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L’Union africaine dénonce la « chasse raciale » opérée par la Cour pénale internationale

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Le président de l’Union africaine (UA) a accusé lundi 27 mai à Addis-Abeba la Cour pénale internationale (CPI) de mener « une sorte de chasse raciale » contre les Africains, à l’issue d’un Sommet de l’organisation.
« La CPI doit bien voir qu’elle ne devrait pas pourchasser des Africains », a déclaré le premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’UA. Il a assuré que « les dirigeants africains ne comprennent pas les poursuites contre » le président kényan Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto, inculpés depuis janvier 2012 de crimes contre l’humanité.

MM. Kenyatta et Ruto, élus respectivement en mars président et vice-président du Kenya sur un ticket commun, sont poursuivis par la CPI pour leur rôle présumé dans l’organisation des terribles violences ayant suivi le précédent scrutin présidentiel de décembre 2007 au Kenya, durant lequel ils appartenaient à deux camps différents.

Ces violences s’étaient rapidement muées en affrontements entre communautés, accompagnés de meurtres brutaux, viols et mutilations, faisant plus de 1 000 morts et des centaines de milliers de déplacés en quelques semaines. Le procès de M. Kenyatta doit s’ouvrir le 9 juillet à La Haye, siège de la CPI. L’ouverture de celui de William Ruto a été reportée début mai.

DEPUIS SA CRÉATION, LA CPI N’A INCULPÉ QUE DES AFRICAINS

Le Sommet de l’UA a adopté lundi « par consensus » une résolution demandant la clôture de la procédure kényane devant la CPI et son renvoi devant les juridictions kényanes. La CPI avait autorisé en 2010 son procureur à engager des poursuites en raison de « l’inaction des autorités kényanes » dans l’établissement des principales responsabilités de ces violences, mais les chefs d’Etat africains ont mis en avant les réformes de son système judiciaire menées depuis par le Kenya. « Maintenant que le Kenya a réformé sa justice, (…) les choses devraient être laissées aux tribunaux » kényans, a estimé la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma.

La Cour internationale a fait savoir qu’elle « ne réagirait pas aux résolutions de l’UA », un de ses porte-parole soulignant que 43 pays africains avaient signé le Statut de Rome, fondateur de la CPI, et que 34 l’avaient ratifié, « faisant de l’Afrique la région la plus représentée au sein des membres de la Cour ». La résolution de l’UA n’aura aucune force contraignante sur la CPI, indépendante. Seul le Conseil de sécurité de l’ONU, auquel elle est liée par un accord de coopération, peut simplement réclamer une « suspension » des procédures.

Mais la prise de position de l’UA aura un fort impact politique, le continent faisant bloc derrière MM. Kenyatta et Ruto, dont la victoire électorale a mis les capitales occidentales dans l’embarras. Depuis sa création, la CPI a inculpé une trentaine de personnes, tous des Africains, pour des crimes survenus dans huit pays d’Afrique (République démocratique du Congo (RDC), Centrafrique, Ouganda, Soudan (Darfour), Kenya, Libye, Côte d’Ivoire, Mali).

Les enquêtes ouvertes en RDC, Centrafrique, Mali et Ouganda l’ont néanmoins été à la demande des quatre Etats concernés, parties au Statut de Rome. Les affaires concernant le Darfour et la Libye – non signataires – l’ont été à la demande du Conseil de sécurité de l’ONU, tandis que le procureur de la CPI s’est auto-saisi des dossiers kényan et ivoirien.

UNE « FORCE DE RÉACTION RAPIDE » AFRICAINE A ÉTÉ ADOPTÉE

Selon le commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité, Ramtane Lamamra, la résolution sur la CPI a été adoptée « par consensus », sans vote formel. Seuls deux pays ont exprimé des « nuances » durant le débat, la Gambie – pays d’origine de la procureure de la CPI Fatou Bensouda, qui mène les poursuites dans le dossier kényan – et le Botswana.

Le Sommet a par ailleurs décidé lundi la création d’une « force de réaction rapide » africaine, chargée d’intervenir dans les conflits qui continuent de déchirer le continent, alors que l’UA a été critiquée pour son impuissance dans les crises en Libye et Côte d’Ivoire en 2011 et plus récemment au Mali, trois pays où elle a assisté sur la touche à des interventions militaires internationales.

Une telle force serait opérationnelle « immédiatement » grâce aux contributions d’ores et déjà offertes par l’Afrique du Sud, l’Ouganda et l’Ethiopie, a précisé M. Lamamra, ajoutant que cette force « se veut une mesure provisoire en attendant que [le projet de] Force africaine en attente [FAA] soit totalement opérationnel ». La FAA, prévue dans les textes constitutifs de l’UA et censée initialement être opérationnelle fin 2010, ne le sera désormais au mieux qu’en 2015.

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