L’ancien Président Abdoulaye Wade et son régime avaient habitué les Sénégalais à la mal-gouvernance encouragée par une impunité incompréhensible. Ce qui leur a valu une sanction en 2012. En accédant au pouvoir, le Président Macky Sall, qui semblait avoir tiré les leçons de cette débâcle de l’ancien régime, avait promis la fin de l’impunité.
Mais ce slogan est, aujourd’hui, mis à rude épreuve par certains membres du Gouvernement ou des membres de leurs familles. En atteste la récente attitude ô combien irresponsable et indisciplinée dont a fait montre, il y a quelques jours, dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale, Ameth Suzanne Camara, responsable du Réseau des enseignants de l’Alliance pour la République.
Le bonhomme, dont le fonctionnement du logiciel mental s’apparente à celui d’un colibri, a eu l’outrecuidance d’escalader les marches de cette institution pour insulter de mère le député Me El Hadj Diouf. Pour ensuite rentrer, tranquillement, chez lui. Là où le citoyen lamda aurait transité par un Commissariat pour une garde-à-vue avant d’atterrir à une Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss, s’il avait singé Ameth Suzanne Camara.
Ce dernier, qui ne comprend rien à rien du tout, est un récidiviste. Dans un passé encore récent, il avait insulté en public un syndicaliste de l’Enseignement dont le seul tort aura été d’avoir exercé un droit syndical. Et là aussi, le ténébreux Ameth Suzanne Camara est parti comme il était venu. Sans que rien ne lui arrive comme sanction disciplinaire par ceux-là chargés de garantir les Lois en vigueur dans notre pays.
Avant Ameth Suzanne Camara, le ministre d’Etat, ancien ministre de l’Intérieur, avait fait muter son policier. Au simple motif que celui-ci avait refusé, selon la presse, de lui tenir son sac. Qui ne se souvient pas de l’affaire des magistrats qui ont été éconduits, selon le journal Le Quotidien, des magistrats de la Cour des comptes venus fouiller la gestion d’un de ses Services, dont le Directeur avait abreuvé, dit-on d’injures ces auditeurs.
Alors, c’est, peut-être, en grattant le vernis qui recouvre toutes ces attitudes indignes d’hommes d’Etat que le fils du ministre de la Justice a, lui aussi, jugé opportun d’entrer dans la danse. Celle des frasques répétées.
Pour ce faire, le fils du ministre de la Justice, Mansour Kaba, interpellé, à bord d’un véhicule, avec ses amis par les éléments de la Police de Rebeuss, pour défaut de permis, a, selon Libération, refusé de décliner son identifié avant de les insulter.
Placé en garde-à-vue, Mansour Kaba sera finalement libéré sous la pression de son pater de Garde des Sceaux. Une libération qui a suscité l’indignation, d’autant plus que Me Sidiké Kaba est censé veiller sur l’équité et la justice dans le pays.
Mais le fils de Sidiki Kaba n’est pas le seul à avoir fait preuve d’indiscipline. L’époux de l’ancienne Premier ministre, Aminata Touré, on se le rappelle, a été interpellé, il y a quelques mois, pour outrage à agent. M. Coulibaly, qui a voulu garer son véhicule dans le parking du Salon d’honneur de l’aéroport Léopold Sédar de Dakar, s’est refusé l’accès.
Pour convaincre l’agent à le laisser passer, il brandit son passeport diplomatique. Mais le gendarme lui fait comprendre qu’il a le droit d’accéder au Salon d’honneur avec le passeport diplomatique qu’il détient. Autrement dit, ce parking est réservé aux véhicules des ministres.
Ne voulant pas entendre ce discours de cette oreille, M. Coulibaly lui fait savoir qu’il est ‘’l’époux de Mme Aminata Touré’’. ‘’Je ne connais pas Aminata Touré’’, lui rétorque le gendarme. Face à la fermeté de ce dernier, M. Coulibaly, piqué par la colère, lui lance tout de go : ‘’Vous êtes tous des ignorants’’. Ces propos vont lui valoir une brève grade-à-vue à Brigade de la gendarmerie de l’aéroport Léoplod Sédar Senghor.
Cette affaire, qui avait fait, à l’époque, le buzz dans la toile, a vite fait réagir son épouse. Reconnaissant le tort de son époux, Mimi Touré avait présenté ses excuses. ”C’est d’habitude un homme courtois et très discret. Il a, définitivement, eu tort de s’énerver, face à l’injonction musclée d’un jeune gendarme. Les hommes en tenue méritent toute la considération liée à leur fonction.
Ils assurent notre sécurité, tout comme eux aussi doivent courtoisie et respect aux citoyens. Il (mon mari) s’est excusé et l’incident est clos », avait-elle commenté ce fait divers à travers lequel son chocolat doré s’était tristement distingué. En fin de compte, c’est n’importe quoi, ces écarts de conduite auxquels certains de nos gouvernants nous habituent, au fil des jours.
Le Chef de l’Etat a intérêt-si ce n’est pas évidemment trop tard pour lui- à tirer les oreilles à certains membres de sa Cour. Pour que cette République de l’impunité ne lui explose pas pleine la figure. Un Président averti, en vaut plusieurs.
Daouda Gbaya (Actusen.com)