Au Sénégal, il y’a le thé, le riz au poisson et…les rumeurs, c’est à dire des inventions sans significations réelles pour assaisonner des discussions. Et, une fois le plat servit, le dessert prend des élans de « Sénégal Dougnou soss, dagnouye yokk » (Au Sénégal, la tendance est à l’exagération et non au mensonge). Une philosophie venant on ne sait d’où, mais servant de boucliers à ceux qui forgent les rumeurs. C’est qu’au pays des rumeurs, les menteurs sont rois.
Il est clair que, dans une société moralement polluée, les histoires fabriquées de toutes pièces deviennent les sports favoris de ceux là qui n’ont rien à faire. Un peu comme cette illustration d’un grand de la pensée de l’islam au Sénégal : » Ils sont comme dans une salle d’attente où ils n’attendent rien « . Et justement, le fait de ne rien attendre crée un vide, et par dessus tout une tendance à remplacer les projets de société par des palabres.
il y’a pire : les envieux qui veulent à tout prix étouffer la volonté, exacerbée à leurs yeux, de leurs pairs.On dit d’Adja, puisqu’elle travaille la nuit et rentre tard, qu’elle est dans des choses « assez louches ». La même Anta qui est à l’origine de cette rumeur ne sait pas qu’elle aussi est traitée, sur son dos, de porteuse de « prêts-à-preter », et n’achète donc pas ses vêtements dans la boutique prêt-à-porter de Waly comme elle l’insinue. Waly, lui, dit depuis toujours qu’Assane, le jeune du coin partit en Italie, est devenu un drogué. Et ainsi de suite…
» L’ opinion publique n’existe pas pour moi, car je me suis crée une loi au dessus des lois sociales », écrit Serigne Cheikh Tidiane Sy, l’un des hommes les plus imbus de la profonde psychologie sénégalaise. Mieux vaut ne pas compter sur cette opinion publique sénégalaise qui préfère les supputations aux réflexions, les fortes gueules aux grands esprits, les ignobles perturbateurs aux pionniers, les faiseurs de buzz aux leaders d’opinion, les ténors aux esprits butés, les dispensateurs d’injures aux leaders avisés, les marchands de foi aux guides religieux exemplaires, les businessmans avides aux entrepreneurs ambitieux, les journalistes cultivés aux crieurs publics désorientés…on peut en dire autant sur le compte de cette opinion publique !
De toute façon, c’est cette même opinion publique qui avait exigé l’emprisonnement d’un Karim Wade pour ensuite trouver cela anormale, traité le père de ce dernier de lâche pour ensuite le faire revenir au bercail et l’accueillir en grandes pompes, accusé Serigne Cheikh Tidiane Sy de vouloir « idéaliser la société musulmane sénégalaise » pour ensuite le hisser au rang de missionnaire qui « a déjà tout dit »…il a fallut qu’un Koukande divertisse l’opinion publique pour que plus rien ne devienne sérieux. A quand un prochain, dénommé Dakanedei, pour nous promettre de décrocher la lune ou de procéder à l’extinction du soleil ?
Un jeune artiste rappeur me confie : « Ces sénégalais là n’ont peur que de deux personnages: Meuwti, parce qu’il mène à la mort, et Adamo, parce qu’il tue toute dignité chez l’individu aux yeux des autres. » Un autre, habitant Dakar et ayant vécu une trahison atroce, m’avoue ne même plus vouloir parler la langue wolof : » Le wolof est une langue d’escroc. Il est basé sur des suppositions. C’est après avoir fait exprès de vous faire du mal qu’ils vous diront « fogoone na », « dama yakaroone », « deifei woone na »…
Maam Cheikh
Coach en Développement Personnel
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Trés pertinent… big up sama chroniqueur préféré…