La principale motivation du gouvernement de Macky Sall est de limiter la capacité de nuisance du PDS et associés. Cette opposition cherche coûte que coûte à recouvrer une posture d’interlocuteur craint et fort ; il y va de sa survie. Étrange que les deux camps se servent de règles de droit pour couvrir leurs intrigues d’arrivistes. Encore plus étrange est leur capacité à masquer l’imposture face au commun des sénégalais. L’habituel scénario se déroule aux dépens des couches populaires qui s’abandonnent inlassablement à ce jeu de dupes.
Les marches de protestation sont interdites pour les mêmes raisons qu’elles sont organisées : pour de vulgaires objectifs d’isolement d’adversaires politiques. Plus dévoué à l’ordre qu’à la justice, le camp du pouvoir évite à tout prix la déstabilisation pendant que l’opposition à l’affût cherche à provoquer une crise, ne serait-ce qu’en apparence, pour se déployer. Rien que de la petite politique, l’administration en service commandé prétexte du maintien de la paix pendant que les opposants appellent au respect des libertés individuelles.
Depuis leur contact avec la réalité du pouvoir, les élus, engoncés dans les privilèges et les honneurs, se sont distanciés des revendications simplistes. Il ne leur vient plus à l’esprit d’accepter que les provocateurs mal en point battent le macadam. De toute façon, ces manifestations n’ont pour objet que de se substituer à eux, donneurs d’ordres. Les rôles se sont inversés, les opposants, décideurs d’hier, veulent démettre les mandatés au plus vite pour reproduire le modèle cinquantenaire des apparences trompeuses.
De simples moyens de conquête ou de conservation du pouvoir, la ruse et le tapage sont devenus la finalité de l’action politique nationale. Quand le général Babacar Gaye a été relevé? de ses fonctions de chef de la mission en Centrafrique, Farba Senghor a osé déclarer qu’il s’agissait d’une mesure de rétorsion de l’Onu contre le Sénégal au sujet de l’affaire Karim Wade. De la même manière, Macky Sall ne s’est pas encombré de scrupules pour justifier la transhumance malgré toutes ses promesses d’assainissement de l’espace politique.
L’inconsistance des offres politiques ne laisse autre choix que de manipuler l’opinion plutôt que de convaincre. La complexité des enjeux de développement et les attentes immenses des populations contrastent nettement avec la légèreté du discours politique. Voilà qui bouscule Macky Sall à étouffer insidieusement les coups d’essai de l’opposition. Voilà qui force Diop Decroix et consorts à vouloir troubler l’ordre public pour exister. Le jeu politique sénégalais est fait de collisions d’intérêts particuliers et de rendements rapides et directs.
« On est en politique » disent les uns en s’imaginant intéressants. « Force restera à la loi » martèlent les autres pour faire bonne figure. La nature des institutions n’est pas en cause, c’est la dimension d’homme d’État des responsables qui fait défaut. Encore une fois, le système des coalitions de partis, l’interférence des foyers religieux et les conflits de préséances mobilisent plus que les objectifs d’intérêt public. Le risque, c’est que le peuple reprenne le dessus dans la précipitation, comme d’habitude, agacé de ce jeu de dupes, sans aller jusqu’au bout, se contentant de remplacer sans prendre la peine de choisir.
Birame Waltako Ndiaye
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Macky Sall contre le Front patriotique : rien que de la poudre aux yeux. Par Birame Waltako Ndiaye
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Comme d’habitude mon ami. Tes textes sont de haute facture. Bravo Waltako
Belle analyse, mais je pense que la léthargie tient plus de la patience des sénégalais que du génie des politiciens professionnels.
Le risque, c’est que le peuple reprenne le dessus dans la précipitation, comme d’habitude, agacé de ce jeu de dupes, sans aller jusqu’au bout, se contentant de remplacer sans prendre la peine de choisir.
COMME EN 2012 j’espère que le peuple saura rectifier et bien corriger cette grotesque erreur en 2017 ou 2019