A la mort du jeune Malick Bâ, les jeunes manifestants ont indexé la gendarmerie nationale. Mais des voix s’élèvent pour trouver mieux. Selon certains manifestants, il n’y a aucun doute, l’ordre de tirer provient du sous-préfet qui a même fait arrêter le secrétaire administratif du conseil rural.
Les choses deviennent plus en claires dans le meurtre du jeune Malick Bâ. Les langues se délient et les supputations vont bon train du côté des manifestants. Depuis trois jours, diverses informations sur les causes et circonstances de la mort du jeune homme sont livrées au compte-gouttes par les manifestants. Il était 8 h quand les jeunes protestataires quittent leurs maisons pour se diriger vers le Cem de Sangalkam d’abord, ensuite les écoles primaires. Jusque-là, il n’y a pas de problème. Les quelques gendarmes étaient dans leur brigade sans intervenir.
Puis, la foule décide de regagner la communauté rurale. ’L’objectif était de déloger le président de la délégation spéciale. D’autres camarades qui étaient employés dans l’institution, étaient dans l’enceinte du siège de la communauté rurale. A mesure que nous approchions de la route nationale, la gendarmerie est sortie pour nous en empêcher. D’abord, le commandant vient à notre rencontre pour nous dissuader de continuer notre avancée. Alors que nous n’obtempérons pas, les gendarmes commencent alors la violence’, explique un manifestant. Selon les jeunes, les gendarmes tirent des grenades lacrymogènes pour disperser la masse. Sans bouger de la route principale, la guérilla se poursuit. Les jeunes, munis de pierres, ripostent. La gendarmerie, ayant épuisé ses grenades, passe aux tirs de sommation, mais en l’air. Plusieurs coups de feu ont alors été tirés en l’air et pendant un bon moment. Mais, cela n’a pas affaibli l’ardeur des jeunes qui voulaient en découdre avec les gendarmes qui les empêchaient de joindre le siège de la communauté rurale.
Un groupe tente de faire le tour pour se joindre à la petite assemblée qui s’agite près de la préfecture. C’est alors que le sous-préfet Ibou Diop qui a suivi la scène, posté dans son bureau, a rappelé le commandant de brigade pour lui donner des instructions. ’Nous l’avons entendu dire des noms. Il disait au commandant d’appeler des renforts et d’arrêter notre progression par tous les moyens’, selon eux. ‘Arrêtez Mamadou Diop, c’est le cerveau de la bande’, a-t-il ordonné. ‘Il a hurlé d’autres noms tels que Ndiassé qui est aussi un commis d’administration ou Baben, un garde du corps d’Oumar Guèye’, raconte un autre jeune. C’est ainsi selon eux, que les gendarmes sont devenus beaucoup plus brutaux et déchaînés dans leurs comportements. ‘Ils prennent position sur la route et mettent sur l’épaule leur arme. Le commandant qui s’est replié un peu plus en arrière, était de la partie. Des détonations sont entendues et nous avons fui dans tous les sens. C’est en courant qu’un des nôtre est tombé’, témoignent les jeunes.
Najib SAGNA
walf.sn