Macky, Wade…, Daouda Faye livre son point de vue sur xalima

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Daouda Faye à cœur ouvert. Dans cet entretien, cet acteur de la pêche n’a pas manqué de son donner son avis sur la question très actuelle de la vente des licences de pêche qu’il qualifie de nécessité. L’ex-ministre et sénateur a également donné son point de vue sur la traque des biens mal acquis. Sur ce point, il pense qu’aujourd’hui, la balle est dans le camp de la justice. Parce qu’il y a un flou total que la justice doit régler.

M. le ministre, vous êtes un acteur de la pêche, que pensez-vous du débat agité aujourd’hui sur la vente des licences ?

Je pense que le débat est biaisé. On ne peut pas imaginer, dans le cadre de la coopération, le Sénégal se permettre de refuser de vendre des licences de pêche à l’Ue. Parce que la coopération entre l’Ue et le Sénégal a atteint un niveau très important. Depuis très longtemps, les accords ont existé et elles existeront toujours tant que la coopération entre les deux entités existera. C’est pourquoi je pense qu’il faut plutôt parler des conditions de délivrance des licences de pêche, notamment la zone de pêche, la quantité à débarquer à terre pour donner une valeur ajoutée et faire travailler les usines et également la contrepartie financière.

Pourquoi, cette démarche serait –elle meilleure ?

Pour moi, les produits débarqués à terre doivent être de loin plus importants que la contrepartie financière. Et dans tous les cas, les produits débarqués constituent une enveloppe financière dans la mesure où ces produits sont débarqués dans des usines, lesquelles vont payer le montant des produits qu’elles ont reçus au trésor. Le bénéfice qu’on trouve dans le débarquement des produits dans les usines, c’est que cette valeur ajoutée est bien sénégalaise.

Pourquoi autant de polémiques aujourd’hui autour de cette question de la vente des licences ?

C’est cette question que je me pose, moi-même. Il ne faut pas polémiquer. Je pense que les acteurs de la pêche sont associés à la commission consultative de distribution des licences et c’est là qu’un avis doit être donné. A partir du moment où un avis est donné, le ministre qui n’a pas le dernier mot doit faire un rapport au Premier ministre et au conseil des ministres ; c’est là que la décision doit être prise.

Les élections locales approchent à grands pas. Quelle lecture faire de la confection des listes qui a quelque peu connu des tensions ?

Je pense que le dynamisme de la démocratie sénégalaise s’est manifesté à travers cette première partie de la confrontation électorale des locales. Je m’en réjouis parce que tous ceux qui voulaient déposer des listes en ont constitué et déposé. Les couacs notés sont liés aux problèmes internes des partis et coalitions. Mais, l’administration et la Cena ont fait leur devoir. Pour moi, jusqu’à ce stade, tout s’est bien passé.

La situation économique du Sénégal n’est pas rose, selon les détracteurs du régime. A votre avis, c’est quoi le problème ?

La situation économique mondiale est difficile. Les Usa, l’Occident d’une manière générale et l’Europe en particulier connaissent les mêmes difficultés que nous. Ce qui me rassure dans tout ça, c’est que le gouvernement n’est pas resté les bras croisés. Ils sont en train de bouger dans tous les sens pour faire face à cette situation. Il appartient maintenant aux Sénégalais, à quel que niveau qu’ils se situent, de participer à cette bataille pour repousser les agressions dont nous faisons l’objet de la part des grandes puissances qui veulent nous réduire en consommateurs uniquement et qui ne nous invitent presque jamais dans les grandes rencontres où on parle des problèmes économiques et financiers. Mais, il faut aussi que l’Etat consacre l’essentiel de son temps aux problèmes économiques qui se posent au monde et au Sénégal.

Par exemple ?

Actuellement la justice est trop visible. Et je pense que la réforme du système judiciaire est une priorité pour permettre aux investisseurs de venir au Sénégal sans souci. Les situations ambiguës sur certaines juridictions que je ne nommerai pas doivent être levées. Il faut aussi que le gouvernement essaye de faire la lumière sur certaines questions et prenne une option. S’il est possible de régler les questions par des juridictions compétentes et acceptées par tous, il faut le faire et arrêter les juridictions qui sont contestées. Ce n’est pas parce qu’une juridiction est contestée que les autres juridictions ne peuvent pas faire le même travail. Je crois que l’Etat doit mettre un terme à cette polémique. Si une juridiction est décriée, il faut prendre une autre juridiction.

Concrètement, comment régler cette histoire de supposés détournements ?

Il faut trouver les détournements qui auraient été faits dans le cadre des différents gouvernements qui se sont succédé ici. Je crois que c’est une affaire très simple. On a la Cour des comptes, l’Ige qui a fait son travail. Et pour moi, il faut partir des sommes détournées, s’il y en a eu, et ensuite essayer de recouper et de faire ressortir la responsabilité des uns et des autres avant de dire droit et ensuite tourner la page. J’ai entendu le président dire que l’enrichissement illicite concerne ceux qui ont géré les deniers publics. Si c’est cela, il faut d’abord regarder dans les deniers publics ce qui manque. Après cela, ceux qui ont géré les deniers publics doivent rendre des comptes. Sinon, je trouve injuste une quelconque loi qui vienne tâtonner et chercher à prouver que quelqu’un a de l’argent qui provient des deniers publics sans pour autant indiquer quel denier public, à quel niveau et combien. Je crois que ça doit être la base de départ pour aller vers l’inculpation. Deuxièmement, je pense que le mandat de dépôt doit être une exception, comme prévu par la loi. Quand quelqu’un n’est pas encore coupable, il doit être libre jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée. Et qu’on prenne les garanties nécessaires pour qu’il reste à la disposition de la justice jusqu’à ce que le droit soit dit. Sinon, on assiste à une fuite des capitaux, à un manque d’intérêt des investisseurs qui sera nuisible.

La question de blanchiment d’argent est même souvent évoquée au Sénégal, notamment pendant le régime de Wade…

On parle souvent de blanchissement ; ça, c’est du tabou qui risque également de freiner les investisseurs. Quand les gens se permettent de dire que tous les immeubles qui sont à Dakar c’est le blanchiment sans pour autant donner la moindre preuve, ils vont bloquer les investissements sur le plan immobilier alors qu’on en a besoin. Il y a un problème de logement des Sénégalais. Il ne faut pas que les rumeurs, les bruits et la propagande puissent plomber l’économie. Or, c’est le cas actuellement.

Et qu’est-ce qui faut faire ?

Il faut qu’on aille à l’essentiel. Que ceux qui ont détournés soient mis devant leurs responsabilités et qu’on prouve les délits de détournement. Ensuite, que la justice dise le droit. En somme, les sommes détournées doivent être identifiées et quantifiées avant d’être recherchées et récupérées. Mais aujourd’hui, il y a un flou total sur certains points que la justice doit régler. Je pense que la balle est dans le camp de la justice. C’est à la justice de faire la lumière et de structurer son travail en toute indépendance.

Pensez-vous, par ailleurs que le pouvoir est sur la bonne voie ?

Je me réjouis de constater que le pouvoir s’est inscrit dans la continuité de l’Etat en poursuivant les chantiers laissés par Wade. Maintenant, sur le style, chacun a sa façon de juger. Macky est arrivé au pouvoir avec son équipe, des gens avec qui il avait travaillé mais il faut qu’il accepte d’être aujourd’hui le président de tous les Sénégalais. S’il y a des compétences dans l’opposition, il doit les chercher pour qu’elles participent à l’œuvre commune de développement économique et social du pays, le Sénégal dont il est le président. Le style et la forme sont discutable mais le fond est bon parce qu’il a conscience qu’il faut faire quelque chose de positif et qu’il doit rendre compte. Donc, ce n’est pas la peine de s’inquiéter ; il faut plutôt se souder pour résoudre les problèmes économiques mais aussi le problème principal aujourd’hui qu’est l’insécurité. Ils ont fait des recrutements. Au début, j’étais le premier à dire qu’il ne faut pas que cette agence sur la sécurité crée des problèmes et qu’il faut plutôt mettre les jeunes à la disposition des services de sécurité. Et je pense que ça était fait. Je crois qu’on n’a pas besoin d’être dans un gouvernement pour aider son pays. On peut être dans des cercles de réflexions, discuter, donner un point de vue à qui de droit et ensuite le porter à la connaissance de la population. C’est comme cela qu’un Sénégalais responsable doit agir.

Me Wade que vous avez fréquenté a fait un retour au Sénégal très controversé ; êtes-vous surpris du succès de son accueil ?

Wade est un homme politique exceptionnel qui a fait de grandes choses en tant qu’opposant d’abord ; il a poussé le pouvoir de Diouf à faire avancer la démocratie ; lui-même au pouvoir a fait avancer la démocratie ; il a souvent reculé devant la pression des gens. Et comme on dit en sciences politiques, l’essence de l’autorité est dans la concession.

On parle de plus en plus de remaniement gouvernemental. Pensez-vous que cela soit nécessaire ?

C’est à lui de juger. Le président a entamé un travail sur la base d’un programme qui est le sien qui doit être ajusté par le programme des Sénégalais (qui sont maitres d’œuvre). Et chaque fois qu’il sentira des défaillances dans le système, il a l’obligation de réaménager et de chercher des compétences pour l’aider à atteindre ses objectifs. Il faut que la logique de partis et de coalition cède à la logique de la compétence dans l’intérêt général du pays. Le remaniement doit répondre à un besoin réel de changement en fonction des objectifs qu’on s’était fixés et qui ne sont pas atteints pour telle ou telle raison ou voire incompétence de x ou y. Il doit s’attarder sur la réorganisation de son organigramme de travail et la redéfinition du profil de personne dont il a besoin pour qu’il puisse atteindre les objectifs qu’il s’est fixés et que les Sénégalais attendent avec impatience.

Le président a besoin de stabilité pour gouverner mais il est en face d’une opposition très tendue. Que doit-il faire ?

C’est à lui de rassurer l’opposition ; il doit l’informer ; mais il ne s’agit d’avoir de gens qui répondent aux déclarations de l’opposition ; c’est du creux. L’opposition s’oppose ; elle dit des choses parfois réalistes mais aussi des choses irréalistes. Maintenant il faut répondre par des actes et par la concertation. Et ensuite mettre un programme planifié qui rassure. Mais, il faut dire que la plupart des choses qu’on réclame au président n’est pas possible en moins de deux ans.
redaction xalima

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