Macky Sall: « Je suis un membre à part entière de Benno, personne ne m’a entendu annoncer ma candidature »

Le leader de l’Alliance pour la République (Apr) n’apprécie pas les spéculations sur ses absences lors des rencontres de Benno. Macky Sall et parle de « mauvais procès et de faux débat ». Précisant qu’il n’a pas déclaré de sa bouche sa candidature pour 2012, Macky Sall explique ses absences par sa tournée dans l’intérieur du pays. Evoquant les temps forts de ce périple de plus d’un mois, le leader de l’Apr a pu enregistrer plusieurs ralliements de militants du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés. Au niveau de Kaffrine, c’est une saignée de libéraux du fief de Aliou Sow, Ndiognick.

L’As : Monsieur Macky Sall, vous sillonnez actuellement le pays. Qu’est-ce qui explique une telle tournée ?

Macky Sall : J’ai entamé une tournée nationale depuis le 17 février 2011. J’ai fait environ 17 jours dans la région de Tambacounda et plus de 17 jours dans celle de Kaffrine. Cela m’a permis de visiter plus de 192 localités, des dizaines et des dizaines de communautés rurales et de communes. Cette randonnée nous a permis d’être au courant de ce que vivent les Sénégalais. Cette manière de faire m’a permis d’écouter toutes les couches de la population, qui m’ont expliqué leurs problèmes. C’est parce que je suis convaincu que pour pouvoir solutionner les difficultés des Sénégalais, il faut aller à la rencontre des populations elles-mêmes et constater de visu ce qu’elles traversent au quotidien, et savoir l’état physique du pays. C’est une démarche de rupture, une autre manière de faire, différente des meetings folkloriques qui ne rapportent rien.

Que vous ont dit les populations ?

En faisant le tour du Sénégal, on se rend compte combien la situation du pays est catastrophique. Dans le domaine de l’éducation, ce sont en lieu et place des salles de classes des abris provisoires, des pistes de production impraticables, l’électrification rurale qui fait défaut, un manque de forages… En gros, une pauvreté presque générale dans les ménages. Cette philosophie qui consiste à descendre sur le terrain nous permet d’avoir la situation exacte de ce que vivent nos concitoyens. Je ne dis pas qu’il faut repenser toutes les politiques et démarches. Mais des réformes s’imposent concernant l’administration territoriale avec une déconcentration plus poussée, contrairement à ce à quoi on assiste avec la concentration de la République à Dakar. J’estime que même si certains ministères peuvent rester à Dakar, l’on doit penser à la création de directions régionales concernant des secteurs comme l’hydraulique, l’agriculture et l’élevage. Je parle de directions autonomes, capables de booster l’économie de la zone centre qu’est Kaolack Fatick, Kaffrine et Diourbel. Ce serait une solution pour forcer les entreprises à s’implanter.

Il faut aussi désengorger Dakar, pour permettre à l’Etat central de mieux prendre en charge une politique homogène du Sénégal. J’ai fait un pari difficile, à la limite mortel, car après Matam, Kédougou, Tamba, Saint Louis, Fatick, j’ai enchaîné au niveau de la région de Kaffrine, ensuite ce sera le reste du pays. On a enregistré des ralliements émanant du Pds et de ses alliés, tout en ayant à la fois le constat du degré de morosité du peuple. Ces ralliements ont été notés également dans les associations et organisations de villageois, de paysans qui ont exprimé leur raz le bol de la gestion du pays par le régime libéral. Nous avons pu noter dans nos rangs, entre Bakel et Kaffrine, une quarantaine de conseillers ruraux, dont un président de Conseil rural sortant, des adjoints aux maires. Pour uniquement la communauté rurale de Ndiognick, nous avons pu décocher El Hadji Dame Loum en compagnie de dix conseillers ruraux de cette localité. Dans le Koungueul, El Hadji Magaye Gaye avec onze conseillers ruraux de Maka Yop sont désormais dans nos rangs….

Actuellement, le débat au sein de Benno tourne autour de vos absences. D’aucuns parlent même de l’énigme Macky Sall. Qu’en est-il vraiment ?

On veut faire un mauvais procès à Macky Sall et l’Apr. La vérité, c’est qu’à chaque fois que je suis à Dakar, je participe aux réunions et activités de Benno Siggil Senegaal. On ne m’a pas vu à la dernière réunion des leaders, parce que je ne suis pas à Dakar depuis plus d’un mois. J’ai un programme à dérouler, que je ne veux pas interrompre. Pour la journée du 19 mars, j’ai d’ailleurs fait un saut à Touba pour présenter des condoléances, avant de foncer à Kaffrine pour poursuivre mon programme. Je suis un membre de Benno et je ne me pose pas de question à ce propos. D’ailleurs, le séminaire de Benno qui avait été prévu le 10 février avant d’être reporté m’avait coûté de décaler mon programme. Ceci pour pouvoir prendre part à cette activité, mais malheureusement le séminaire avait été reporté. Mes responsables assistent à toutes les activités de Benno et je suis plus que jamais membre et partie prenante de cette coalition. Donc parler d’énigme pour le Benno est un faux débat. Je suis sur le terrain et je pense qu’il est important aussi d’aller partager la souffrance et la misère des citoyens.

Au-delà des absences, l’on parle de votre candidature éventuelle de 2012, alors que cette question n’est pas encore tranchée au sein de Benno

Là aussi, je dénonce un mauvais procès, car personne ne m’a entendu faire une annonce du genre. Ce qui se passe c’est tout à fait normal. C’est le contraire qui devrait d’ailleurs étonner. Parce que ce sont des jeunes, des femmes et autres responsables de mon parti qui prônent ma candidature pour l’élection présidentielle. Et puis, le congrès de mon parti n’a pas encore entériné ce vœu de certains responsables. Pour l’instant, je travaille pour animer et élargir les bases de mon parti et je pense que c’est cela qui est le plus important.

Quelle lecture faites-vous de la célébration du 19 mars ?

Le 19 mars m’a trouvé à Kaffrine. Il est vrai que j’ai fait un saut pour présenter mes condoléances au Khalife général des mourides, pour ensuite revenir dans le Ndoucoumane. Je suis d’avis que c’est un tournant, la date du 19 mars. Il est normal que l’opposition ainsi que le pouvoir célèbrent ce jour, chacun à sa façon. Mais une chose est certaine, les populations sénégalaises sont fatiguées, déboussolées et laissées à elles-mêmes.

Propos recueillis par Papa Samba SENE
lasquotidien.info