Macky évite de justesse un soulèvement populaire. (Par Bathie Ngoye Thiam)

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Ce n’est peut-être que pure coïncidence, mais force est de constater que Macron et  Macky ont apparemment la même vision et tiennent les mêmes discours. Cependant, les réalités de leurs pays ne sont pas du tout les mêmes.

Après avoir inconsciemment ou délibérément laissé le coronavirus se propager en France, Macron a déclaré que son pays est en guerre. Il n’a pas entraîné grand monde dans son sillage. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier qui ne s’exprime que rarement, a trouvé nécessaire de déclarer dans une allocution télévisée : « Non, cette pandémie n’est pas une guerre. Les nations ne s’opposent pas à d’autres nations, les soldats à d’autres soldats. C’est un test de notre humanité. » Mais bon, le Sénégal aussi est en guerre. Cela permet au président de la République, qui est le chef des armées, de s’octroyer tous les pouvoirs pour défendre la Nation. Il prend par ordonnance toute mesure qu’il trouve adéquate.

Au début, il a remarquablement rallié le peuple à sa cause, dans l’intérêt de tous. Il faut le reconnaître. Même ses adversaires politiques ont répondu à son appel. Tous derrière lui. Il a tardé à fermer les aéroports, on le regrette, mais ça passe. Il refuse de faire revenir ses quelques compatriotes bloqués en Chine, tout en laissant des Français quitter le Sénégal pour rentrer dans leur pays, ça passe. Il ferme les écoles, les marchés, les lieux de culte, etc., ça passe. Pas de rassemblement, on accepte. Etat d’urgence et couvre-feu, on accepte. Il interdit le rapatriement des corps des Sénégalais morts à l’étranger, cette mesure injustifiable fait grincer des dents, mais ça passe…

Tout a mal tourné quand le peuple qui s’attendait à une protection s’est senti dans la peau de l’ennemi à neutraliser, la bête à abattre. Dès 20 heures, ouverture de la chasse à l’homme ! Les trompes sonnent, les chevaux partent au galop, les canidés sont lâchés. Le cœur meurtri, on regarde les images de nos pauvres parents sauvagement fouettés alors que bon nombre d’entre eux n’ont simplement pas pu s’évader à temps, faute de transport. 

Pendant ce temps, on apprend que la fille d’un milliardaire s’est déplacée tranquillement, en plein couvre-feu, escortée par un policier, pour se rendre à une fête. Le Sénégal d’en bas et celui d’en haut… Et puis, pourquoi s’en prendre aux centaines de personnes qui sortent la nuit et laisser des millions circuler dans la journée ? Cette mesure serait compréhensible si le virus ne se transmettait que la nuit. Est-ce le cas ? On ne peut pas suivre la France jusqu’au bout. Là-bas, ils ont les moyens d’imposer le confinement général et ils l’ont fait. Mais pas un confinement de Tisbaar à Tákusaan ou que sais-je encore. De plus, Macky lui-même n’est pas un champion quand il s’agit de respecter les règles. N’est-ce pas lui qui a invité des leaders politiques au palais et s’est permis de serrer la main à l’un d’eux, sans gants et sans masque ? N’est-ce pas lui qui est entré dans l’enceinte de la mosquée de Touba en refusant d’enlever ses chaussures ? N’est-ce pas lui qui, abusant de son statut, a voté sans pièce d’identité ? A-t-il été bastonné par les forces de l’ordre ? 

L’exaspération se répand plus vite que le virus. On ne peut pas demander aux citoyens d’applaudir les agents qui brutalisent leurs papas et leurs mamans sous leurs yeux. Les bastonnades ne se passent pas que dans les rues. Les flics entrent aussi dans des maisons et s’en prennent à quiconque s’y trouve. Les images ont fait le tour du globe. Les mosquées aussi sont sous surveillance. La plupart des imans ont par sagesse ou à contrecœur accepté leur fermeture. D’autres refusent parce qu’ayant d’autres convictions. Ils sont alors arrêtés en plein sermon, les fidèles dispersés sans ménagement. Même des gens priant ensemble dans leur maison sont malmenés. Naturellement, certains perçoivent tout cela comme une guerre contre leurs pratiques religieuses. Et Macky ne calme pas les esprits en annonçant la réouverture des écoles (tubaab) pour le 02 juin, mais pas celle des mosquées.

En France, le catholicisme fut la principale religion. Puis, la laïcité (tout sauf Dieu), cette arme redoutable de la franc-maçonnerie, l’a remplacé par l’athéisme. Aujourd’hui, c’est presque une honte de dire qu’on croit en Dieu. Que les églises soient ouvertes ou fermées, peu de gens s’en rendent comptent. Par contre, fermer les mosquées au Sénégal, surtout en début de Ramadan, a un tout autre impact. Un vent de révolte souffle sur Médina Gounass et Léona Niassène où l’iman exprime sa colère après sa convocation au commissariat central de Kaolack : « Nous allons prier à la mosquée et nous attendons les policiers de pied ferme. » C’est l’effervescence un peu partout. 

Macky, ex-maoïste, sait qu’un peuple opprimé finit par se révolter. De petites émeutes se pointent çà et là. On n’allait pas vers un nouveau « 23 juin », mais vers une nouvelle bataille de Badr. Les policiers, gendarmes et militaires, quelle que soit leur soumission aux ordres, pourraient-ils tirer sur leurs pères, mères, frères et sœurs pour défendre la dynastie Faye-Sall ? Le chef des armées ne pouvait que battre en retraite. Tout est désormais permis. Viva, Corona ! La voie est libre !

Là-dessus arrive Aly Ngouille Ndiaye, le chef des forces de répression, qui fixe à 13 le nombre de personnes pouvant prier dans une mosquée. Il déclare : « Dans le rite de l’imam Malick, un nombre minimal de 12 musulmans en dehors de l’imam est une des conditions pour que la prière du vendredi puisse être acceptée. Je pense qu’on ne va pas dépasser ce nombre parce qu’il faut que les mesures barrières soient respectées. » Quelle mouche l’a encore piqué, celui-là ? Le voilà devenu oustaz ! Si la distance réglementaire entre individus est d’un mètre, le ministre semble croire que toutes les mosquées n’ont que 25 mètres carrés de superficie. Nous lui conseillons d’écouter les consignes de Serigne Mountakha Mbacké. Heureusement qu’il ne s’est pas hasardé à dire combien de fidèles doivent assister à la messe… Ah !… Aux dernières nouvelles, il aurait revu ses calculs. Dieu merci ! 

Macky lui, s’est contenté de répéter cette phrase de Macron : « Nous devons désormais apprendre à vivre avec le virus… » Pour ses détracteurs, cela signifie : « C’est le sauve-qui-peut. Moi, je sauve mon pouvoir. Vous autres, sauvez vos vies. »

Bathie Ngoye Thiam

8 Commentaires

  1. Tu passes complètement à côté de la plaque Bathie ! Il n’y a aucun pays au monde qui a maitrisé à 100% la gestion de cette crise ! Donc soit objectif et surtout pas d’hypocrisie ou de victimisation ! Car tu sais très bien que notre principal problème dans ce pays ce n’est ni une décision gouvernementale volontariste ni un manque de sensibilisation. Notre principal problème c’est notre indiscipline naturelle, notre nafèkhe collectif, notre paresseux je-m’en-foutisme individuel et notre grave ignorance des recommandations de l’islam en tant que musulmans dont profitent évidemment certaines confréries. Tout ce que tu devais faire (comme tu penses écrire bien), c’est d’aider tes compatriotes à adopter enfin des comportements responsables et civiques comme ça se voit tous les jours en Europe, en Asie, en Amérique ou ailleurs dans le monde. Les nouvelles décisions de Macky c’est pour simplement nous mettre par force devant nos responsabilités.

  2. Oooohhh Lemzo. Pourquoi Es-tu agressif avec Bathie, Grand Bathie devrai-je dire?

    A-t-il tort dans ce qu’il ecrit? Je dirai que non. Sans t’en rendre Compte, tu le reconfortes dans plusieurs des points de son texte. So Relis le et Relis-toi ,De maniere sereine.

  3. Le grand Dr. Bath Ngoy Thiam, professeur de littérature Américaine au département d’Anglais à l’université de Cheikh Anta Diop de Dakar.
    Tu as tout dit Professeur.

  4. LEMZO EST LE PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DES RÉPONDEURS CORROMPUS, UNIVERSELS ET AUTOMATIQUES.
    IL DÉFEND SON MAFFET DANS DES CONTRIBUTIONS HYPOCRITES ET MACHIAVÉLIQUES.
    IL PARAIT QU’IL EST MINISTRE CONSEILLER SANS BUREAU, SANS SECRÉTAIRE, AVEC UN SIMPLE ORDINATEUR POUR DÉFENDRE L’INDÉFENDABLE.

  5. Non Lemzo, notre principe problème, c’est cette gouvernance mafieuse, indigne et inhumaine, faite de corruption exponentielle d’état, de justice politisée contre les opposants, d’impunité garantie pour les voleurs de milliards tous du clan présidentiel, ce sont ces détournements des derniers publics, les surfacturations, les grès à grès mafieux,….
    Je sais que vous le savez très très bien comme tout le monde, mais vous y trouvez votre compte..

    • De toutes les façons il a bien fait
      Comme au Sénégal il y a des hommes qui savent tout faire on verra
      Macky nous saluons ton intelligence et ton courage
      Aux diables ces intellos constipés, et politiciens

  6. Lemzo demande d’aider les compatriotes à avoir des comportements civiques et responsables: je lui suggère de commencer par notre président macky sall.

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