Au cours du dîner organisé par l’Association des jeunes avocats du Sénégal (Ajas) sur le blanchiment des capitaux, Abdou Latif Coulibaly s’est inscrit en faux contre les professionnels et le premier substitut de la République, chargé du suivi des dossiers de blanchiment qui ont soutenu unanimement qu’il est difficile d’appliquer la loi de 2004 créée dans ce sens.
« On ne peut pas partir des difficultés de la loi pour la disqualifier », a rétorqué le journaliste aux professionnels qui ont unanimement soutenu qu’il existe des problèmes d’application de la loi de 2004 sur le blanchiment de capitaux.
Renvoyant les avocats, notaires et banquiers qui ont avancé comme argument, l’obligation de secret professionnel, au risque de perdre leurs clients, le journaliste dira : « on ne peut pas se contenter de dire qu’on va perdre nos clients car il ne s’agit pas de protéger le confort d’un avocat ou d’un notaire mais, c’est notre pays qui est en jeu ».
En somme aux yeux de M. Coulibaly, la lutte contre le blanchiment est question de volonté politique. « S’il y a une volonté de faire, on y arrive », assène le journaliste. Il pense que : « autant les autorités ont la volonté de lutter contre le banditisme, autant cela doit se faire pour le blanchiment » qui affecte l’économie sénégalaise.
Poursuivant, il ajoute : « On ne peut pas développer une panoplie de difficultés sauf que, si le blanchiment devient un moyen de politique économique impliquant les plus hautes sphères de l’Etat ». « Cela pose un problème et devient extrêmement grave », fulmine M. Coulibaly qui fait remarquer que le blanchiment a pris possession des secteurs les plus importants de l’économie sénégalaise, à savoir le secteur minier ».
S’agissant de l’argument avancé par le premier substitut du procureur chargé du suivi des dossiers de blanchiment qui a soulevé l’insuffisance des rapports de la Centif, le journaliste indique qu’il appartient au juge démontrer l’origine criminelle de l’argent blanchi. « Il y a comme une conspiration du silence entre toutes les institutions chargées de lutter contre le blanchiment », soutient-il avant d’insister sur la nécessité de sensibilisation à l’endroit des populations ainsi que sur la volonté politique.
« Il faut que les vrais délinquants soient réprimés car ils sont en train de capturer l’Etat et de le mettre au service d’un clan et pour des intérêts privés », déclare Abdou Latif Coulibaly qui tout en faisant remarquer qu’il y a des crimes en amont du blanchiment ( les détournements de fonds, les commissions …), lance à l’endroit des participants : « dans le combat d’un peuple, il faut qu’il y ait des sacrifices »
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