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Lutte – Tonnerre après sa victoire sur Yékini Junior : «Ce que j’ai dit à Yakhya Diop Yékini»

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Les coups de poing assimilés à des coups de foudre lui ont valu d’être surnommé Tonnerre. Il a justifié ce sobriquet en administrant un Ko retentissant à Yékini Junior, dimanche à Demba Diop. Nous sommes allés hier à la rencontre du détenteur du Drapeau Bercy que nous avons surpris à son domicile familiale, niché à Yeumbeul, enivré qu’il est d’un bain de foule, enrobé dans le rythme des tam-tams, et chantant à son honneur.

Les coups de poing assimilés à des coups de foudre lui ont valu d’être surnommé Tonnerre. Il a justifié ce sobriquet en administrant un Ko retentissant à Yékini Junior, dimanche à Demba Diop. Nous sommes allés hier à la rencontre du détenteur du Drapeau Bercy que nous avons surpris à son domicile familiale, niché à Yeumbeul, enivré qu’il est d’un bain de foule, enrobé dans le rythme des tam-tams, et chantant à son honneur. Agé de 25 ans avec ses 90 kg de muscle, Tonnerre ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. Le sociétaire de Pikine Mbollo vise loin ; et pourquoi pas mettre fin demain à l’invincibilité du «Roi des arènes». Mais là, il compte pour le moment cacher son jeu, pour ne pas dire son… secret.

Recueillis par Amadou MBODJI – lequotidien.sn

Tonnerre, votre combat contre Yékini Junior a été marqué par une violente bagarre. Pourquoi ?
Il faut dire que c’est Yékini Junior qui a déclenché la bagarre. C’est lui qui a ouvert les hostilités en me lançant un coup que j’ai esquivé. Son staff lui avait certainement conseillé de se bagarrer avec moi pour me saisir et me battre. Mais c’était sans compter avec mon encadrement qui m’a demandé de rester serein et vigilant. Ils m’ont dit que si j’arrive à garder ma sérénité, il n’y a aucun lutteur qui pourra m’inquiéter. On parle de lutte avec frappe donc forcément il faut prévoir la bagarre. En fait, on peut privilégier la lutte ou la boxe selon les circonstances. Il était dit que j’allais sortir vainqueur du combat par la boxe.
Revenons sur les circonstances qui ont conduit au Ko de Yékini Junior

Lorsque j’ai enchaîné les coups, j’ai senti que Yékini Junior était Ko. Il n’avait plus le contrôle de ses appuis. Vous avez dû vous rendre compte qu’il a même perdu l’équilibre avant de se relever. Cela s’est passé au cours de notre premier accrochage durant lequel nous avions échangé des coups. Le sentant déséquilibré, je me suis dit qu’il fallait que je continue à faire pleuvoir mes coups sur lui pour le mettre à terre. Ce à quoi je suis parvenu en l’envoyant un coup à la mâchoire qui lui a été fatale. Et c’est là qu’il s’est laissé tomber comme une feuille morte.
Oui, mais les puristes n’ont pas dû apprécier, car on a eu droit à un vrai combat de rue…
Non, ce n’est pas à un combat de rue que je me suis livré. J’avais la maîtrise de ce que je faisais. A l’écurie Pikine Mbollo, on nous apprend à lutter et à boxer. C’est vrai que les coups pleuvaient sur le visage de mon adversaire. Mais c’était normal car il n’avait pas une bonne garde.
Vous avez déjoué les pronostics car pour certains, vous aviez un statut d’outsider.
C’est vrai que certains ne vendaient pas chère ma peau. Parce que croyant que Yékini Junior, qu’ils voyaient  plus costaud que moi, n’allait faire de moi qu’une bouchée. Mais en mon âme et conscience je savais que mon adversaire n’avait pas plus d’arguments à faire valoir que moi sur le plan de la force physique. On croyait que j’allais laisser des plumes dans ce combat en référence à mon adversaire que d’aucun voyaient plus balèze que moi sur le plan de la force musculaire. On connaît la suite. Ce n’est pas parce qu’on a une petite taille et moins bien bâti sur le plan physique, qu’on n’a pas de chance de jouir des fruits de la lutte.
Justement, d’aucuns ont aussi pensé que votre taille allait être un handicap
Pour vous dire vrai, j’aurais même des soucis à me faire si par extraordinaire ma taille augmentait de quelques centimètres (rire). Vrai-ment, je n’ai pas d’handicap avec ma taille actuelle. Un lutteur n’a pas besoin d’être grand ou petit. La différence se situe dans le travail. Je n’ai montré que ce que j’ai travaillé au cours de la préparation de ce combat. J’avais dit bien avant le combat que j’avais à montrer et à prouver plus que Yékini Junior. La lutte, ce n’est pas investir les salles de musculation à longueur de journée. Le mieux pour un athlète est de s’entraîner pour être au top sur le plan de la condition physique. Il ne faut pas oublier que j’ai lutté avec des adversaires plus grands que moi et ayant plus de rallonge. Je veux citer Elton que j’ai battu.
Au niveau mental, vous n’aviez pas été perturbé avec la promesse du voyage de Bercy, en France, pour le vainqueur ?
Peut-être que je pouvais l’être car je n’ai jamais pris l’avion (rire). Mais je m’étais plus concentré sur mon combat que sur l’invitation du concert de Bercy. Cependant, j’ai été content de voir la présence de Youssou Ndour sur les gradins. Cela m’a réconforté et j’ai été heureux d’être le deuxième lutteur à remporter le Drapeau Bercy après le premier remporté par mon père Manga 2 aux dépens de Toubaboudior. J’étais gamin à ce temps-là, posté devant ma télévision en train de suivre ce combat.  .
Avant le combat, on vous a vu discuter avec Yakhya Diop Yékini, venu soutenir son poulain. De quoi parliez-vous ?
Il y a certains qui, rien qu’à voir un champion de la trempe de Yékini à côté de leur adversaire, sont perturbés avant le combat. Pour transcender cela, j’ai choisi de discuter avec le «Roi des arènes» pour lui montrer que je n’avais aucune pression ni de soucis à me faire. J’ai discuté avec lui, et je l’ai chambré en lui disant que je suis plus fort que son poulain Yékini Junior. Et que j’allais le terrasser. Dans la même foulée, je lui ai dit que la couronne de «Roi des arènes», je la prendrai tôt ou tard de ses mains. Je lui ai dit que la place qu’il occupe me reviendra un jour. Et Yékini de répondre : «Donc aujourd’hui vous allez laisser mon poulain vous battre ?» «Non !» lui ai-je rétorqué en lui promettant de classer son  poulain dans le «Top 5» (une rubrique télévisée des meilleures chutes dans l’arène). C’est déjà fait depuis hier (rire). En clair, j’ai voulu démontrer à Yékini que sa présence ne constituait pas un fardeau sur mes épaules.
Qui sera votre prochain adversaire ?
Je reprends mes entraînements. Je suis à l’écoute de mon encadrement. S’il trouve que je dois croiser un lutteur et qu’il tombe d’accord avec un promoteur, je ne ferais qu’exécuter leur commun vouloir. Je veux encore prouver pour que l’on sache que j’ai ma place dans l’arène.
Et cela passe par qui ?
Cela passe par des combats contre les lutteurs de ma jeune génération pour, après, prétendre croiser les ténors comme le «Roi» Yékini. D’ailleurs parlant de Yékini, je vous révèle que j’ai un secret pour le battre, pour mettre fin à son invincibilité. Ce que je vous dis est très sérieux. Mais je ne compte pas dévoiler ce secret sur la place publique jusqu’à ce que l’opportunité d’en découdre avec lui me soit donnée un jour. C’est une surprise que je réserve à l’arène. Mais je demande qu’on me donne d’abord l’opportunité de croiser le chemin avec les lutteurs de la jeune génération avant d’en découdre avec l’actuel «Roi des arènes». Seul le travail paie. Chacun récolte ce qu’il a semé. Je n’ai peur de rien. Mes cibles sont ceux qui font la pluie et le beau temps de l’arène. Bien que je n’exclus pas une revanche contre Moussa Dioum, le seul lutteur à m’avoir battu. Je prends au sérieux mes entraînements. Le mystique vient après. Je ne fréquente même pas les marabouts. Ce sont les gens de mon encadrement qui s’en occupent. On ne doit pas mettre tout sur le compte des questions mystiques. Seul le travail paie.
Et Modou Lô ? Il paraît que vous l’avez défié…
C’est par la presse que j’ai appris que j’ai défié Modou Lô. Je ne l’ai jamais fait ni cité nommément. Je reste suspendu à la volonté de mon encadrement technique. Il n’y a que les lutteurs de Pikine contre qui je ne lutterai pas, même pour tout l’or du monde.
Qui est Tonnerre ?
J’ai commencé par les mbappates à Yeumbeul. C’est ainsi que mon chef de chantier m’a mis en rapport avec Pape Diop Boston qui m’a intégré à l’écurie Pikine Mbollo en 2006. Après deux victoires consécutives, j’ai décidé de me consacrer à ma carrière de lutteur en laissant ainsi tomber la maçonnerie, la profession que j’exerçais. Je trouvais que c’est un métier très dur, difficile à allier avec la lutte. En fait, c’est dur de s’investir aux entraînements une fois que l’on revienne des chantiers. Je veux bien gérer ma carrière. C’est pourquoi d’ailleurs je ne veux pas me mettre une corde au coup ni draguer les jeunes filles (rire). Parce que je suis surveillé jour et nuit par mon entourage. Je ne suis pas libre de mes mouvements. Je n’ai qu’une compagne : c’est la lutte !

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