M. le président de la République, les Sénégalaises et Sénégalais qui souffrent le martyr et endurent les affres d’une crise multidimensionnelle hypothéquant leur avenir se demandent ce que vous faites de votre mandat. A quoi vous occupez-vous tous les jours au regard des efforts consentis à votre irrépressible désir d’enrichissement. Vos compatriotes se demandent, en effet, s’il vous reste un seul moment à consacrer à la recherche de solution à leurs problèmes. Ils ont le sentiment que vous travaillez, sans relâche, à vous accomplir et à tout moment de votre vie publique. M. le président de la République, chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais, en son for intérieur, doutent sérieusement de la légitimité de votre nouvelle acquisition. Ils interrogent sa moralité, tant elle est choquante et intrigante. Choquante, car elle met en évidence le manque de jugement d’un chef supérieur et dévoile le rapport fébrile et cupide qu’il entretient avec le bien matériel. Tous les Sénégalais, qui qu’ils soient, attendent du chef de l’Etat une attitude de haute portée morale et un comportement irréprochable.
M. le président de la République, face à l’achat de votre terrain, les plus indulgents d’entre nous, pour apaiser leur inquiétude et soulager leur désarroi, expliquent que vous avez sûrement utilisé les fonds politiques dont vous avez la garde légale. Ainsi, peuvent-ils considérer que l’essentiel est sauf car, à leurs yeux, il n’y aurait rien d’illégal dans l’achat que vous avez réalisé. Nous croyons sincèrement qu’ils ont tort d’avoir un tel raisonnement.
M. le président de la République, vous en conviendrez avec nous, l’institution des fonds politiques dont vous avez la garde légale doit procéder de l’exercice plein et entier d’un acte de souveraineté destiné à assurer le fonctionnement optimal et régulier des institutions de la République et à en assurer la permanence et la sécurité. Une telle utilisation soulève la problématique de l’exercice du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, certes, mais elle ne peut jamais se faire à des fins personnelles, sans tenir compte de la morale républicaine et du jugement d’opportunité mettant toujours en avant l’intérêt général des citoyens.
M. le président de la République, juriste émérite, politique doté d’une expérience à nulle autre pareille, vous n’aurez aucune peine à vous mettre d’accord avec nous, pour reconnaître que l’achat personnel d’une parcelle qui tombe dans votre patrimoine familial, alors que vous exercez la fonction de chef de l’Etat, heurte la morale et, est à porte à faux avec l’intérêt général. C’est la raison pour laquelle l’argument consistant à faire croire que vous justifiez l’origine licite des ressources ayant servi à votre achat et qui s’en réfère à l’utilisation des fonds politiques est disqualifié. Vos revenus connus et prévus par des dispositions légales de ce pays ne vous permettent absolument pas de faire une telle acquisition.
M. le président de la République, permettez nous de rappeler un point d’histoire. Léopold Sédar Senghor et son ancien Premier ministre, Abdou Diouf, d’un commun accord, avaient convenu qu’il était nécessaire de solder un prêt bancaire d’un montant de 300 millions FCFA consenti à Diouf pour acheter une villa au centre ville de Dakar. Il fallait immédiatement le faire quand la presse de l’époque avait annoncé que l’ancien Premier ministre avait acquis une maison à 300 millions FCFA, en insinuant que les sommes investies dans la transaction avaient une origine illicite. Abdou Diouf intenta un procès au journaliste Boubacar Diop pour diffusion de fausses nouvelles. Au cours du procès, le défunt avocat, Me Babacar Sèye, qui défendait la cause d’Abdou Diouf a révélé que l’achat a été rendu possible par un prêt bancaire régulier. Il n’empêche, après la victoire de Diouf devant le tribunal, la villa fut immédiatement vendue et le prêt bancaire immédiatement remboursé. Le président Léopold Sédar Senghor confie à des proches, plus tard : « Dans le contexte actuel, le Premier ministre qui obtient un prêt bancaire équivalent à ce montant laisse penser qu’une erreur de jugement a pu être commise. Nous sommes à la limite de la morale et de l’éthique ». M. le président de la République, la comparaison établie est pertinente à tout égard car elle permet de mettre davantage en lumière votre erreur de jugement. Une telle comparaison pose les limites qui doivent s’imposer aux dirigeants de l’Etat dans la conduite des affaires publiques en ce qui concerne surtout leur envie et désir de s’enrichir personnellement.
M. le président de la République, nous sommes persuadés que vous ne prêterez aucune attention à ce que nous disons et écrivons à propos de votre achat. Pourtant cette information et la réception qu’en fera l’opinion pourraient s’avérer décisive dans la manière et la façon pour les historiens d’écrire pour la postérité votre bilan politique global. C’est l’essentiel pour nous. Tout dans cette affaire bafoue la morale et l’éthique, contrevient surtout aux lois et règlements qui définissent et répriment le délit de blanchiment d’argent. Le compte qui a reçu les espèces sonnantes et trébuchantes que vous avez payées à votre vendeur est étroitement surveillé par l’organe compétent de lutte contre le blanchiment. C’est terrifiant que le nom du chef de l’Etat puisse être associé d’une manière ou d’une autre à une enquête sur un éventuel délit de blanchiment d’argent. C’est pourtant bien le cas dans cette affaire. Le document de la notaire qui atteste que c’est vous qui avez remis l’argent liquide à votre vendeur est considéré comme un acte de complaisance par tous les experts qui l’ont étudié. Ces derniers pensent que cet acte ne peut en aucune façon justifier les dépôts opérés. Tous clouent au pilori la dépravation morale consécutive à cette boulimie mettant à nu la cupidité de nos dirigeants et leur goût prononcé pour le lucre et pour l’enrichissement facile.
Abdou Latif COULIBALY, lagazette.sn
comme tu l’as si bien dit ,cette lettre le laissera de marbre mais l’histoire retiendra comme le dit uncomedien de la place.SANS risque de me tromper WADE est le pire des presidents que notre pays aura promis et le plus grand regret de tous les SENEGALAIS qui l’avaient votès en 2000.MAIS faisons en sorte qu’apres WADE ET SES VAUTOURS que justice sera faite et rien ne sera plus comme avant.