La pression internationale est montée lundi pour que la crise en Côte d`Ivoire, déchirée entre deux présidents proclamés, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, soit résolue au plus vite, tandis que l`ONU a annoncé le retrait d`une partie de ses effectifs.
« Du fait de la situation sur le plan sécuritaire », les Nations unies ont
décidé de retirer leur personnel non essentiel, soit 460 personnes, a indiqué
un porte-parole. La mission de l`ONU dans le pays compte plus de 10.000
Casques bleus, policiers et employés civils.
Le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon demeurait « profondément
préoccupé » par la crise.
Autre signe que la tension restait forte: le couvre-feu nocturne qui devait
s`achever ce lundi, tout en étant allégé de quelques heures, a été prolongé
d`une semaine par Laurent Gbagbo.
Interrogé par la radio française Europe 1 sur le fait de savoir s`il était
prêt à « déloger » ce dernier, le Premier ministre d`Alassane Ouattara,
Guillaume Soro, n`a pas exclu une confrontation.
« S`il nous oblige, on n`aura pas d`autre choix », a averti M. Soro, également ministre de la Défense, tout en plaidant pour une issue pacifique.
Alors que l`Union européenne faisait planer la menace de sanctions, la
France a appelé à « une transition ordonnée, sereine et digne ».
Dépêché dimanche par l`Union africaine pour tenter une médiation, l`ex-chef
d`Etat sud-africain Thabo Mbeki a exhorté les dirigeants ivoiriens à faire
« tout leur possible » pour « préserver la paix », après une nouvelle rencontre
avec M. Gbagbo. Il a quitté le pays en fin de journée.
La déchirure s`aggravait entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, qui se
déclarent tous deux présidents et ont chacun nommé un Premier ministre.
Reconduit par M. Ouattara au poste de Premier ministre qu`il occupait
depuis 2007 sous la présidence Gbagbo, M. Soro, leader de l`ex-rébellion des
Forces nouvelles (FN) qui tient le nord depuis le coup d`Etat manqué de 2002,
a réuni lundi son gouvernement.
En l`absence d`Alassane Ouattara, la réunion s`est tenue dans le grand
hôtel où les deux hommes ont établi leurs quartiers, sous la protection de la
mission onusienne et d`éléments FN.
Fort du soutien de la communauté internationale, ONU en tête, qui le
reconnaît comme seul légitime, l`ex-Premier ministre Ouattara n`entend pas
renoncer à la victoire qui lui était promise par les résultats de la
Commission électorale indépendante (CEI), le donnant en tête avec 54,1% des
suffrages.
Mais M. Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, a ensuite été proclamé vainqueur
par un Conseil constitutionnel acquis à sa cause, avec 51,45% des suffrages,
moyennant l`invalidation de votes dans le nord.
Le président sortant a à son tour nommé dimanche soir son Premier ministre,
l`universitaire et économiste Gilbert Marie N`gbo Aké.
La Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) doit tenir
un sommet mardi à Abuja auquel, selon un porte-parole, aucun dirigeant
ivoirien n`a été convié. M. Gbagbo a envoyé des émissaires en tournée dans la
sous-région à la veille de cette rencontre.
Le monde entier redoute un nouveau cycle de violences après des incidents
meurtriers ces derniers jours.
Lundi matin, des jeunes pro-Ouattara ont manifesté dans les rues des
quartiers d`Adjamé, Abobo (nord), Treichville et Koumassi (sud), mettant le
feu à des pneus et érigeant des barricades avant que la police ne les disperse
à l`aide de gaz lacrymogènes.
Seule bonne nouvelle pour les Ivoiriens: les frontières, notamment
aériennes, fermées depuis jeudi par l`armée régulière dans la zone sud qu`elle
contrôle, ont été rouvertes lundi.
A l`étranger, la crise actuelle inspire toujours une « grande inquiétude »,
selon l`expression employée par la Banque mondiale et la Banque africaine de
développement, qui s`interrogeaient sur la poursuite de leur aide.
France Télécom-Orange a décidé de rapatrier lundi et mardi ses salariés
français ou binationaux non indispensables ainsi que leurs familles, soit une
vingtaine de personnes
afp
Les Nations unies ont décidé de retirer leur personnel non essentiel de Côte d`Ivoire, soit 460 personnes, en raison de la tension qui monte du fait de la rivalité entre les deux présidents proclamés Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, a indiqué lundi un porte-parole.
« Du fait de la situation sur le plan sécuritaire en Côte d`Ivoire et en
accord avec les procédures normales de l`ONU, les personnels non-essentiels
seront temporairement stationnés en Gambie », a ajouté Farhan Haq.
Au total, il s`agit de 460 personnes, a-t-il ajouté sans autre précision.
La mission de l`ONU en Côte d`Ivoire dispose de plus de 10.000 casques
bleus, de policiers et d`employés civils.
Vendredi, le secrétaire général des Nations unies avait félicité Alassane
Ouattara pour son élection et demandé à son rival Laurent Gbagbo de
s`incliner. Plusieurs chefs d`Etat ont fait de même depuis.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon « demeure profondément
préoccupé » par la crise en Côte d`Ivoire et a évoqué le sujet avec « de
nombreux dirigeants du monde », avait indiqué lundi son porte-parole.
Il s`est entretenu avec le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, le
président du Nigeria Goodluck Jonathan, le président du Malawi Bingu wa
Mutharika, président de l`Union africaine, a ajouté Martin Nesirky.
M. Ban s`est également entretenu avec Jean Ping, président de la Commission
de l`Union africaine, et avec l`ancien président sud-africain Thabo Mbeki qui
se trouve actuellement en Côte d`Ivoire pour une difficile mission de
médiation.
La pression internationale montait lundi pour que la crise en Côte d`Ivoire
soit résolue au plus vite tandis que les incidents se multipliaient à Abidjan.
afp