Réunis mercredi à Bruxelles, les Vingt-Sept ont fixé une nouvelle date de sortie du Royaume-Uni. Emmanuel Macron n’est pas parvenu à imposer un délai court, mais il a obtenu des garanties visant à protéger le fonctionnement des institutions.
Le compromis entre les Vingt-Sept n’a pas été facile à trouver, mercredi soir à Bruxelles. Emmanuel Macron avait depuis des semaines la position la plus ferme sur le Brexit. Face à ses homologues, il a plaidé pour un report au 30 juin, comme l’avait d’ailleurs demandé Theresa May. Angela Merkel défendait, quant à elle, l’idée d’une extension plus longue, jusqu’à la fin de l’année, voire d’un an comme l’avait suggéré le président du Conseil, Donald Tusk.
Au terme d’une très longue discussion, les dirigeants européens ont choisi de couper la poire en deux. Ce ne sera ni une longue ni une courte extension. Le Brexit est repoussé au 31 octobre, soit de «six mois et trois semaines», a précisé Tusk. Le Royaume-Uni pourra quitter l’UE avant cette nouvelle date si Theresa May parvient à faire valider l’accord de retrait par les députés britanniques. Il n’y aura pas de grand saut dans le vide le 12 avril, c’est-à-dire ce vendredi. Tout comme il n’y en avait pas eu le 29 mars. «Si le Royaume-Uni est encore membre de l’UE les 23-26 mai et s’il n’a pas ratifié l’accord de retrait d’ici au 22 mai 2019, il doit organiser les élections du Parlement européen. S’il ne remplit pas cette obligation, le départ (du Royaume-Uni) aura lieu le 1er juin 2019», est-il précisé dans les conclusions du Conseil.
Emmanuel Macron ferme sur sa ligne
Le sommet de mercredi soir est un revers sérieux sur la scène européenne pour Emmanuel Macron qui se voit, depuis son arrivée à l’Élysée, en chef de file de l’UE. Alors que tous les voyants étaient au rouge, jusqu’à la réunion des ambassadeurs des Vingt-sept organisée la veille, il est resté sur la position d’une extension courte, alors qu’une grande majorité d’Etats membres plaidaient en faveur d’un report long, parmi lesquels le partenaire allemand. Emmanuel Macron ne pouvait pas ignorer, non plus, que le président du Conseil Jean-Juncker et Donald Tusk privilégiaient aussi cette option. Il est pourtant resté sur sa ligne intransigeante. À son arrivée, il déclarait même sur un ton martial: «Pour moi, rien n’est acquis. Rien». Mélangeant politique intérieure et affaires européennes, il affirmait aussi que l’Union avait «une renaissance européenne à reconduire». La «renaissance» est le fil conducteur du parti présidentiel pour les élections européennes.
« [Emmanuel Macron] n’a pas gagné beaucoup d’amis hier soir »
Les échanges ont été tendus entre les Vingt-Sept, mercredi soir. «Difficiles», selon les mots de Jean-Claude Juncker. Dans le huis-clos du Conseil, Emmanuel Macron a continué à plaider pour un report court, au 30 juin., affirmant qu’il s’agissait là de la seule manière de maintenir la pression et de protéger le fonctionnement des institutions européennes. Mais, avant même qu’il ne prenne la parole lors du tour de table, les dirigeants européens avaient compris que le président français allait continuer à faire cavalier seul. Ne serait-ce que parce que les conseillers du président tenaient à ce moment-là un briefing off. «Ils voyaient tomber les dépêches citant l’Élysée et indiquant que, pour la France, tout n’est pas préférable au “no deal” lorsqu’il est question de la mise en danger du fonctionnement de l’Union européenne», indique une source européenne. Autant dire que le briefing de l’Élysée est mal passé à la onzième étape du Conseil.
La France isolée
La stratégie de la pression maximale aura finalement contribué à isoler totalement le président français. Grosso modo, 17 États membres étaient favorables à une extension longue et quatre de plus se sont dits flexibles sur la question. Fait inhabituel, Donald Tusk en a fait la comptabilité à haute voix, comme pour bien montrer l’isolement de la France. Un compromis a finalement été trouvé autour du 31 octobre et quelques garanties supplémentaires ont été imposées au Royaume-Uni, permettant au président français de faire bonne figure.
Mais l’épisode laissera des traces. Jean-Claude Juncker a-t-il dit à Emmanuel Macron qu’on ne pouvait régler les problèmes de politique intérieure sur la scène européenne, comme le révèle le Guardian ? Cela ne fait guère de doute. «Macron a voulu utiliser le Brexit pour faire beaucoup de bruit», estime un responsable de l’Union. «Il n’a pas gagné beaucoup d’amis hier soir, confie une autre source européenne. Je comprends son agenda mais il ne peut pas être question de mélanger “renaissance européenne” et Brexit. Le Brexit est quelque chose qui va affaiblir l’Union européenne de toute façon.» Le moment gaullien d’Emmanuel Macron a fait long feu. Quittant le Conseil jeudi matin, le président français est resté droit dans ses bottes et a répété qu’il assumait ce «rôle de clarté» et de «fermeté».
Le figaro
Les Gliches reprochent à l’UE et au couple Merkel/Macron de les retenir et de retarder leur sortie. On a tous lu dans leurs journaux » Ils ne veulent pas qu’on parte » Avec le discours et l’attitude du président français les choses deviennent plus claires et plus pressantes. Yen à marre, barrez-vous !!!
Le prochain vote à London devrait être plus responsable.