce triste événement.
Et même d’ailleurs quand ces autorités se déplacent, c’est pour s’attrister et prendre des engagements solennels qu’ils ne respectent jamais. Rappelons-nous le terrible incendie qui avait ravagé un daara à la Médina. Les décisions que ces autorités saugrenues ont prises en ce temps là sont devenues des vœux pieux.
Macky Sall et Serigne Mbaye Thiam, connus pour leur détestation profonde envers les enseignants sont en train de laisser crever les sortants de la Fastef les plus radicalisés, affaiblis chaque jour encore plus par une grève de la faim aux conséquences funestes.
Qu’ils se rappellent le printemps arabe qui a démarré en Tunisie : Un jeune diplôme sans boulot touché dans son honneur avait préféré le suicide pour sauver sa dignité. Les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets
Ces hommes sans cœur laissent pourrir une situation qui enfle chaque jour plus, et qui leur explosera en pleine figure, si jamais l’un de ces grévistes y laissait la vie, du fait de leur indifférence je m’en foutiste.
Un peu de compassion, un peu de compréhension. Rien que ça. Aller vers ces grévistes, les rencontrer, leur parler. Ou même solliciter une médiation entre l’Etat et eux.
Ce n’est pas le problème de Macky et son régime. Mais quand il s’agit du haut de la scène du grand théâtre non pas de fustiger le comportement déviant de jeunes homosexuels en puissance qui subvertissent les mœurs, mais de lancer une motion de soutien pour eux, les autorités de la trempe de Mbagnick Ndiaye sont bien présentes.
Il est vrai que ces gens et les artistes musiciens qu’ils fréquentent et dont ils cautionnent les excès et même les encouragent sont la preuve concrète de la déchéance morale de notre pauvre pays qui se dit croyant. Je suis dépité quand j’écoute les chansons des artistes de mon pays. Toutes ou la plupart d’entre elles sont révélatrices de la dégénérescence inexorable qui est un engrenage dans lequel nous sommes pris. « Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique ». avait dit Platon.
J’ai honte de ce que mon peuple est en train de devenir, sous le régime mackyen
Quand il s’agit de se faire décorer du titre d’homme de l’année et se voir offrir une tribune en direct sur la télé de Youssou Ndour décidément dans tous les mauvais coups, Cheikh Kanté est bien présent, pour un discours d’auto glorification, et de griotisme envers Macky Sall. Mais il n’est pas disponible pour dire ne serait ce qu’un mot réconfortant à l’endroit des familles éplorées qui ont perdu leurs proches dans ce dramatique accident.
Je ne suis certainement pas le seul sénégalais déçu par ce monstre de la musique sacrée. Youssou Ndour le chanteur inspiré avait, je m’en rappelle, chanté un jour aux Nations Unies son célèbre titre où il parlait des « jeunes qui erraient à l’aventure dans la rue tous désœuvrées », dans l’indifférence des dirigeants préoccupés par leur bien être devant leurs piscine. En conclusion, il avait déclaré : « Je trouve ça moche » !
Son engagement d’alors dans toutes les grandes causes nationales et mondiales en ont fait une icône. Aujourd’hui, nous nous serions attendus que cet illustre artiste prenne le parti du peuple, qu’il en épouse la cause et se positionne comme un régulateur social. Hier à New York en compagnie de Baba Maal, il chantait Me Wade, aujourd’hui il anime les soirées privées de Maréme et célèbre Macky. Quand on est grand comme Youssou Ndour, on doit soutenir de grandes causes : on doit être un contre pouvoir, encourager ce qui marche et combattre pour ce qui ne marche pas. Et là, on ne sera pas seulement grand, on sera un héros. On changera alors le sort de son peuple, et on influencera celui des autres. C’est pourquoi, mon cher Youssou, mon chanteur préféré, votre héros dont votre fils porte l’illustre nom, Nelson Mandela affirmait que « La politique peut être renforcée par la musique, mais la musique a une puissance qui défie la politique ».
Ne servez la cause de personne, servez la cause du peuple. Pourquoi brûler ce que vous êtes par la seule grâce de Dieu, en entachant votre gloire par les salissures d’un pouvoir fugace de plus en plus impopulaire et qui compte sur votre prestige personnel, et maintenant sur votre propre groupe de presse, pour exister ?
Ne vous laissez pas berner, Youssou. Ce pouvoir comme malheureusement la grande majorité des pouvoirs inféodés aux loges maçonniques et autres lobbys dont « Le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité », vous manipule et vous utilise, à moins que vous n’en soyez membre à part entière, et en revendiquiez la face sombre.
Quand il s’agit de protéger son fidèle lieutenant qui lui gère sa base politique à Keur Madiabel si fortement impliqué dans le trafic des admissions achetées -dont il accuse les élèves-maitres illégalement exclus comme s’il pouvait y avoir un corrupteur sans un corrompu- qu’il aurait en son temps fui à Dubaï, Serigne Mbaye Thiam est bien présent : non seulement il a veillé à ce qu’il ne soit pas sanctionné, mais il l’a nommé intendant et l’a affecté au lycée Valdiodio Ndiaye. Ce héros symbole de la droiture doit se retourner dans sa tombe!
Nous avons la malchance au Sénégal d’avoir des dirigeants qui se sentent si supérieurs au peuple qui les a élus qu’ils souhaitent qu’il crève, tellement ils ne supportent plus d’être confrontés chaque jour à leur misère, à leurs problèmes qui leur empêchent de jouir à tête reposée de leurs sinécures et autres privilèges. Curieuse ressemblance avec ces dirigeants que Youssou Ndour fustigeaient il y a quelques années, et qu’il fréquente assidument aujourd’hui !
Avec Macky, les sénégalais ont découvert que « La politique, ce n’est qu’une certaine façon d’agiter le peuple avant de s’en servir !»
Si jamais l’irréparable se produit à la Fastef, ces messieurs peuvent être surs qu’il n’emportera pas seulement une victime parmi ces grévistes qu’ils regardent s’éteindre chaque jour plus encore.
Cissé Kane Ndao
Président de l’A.DE.R