XALIMANEWS- Dans les années 90, la chloroquine était un médicament familier des Sénégalais. Elle était à la base de la nivaquine, utilisée dans beaucoup de foyers pour traiter le paludisme en période d’hivernage. Oubliée, retirée de la vente, dans de nombreux pays, cette vieille molécule connait une seconde jeunesse avec le déclenchement de la pandémie du coronavirus.
Un homme, précisément, est derrière ce retour en grâce de la chloroquine : le Pr Didier Raoult, Directeur de l’Institut Hospitalo Universitaire Méditerranée à Marseille, qui est persuadé qu’elle constitue le remède miracle pour endiguer le fléau. Considéré comme un virologue de génie, par ses partisans, et dépeint comme un franc-tireur par ses partisans, le Pr Raoult estime que sur 24 patients traités à l’IHU Méditerranée Infection avec de l’hydroxychloroquine, 75% présentaient une charge virale négative au bout de six jours. En résumé, le virus disparait, et le patient n’est plus contagieux. En comparaison, il révèle que 90% des patients traités sans chloroquine, à Nice et Avignon, seraient encore contagieux au bout de cette même période.
Ces résultats pour le moins spectaculaires lui ont valu une ruée des patients atteints de covid-19 vers sa clinique et une reconnaissance internationale puisque Donald Trump, Président des Etats-Unis, et le milliardaire américain Elon Musk se sont enthousiasmés pour sa découverte. L’ancienne ministre de la Santé du Sénégal, Awa Marie Coll Seck, a pour sa part esitimé que cette piste mérite d’être prise en compte : « Je ne peux pas dire que la Chloroquine est un remède contre le Covid-19. Mais, le professeur qui l’a présenté est assez outillé pour le dire. Je pense qu’il a de l’expérience et il faut prendre au sérieux ce qu’il dit. C’est une piste sérieuse »
Toutefois, la « découverte miracle » du Pr Raoult n’a pas l’assentiment de l’ensemble de la communauté scientifique. Le Pr Daouda Ndiaye, chef du service de Parasitologie de l’Hôpital Dantec, invite à la prudence : « La chloroquine n’est pas un médicament utilisé pour la prévention et on n’a pas prouvé de façon claire que la chloroquine peut tuer le virus. On le connaît très bien comme un antipaludique qui était là, mais qui, à un moment donné, a perdu son efficacité pour les problèmes de mutations génétiques du parasite. Des essais cliniques probants sont en train d’être faits en complémentarité de ce qui a été fait en Chine. Mais que les gens soient très, très prudents quant au futur de cette chloroquine par rapport à ce coronavirus. Parce que jusqu’à présent, on ne sait pas.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également condamné l’usage de la chloroquine sans tests cliniques aboutis.
Hier, un sexagénaire américain est décédé après avoir pris de la chloroquine, et son épouse hospitalisée.
De quoi entretenir la controverse scientifique…