La loi instituant la parité absolue homme femme au Sénégal dans les institutions totalement ou partiellement électives est passée comme lettre à la poste, avec notamment le vote à la majorité absolue hier, mercredi 19 mai par la Chambre « haute ? » du projet à la suite de la session de l’Assemblée nationale d’il y a quelques jours. En avalisant la parité absolue, le Parlement n’a-t-il pas cependant signé son arrêt de mort ? Va-t-on vers des législatives anticipées pour « matérialiser » la loi au Parlement ?
Les collègues de Pape Diop ont majoritairement adopté, hier mercredi 19 mai la loi instituant la parité absolue homme-femme, une première dans le monde, « cadeau » de Me Wade aux femmes de son pays. Ce faisant les Sénateurs emboîtaient le pas aux députés qui ont entériné déjà la loi. Il revient au président de la République de promulguer la loi si celle-ci n’est pas attaquée pour inconstitutionnalité, devant les cinq sages. Ce qui serait étonnant, entendue que l’opposition parlementaire même prudente, n’a pas fondamentalement remis en cause la loi. On peut donc s’attendre à voir le chef de l’Etat promulguer dans les jours qui viennent la loi.
Cette loi dont l’application conditionnera la participation des formations politiques aux prochaines élections, a indiqué aux sénateurs, le ministre d’Etat, Garde des sceaux, ministre de la Justice, El Hadji Amadou Sall. L’avocat-ministre d’assurer que toute liste de parti, de coalition ou de la société civile qui ne respectera pas la parité ne sera pas acceptée.
« Les uns et les autres devront se conformer à cette loi pour la validité de leur liste car toute liste qui ne répondrait pas à cette exigence sera irrecevable » a-t-il notamment déclaré, à l’occasion du vote par le Sénat de la loi instituant la parité absolue homme-femme dans les institutions totalement ou partiellement élective. « Il ne sert à rien de dire qu’en milieu rural, les femmes ne sont pas préparées, qu’elles le soient ou pas, elles seront sur les listes », a ajouté le ministre de la Justice, rappelant que la question ne s’est jamais posée avant.
Cet « éclairage » du Garde des sceaux pour les Sénateurs n’en renforce pas moins le sentiment de ceux qui croient comme le marabout politicien, Hamed Khalifa Niasse du Fap entré en rébellion, que Me Wade a trouvé par le biais de cette loi qui a fait quasiment l’unanimité au sein de la classe politique de peur certainement d’être taxée d’antiféministe, « un moyen de dissoudre l’actuel Parlement pour organiser un test grandeur nature avant la présidentielle de 2012 avec des législatives anticipées ». Pour l’heure, les femmes ne font pas plus de 30% du Parlement.
On prête par conséquent au président de la République,-on lui prête certes beaucoup de choses, trop de choses même,-l’intention d’anticiper les élections pour leur permettre d’occuper leur rang ainsi octroyé. Jusque-là, d’aucuns avaient vu dans sa déclaration de candidature hâtive, un signal pour une présidentielle anticipée. Mais désormais, on pense de plus en plus à des législatives anticipées. Mais, Me Wade qui dispose au Parlement actuel une majorité plus que confortable, prendra-t-il le risque d’essuyer les mêmes frayeurs que celles de mars 2009 aux locales et de voire cette majorité fondre comme neige au soleil face à Benno Sigggil Senegaal dont les rangs s’élargissent chaque jour ? Une telle perspective tempère assurément l’idée d’élections législatives anticipées qu’on lui prête. Mais sait-on jamais avec le vieux politicien ?
Madior Fall
sudonline.sn