Location de matériels inadaptés pour la Senelec : Karim Wade coincé dans ses barges

Un matériel loué à prix d’or mais que la compagnie d’électricité peine à rentabiliser, du fait d’incidents techniques et de la cherté du combustible utilisé, telle est à ce jour, la nature du cadeau que Karim Wade a fait à la Senelec.
La Senelec survivra-t-elle à la crise multidimensionnelle qu’elle vit actuellement ? On peut se poser la question au regard des défis auxquels la société dirigée par Seydina Kane est confrontée actuellement. Il y a d’abord que le matériel commandé par Karim Wade aux Usa, va contraindre la Société nationale d’électricité à sortir toujours plus d’argent à un moment où elle est en bute à d’énormes difficultés financières. En effet, les mini-centrales louées auprès de l’Américain Apr, ont révélé des problèmes d’adaptation au réseau, lors de leur installation. Il a fallu au départ, synchroniser les conteneurs, qui ont des fréquences de 60 hertz (Hz), avec le réseau de la Senelec, qui a une norme de fonctionnement de 50hz. Heureusement, les techniciens de la Senelec ont pu le faire sans trop de difficultés.

Néanmoins, les techniciens de la Senelec ne comprennent pas que, pour du matériel qui doit être mis à leur disposition et raccordé à leur réseau, ils n’aient pas été associés à la commande. Un technicien se plaint ainsi que les turbines envoyées par Apr soient très vieilles, et surtout, «utilisent du gasoil, qui est différent du fuel lourd que nous, à la Senelec, utilisons pour nos machines. Ce qui nous revient trop cher».
Le ministre d’Etat Karim Wade n’a pas perdu une occasion, à la réception des conteneurs de Apr, de claironner devant les cameras de la Rts, que la situation sur le front de l’électricité allait considérablement s’améliorer avec l’arrivée de ces nouvelles centrales, commandées après un appel d’offres lancé conjointement avec l’Apix. Une fois toute la commande installée, ce sont 80 Mw qui devraient être injectés dans le circuit. Néanmoins, la situation est sensiblement différente de ce qui a été présenté à l’opinion.
S’il est vrai que les essais se sont montrés con­cluants après les réglages opérés par les techniciens de Senelec, il n’en reste pas moins que les centrales ne tournent pas encore, et il n’est pas sûr qu’elles puissent tourner bientôt, faute de combustible, et du fait de quelques incidents techniques mineurs survenus lors de la période d’essais des centrales. Comme dit plus haut, la compagnie n’a pas les moyens d’acheter régulièrement du gasoil, plus cher que le fuel qu’elle utilise dans ses propres turbines, pour alimenter les centrales de location. Or actuellement, c’est à un déficit d’environ 125 Mw auquel la Senelec doit faire face, du fait de la mise à l’arrêt de plusieurs de ses appareils, et elle aurait besoin du soulagement que lui apporterait cette énergie d’appoint.

Par ailleurs, les employés de Senelec ne comprennent pas qu’il leur faille louer ce matériel à 20 milliards de francs Cfa pour 18 mois. Certains d’entre eux estiment que, puisque cette location s’est faite à partir du prêt accordé par la Bid à la compagnie, il aurait mieux valu, pour la tutelle, de faire financer une centrale propre, qui aurait coûté sensiblement le même prix, et aurait eu un rendement à long terme, plus important.

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