mercredi 7 juillet 2010
Les dés sont pratiquement jetés : Wade et Idrissa Seck risquent de ne pas être dans la même alliance politique en 2012. La fusion de Rewmi au sein du Pds n’est pas une réussite. Les pros Idy, attendus dans le dernier gouvernement, ne sont pas finalement entrés. Le risque politique est grand. Wade devra désormais se résoudre à faire face à ses deux anciens Premiers ministres : Macky Sall et Idrissa Seck.
Idy n’y est pas ! Ses proches non plus. Le dernier remaniement ministériel a ce trait d’audace qui ne laisse guère indifférent. Parce qu’annoncé depuis bien des semaines, le nouvel attelage devait servir à donner un visage à la profondeur des retrouvailles Wade-Idy. En plus, l’entrée des pro « Mara », comme l’appellent ses partisans allait renseigner sur la qualité de l’amitié retrouvée entre le chef de l’Etat et son ancien Premier ministre. A 19 mois de février 2012, prochaine échéance de la Présidentielle, Wade résiste encore à Idrissa Seck. Au point de ne guère l’associer au gouvernement. Deux facteurs ont dû le pousser à cet aplomb. D’abord la « quasi-évidence », selon l’opinion, de la chute des « Oranges » au tableau des intentions virtuelles de vote. Ensuite, la pression herculéenne de la Génération du concret sur le Vieux. Voilà deux sentiers communs agités pour donner corps à l’obstination de Wade à bloquer le retour d’Idy et ses proches aux affaires. Mais le pari est risqué ! Car, l’actuel maire de Thiès n’est pas n’importe qui. Quoi qu’on puisse dire de lui. Jugez-en plutôt !
Aux dernières Locales, Rewmi contraint d’aller seul a démontré son hégémonie sur la ville de Thiès. Que de manœuvres pourtant avant le scrutin. Le Pr Moustapha Sourang, discret et plutôt blasé vis-à-vis de la politique se jette dans la contre-offensive à Idy. Le 2è vice-président à l’Assemblée nationale, Abdou Fall fait autant. Tout comme le patron de la mutuelle des volontaires et maîtres contractuels Aboubacry Sarr, converti à la Gc. Tous se sont révélés impuissants, à l’arrivée, face à la déferlante « Orange ». Thiès reste donc toujours collé à Idrissa Seck. Le Sopi l’a appris à ses dépens obligeant Me Wade à poursuivre les « discussions ». L’inauguration de l’usine Senbus, prétexte du déplacement du président de la République à Thiès, ce mercredi 4 novembre 2009, est reléguée au second plan. Au seul profit des retrouvailles scellées entre le secrétaire général national du Pds et son ex-numéro 2. Wade pousse l’audace plus loin en appelant Macky Sall, Jean-Paul Dias, Me Alioune Badara Cissé à retourner au bercail. Mais l’argument le plus sérieux du maire de Thiès est sa position de 2è à la Présidentielle de 2007.
WADE AFFRONTE IDY ET MACKY
Juste après le remaniement du 24 juin dernier, le quotidien L’As a laissé entendre que l’ancien Premier ministre et le chef de l’Etat ne se sont pas entendus sur les portefeuilles offerts aux « rewmistes ». Idrissa Seck aurait opposé à Wade son score à la Présidentielle. A juste raison ! Parce que le scrutin placait Seck devant des ténors tels qu’Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse. A deux reprises donc, Mara a montré que son influence sur l’électorat est loin d’être négligeable. Wade ferme les yeux et continue à croire à son étoile. Et tout laisse croire qu’il s’est fait, à nouveau, convaincre par la Gc dont l’entrée en force dans le dernier gouvernement est manifeste. Visiblement, le pape du Sopi semble se suffire de la Cap 21, de l’Ast et de la brumeuse Gc pour triompher en 2012. Dans son argumentaire électoraliste, les infrastructures seront naturellement convoquées. Et, qu’on ne s’en cache pas, une route comme Kaolack-Tambacounda, un enfer sur lequel est tombé Abdou Latif Guèye sera magnifié. Il en sera de même pour l’éclairage public à Kolda. Dans la capitale du Fouladou, 105 réverbères font de la cité une ville-lumière. Les travaux d’élargissement de l’Avenue Cheikh Anta Diop, en cours, seront, à coup sûr, dans le paquet à offrir aux électeurs.
Mais que vaut tout cela face un déploiement de l’Apr de Macky Sall et un clair-obscur du maire de Thiès en 2012. Ces deux leaders politiques vont inéluctablement affaiblir l’électorat du Sopi. La couleur vient d’être annoncée par le sondage de Moubarak Lô qui place le maire de Fatick devant Wade à Dakar. L’opposition conteste le sondage, mais elle souhaite, à l’instar du jeune maire de Sicap Mermoz Barthélémy Dias, que le président de l’Apr soit candidat. C’est presque clair, d’une part, les Wade, d’autre part, Idy et Macky devraient s’affronter en février 2012. Les deux anciens Premiers ministres, compagnons de Wade aux heures de braise, ont accumulé trop de frustrations, avalé bien des couleuvres pour se passer du bonheur de voir le Sopi s’affaisser. « Laissez-moi manœuvrer ! », avait lancé Mara juste après une rencontre avec Wade. A 19 mois du scrutin, on peut désormais se risquer à dire que les dés sont presque jetés.
Hamidou SAGNA