« L’Union européenne tourne le dos aux migrants et réfugiés », s’indigne Amnesty International dans un nouveau rapport, alors que les ministres de l’Intérieur européens se rencontrent ce jeudi à Tallinn (Estonie) pour évoquer la situation de l’Italie, débordée par les arrivées incessantes de migrants sur ses côtes à partir de la Libye.
Intitulé « L’échec des politiques européennes en Méditerranée centrale », le rapport pointe les accords qualifiés de « cyniques » entre l’Union européenne (UE) et la Libye.
« En cédant la majeure partie de la responsabilité des opérations de recherche et de secours à des ONG et en renforçant la coopération avec les garde-côtes libyens, les gouvernements européens ne préviennent pas les noyades et ferment les yeux sur les violations des droits humains, tortures et viols », dénonce l’ONG.
Les ministres l’Intérieur européens doivent discuter ce jeudi du plan d’action présenté par la Commission européenne pour aider l’Italie à gérer l’afflux de migrants. L’exécutif européen y demande notamment de « soutenir la création, en Libye, d’un centre de coordination et de sauvetage maritime entièrement opérationnel » et d’aider ce pays à renforcer les contrôles à sa frontière méridionale.
Les interceptions de migrants par les garde-côtes libyens ne respectent toutefois pas les protocoles élémentaires de sécurité, affirme Amnesty. Un rapport de l’Onu, publié au mois de juin, signalait également que certains garde-côtes étaient directement impliqués par l’usage d’armes à feu dans le naufrage de bateaux de migrants.
« La coopération entre l’UE et les garde-côtes libyens n’englobe aucun mécanisme ou système adéquat d’obligation de rendre des comptes afin de surveiller leur conduite et leur comportement », regrette Amnesty. En outre, « les personnes secourues par les garde-côtes sont renvoyées en Libye, où elles sont régulièrement placées en détention et torturées, et où il n’existe ni droit d’asile ni système d’asile. Les personnes prises au piège en Libye sont exposées à des violations des droits humains – homicide, torture, viol, enlèvement, travail forcé et détention illimitée et arbitraire dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes ».
« Si le deuxième semestre 2017 est à l’image du premier et qu’aucune disposition d’urgence n’est prise, 2017 est en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour la route migratoire traversant la Méditerranée », avertit le directeur pour l’Europe d’Amnesty International, John Dalhuisen. Pour lui, « le seul moyen durable et humain de réduire le nombre de migrants et de réfugiés risquant leur vie dans ces terribles traversées est d’ouvrir des voies sûres et légales pour rejoindre l’Europe ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 100.000 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier en Europe en traversant la Méditerranée. Plus de 2.200 d’entre eux sont décédés ou portés disparus alors qu’ils tentaient de rejoindre le Vieux Continent.