Le président Macky Sall a déclaré vendredi à Dakar qu’il a fini par adhérer à la dépénalisation des délits de presse et souhaité que l’exercice du métier de journaliste soit davantage encadré par des »balises » et des »contrepouvoirs ».
»Je suis pour la dépénalisation des délits de presse. Mais, il faut une contrepartie civile du journaliste. Si le journaliste commet un délit, une diffamation, il doit répondre de ses actes », a affirmé M. Sall à la clôture du cinquième Forum des leaders des médias d’Afrique.
Le président sénégalais répondait aux questions des participants du forum, lors d’une table ronde sur le sous-thème : « Médias, gouvernance et citoyenneté ». Le débat avait comme modérateur le milliardaire britannique d’origine soudanaise, entrepreneur dans le domaine des télécommunications, Dr Mo Ibrahim.
»Que le journaliste soit responsable. […] Je veux quand même qu’on me dise les contrepouvoirs de la presse. Je ne veux pas que les médias soient ‘under control’ (sous-contrôle, pour l’anglais), mais qu’il y ait des balises », a-t-il expliqué.
Il a dit qu’il a adhéré au processus de dépénalisation des délits de presse au Sénégal grâce à l’entregent de l’ancien journaliste, actuel ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, porte-parole du gouvernement, Abdou Latif Coulibaly.
»L’un de mes ministres est parvenu à me convaincre et je suis un partisan de la dépénalisation des délits de presse », a ajouté le président Sall, en présence de M. Coulibaly.
»Nous pouvons convenir avec les journalistes d’un mode opératoire qui permet même de ne pas aller au civil » après que la loi portant dépénalisation des délits de presse entrera en vigueur, a-t-il encore dit.
»Je pense que le niveau de démocratie du pays peut nous permettre de dépasser les délits de presse, pour permettre au journaliste de faire son investigation sans se comporter en justicier. Il y a de la place pour la dépénalisation des délits de presse, pour le dialogue et la responsabilité », a-t-il indiqué en présence de plus de 300 délégués des médias d’Afrique.
Macky Sall a rappelé que la question »est en débat à l’Assemblée nationale » et souligné qu’au Sénégal, »la démocratie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans l’apport qualitatif des médias ».
»Il nous faut voir le contenu et après nous pourrons y travailler ensemble dans un esprit responsable et de partenariat », avait-il dit, parlant de la dépénalisation des délits de presse, dans une interview accordée en juin dernier à plusieurs médias dont l’APS.
Le cinquième Forum des leaders des médias d’Afrique se tenait à Dakar depuis jeudi. Il avait pour thème : »Afrique 3.0 : renforcer les médias et la gouvernance à travers la participation citoyenne et l’innovation »