Le président de la République Macky Sall et celui du Sénat Pape Diop, son dauphin constitutionnel, sont tous les deux absents du territoire national. Combiné à l’absence du Premier ministre, le Sénégal se retrouve, du coup, sans exécutif.
C’est Mbaye Ndiaye qui donne l’information : le président de la République et le Premier ministre sont absents du territoire national. Le ministre de l’Intérieur a fait cette révélation, hier, à la télévision nationale lors de son adresse pour présenter les condoléances de l’Etat du Sénégal à la famille de Kékouta Sidibé, mort hier matin dans les locaux de la gendarmerie de Kédougou (Voir en page 2). Pour ne rien arranger, le président du Sénat, dauphin constitutionnel du président de la République, est, lui aussi, absent du Sénégal. «Il revient en milieu de semaine», confirme une source proche du Président de Sénat. Macky Sall, Pape Diop et Abdoul Mbaye sont tous les trois en Arabie Saoudite pour accomplir le petit pèlerinage à La Mecque.
Contacté par Wal Fadjri, le politologue Yéro Dia ne voit pas d’inconvénients à ce que Macky Sall et Abdoul Mbaye soient absents du territoire national en même temps. «Il n’y a pas de problème si le président de la République et son Premier ministre s’absentent en même temps du territoire national. Parce que le Premier ministre n’est pas le successeur constitutionnel du Chef de l’Etat. Il n’est pas dans l’ordre de la succession», déclare Yéro Dia. Cependant, il juge anormal et même dangereux que les présidents Macky Sall et Pape Diop soient, au même moment, tous deux hors du territoire national. «Par contre, il y a un danger si le chef de l’Etat et le président du Sénat qui est son dauphin constitutionnel s’absentent en même temps du Sénégal», souligne l’analyste politique.
Les usages hérités des démocraties modernes comme la France et les Etats-Unis veulent que le président de la République et son suivant dans l’ordre de suppléance s’absentent, simultanément, du territoire national. De même, pour des raisons de sécurité, il est, formellement, décommandé que le président de la République et son successeur constitutionnel voyagent dans le même avion. Car, en cas d’accident, le pays se retrouve sans Exécutif. D’autant que l’article 39 de la Constitution dispose : «En cas de démission, d’empêchement définitif ou de décès, le président de la République est suppléé par le Président du Sénat. Celui-ci organise les élections dans les délais prévus à l’article 31. Au cas où le Président du Sénat serait dans l’un des cas ci-dessus, la suppléance est assurée par le président de l’Assemblée nationale.»
Charles Gaïky DIENE
SUGGESTION – SENAT : Vers une réforme du mode de désignation des membres
S’ils souhaitent son maintien, les cadres du directoire de l’Apr n’en suggèrent pas moins à Macky Sall de revoir le mode de désignation de ses membres. C’était au cours de la réunion dudit directoire qui s’est tenu le week-end dernier.
A défaut de supprimer le Sénat comme le réclament les conclusions des Assises nationales, le parti au pouvoir semble favorable à la réforme du mode de désignation de ses membres. Sans doute pour calmer les esprits qui commencent à s’échauffer. Le directoire de l’Alliance pour la République (Apr) qui s’est réuni le week-end dernier veut le maintien du Sénat comme chambre haute du Parlement. Mais, demande par la même occasion la réforme du mode de désignation de ses membres. Sur ce point, il recommande, indique un communiqué, «au président de la République de prendre en charge cette question dans le cadre global des réformes constitutionnelles nécessaires à la stabilisation des institutions de la République et de la durée des mandats ». Lesquelles réformes devront, selon le communiqué de l’Apr, s’appliquer principalement, «à approfondir la démocratie, à garantir le pluralisme des pouvoirs, toutes les formes de liberté, la justice, les droits humains et l’affirmation citoyenne». Elles devront aussi tenir compte de la reconstruction de l’ensemble du dispositif institutionnel, des impératifs d’équilibre et de cohérence des pouvoirs. Tout comme de l’état réel de notre société.
Le directoire demande déjà, comme pour accélérer le processus, aux différents responsables d’ouvrir, avec les élus locaux, les concertations pour l’investiture. Ce, dans les meilleures conditions de succès, des candidats sénateurs. Non sans exiger de Macky Sall que la présidence du Sénat soit confiée, à l’issue des élections, à «un homme ou une femme membre de l’Alliance pour la République». Une position légitime «au regard de l’effort d’ouverture déjà consenti par le président de la République à l’endroit des coalisés», déclarent sans ambages les républicains. Ces derniers appellent tout de même à la consolidation de Benno Bokk Yakaar. Et sous ce rapport, l’Apr promet de continuer d’engager toutes ses forces pour «promouvoir l’ouverture et la disponibilité aux autres sans perdre de vue sa propre identité, le dialogue et la concertation».
Me Aïssata Tall Sall du parti socialiste est l’une des premières responsables à avoir agité publiquement l’idée de réforme de la désignation des membres du Sénat. Pour elle, le Sénat est une institution nécessaire pour le parachèvement de la démocratie. C’est pourquoi, l’avocate invite le président Macky Sall à revenir sur le mode de désignation. «Si les sénateurs sont nommés par l’Exécutif, ils seront considérés comme des exécutants et non des élus», a-t-elle fait savoir sur les ondes de la Rfm. Avant d’ajouter que «si le Sénat n’a servi à rien c’est parce qu’il a été dévoyé par Abdoulaye Wade».
Yakhya MASSALY
walf.sn
On dit dans la constitution que les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect non ? Alors pourquoi le Président nomme la majorité des sénateurs ? Sur 100 sénateurs,45 seront élus. C’est quoi ça ?