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MADAGASCAR – Abandonnés, malnutris, faible espérance de vie… : Ces jumeaux maudits par la coutume

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MADAGASCAR – Abandonnés, malnutris, faible espérance de vie… : Ces jumeaux maudits par la coutume

mardi, 18 octobre 2011 14:42 administrateur
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A Mananjary, chez les Antam­ba­hoaka, une des ethnies de Madagas­car, élever des jumeaux c’est «fady», tabou, interdit. A Mananjary, ville si­tuée sur la côte est de l’île, il n’est pas rare de rencontrer des bébés abandonnés au pied des arbres ou en bordure de route. Une étude réalisée dans la zone par le Centre d’analyses et de prospectives sur le développement à Madagascar (Capdam) renseigne que cette pratique, appelée «fady kamamba», fait des ravages dans cette région, rapporte l’Express de Madagascar.

L’ouvrage sur les Jumeaux de Ma­nanjary, entre protection et abandon, réalisé par le Capdam à la de­mande du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) ouvre une fe­nêtre sur le vécu difficile de cette cou­che particulièrement fragile et vulnérable de la population. Les auteurs de l’ouvrage révèlent les difficultés auxquelles les jumeaux abandonnés font face.

«Le manque de soins, aggravé par le froid et l’état de choc, devient fatal pour ces bébés jumeaux abandonnés. Leur espérance de vie est dramatiquement faible, la plupart meurent avant la fin de leur premier semestre, les principaux fléaux qui les guettent étant la dysenterie (diarrhée), l’état avancé de malnutrition et, pour les riverains du canal des Pangalanes, la drépanocytose», indiquent-ils dans l’ouvrage.

L’abandon d’enfants jumeaux est une pratique courante dans la région de Mananjary. «Nos parents l’ont fait et nous nous soumettons à la coutume. Les jumeaux constituent un tabou ancestral», témoigne une jeune femme issue de cette localité.

Mais au lieu de les abandonner dans la nature comme cela se faisait d’antan, la jeune femme explique que les familles les amènent plutôt dans les centres d’accueil, les placent en adoption ou les confient à de proches parents. Ceux qui envisagent de garder les jumeaux sont exclus de la communauté et n’ont plus accès aux rites coutumiers et sont même interdits du tombeau ancestral, le pire des ostracismes à Madagascar.

«Chez les Antambahoaka, garder des jumeaux c’est aller à l’encontre de la coutume, violer les traditions», indique un travailleur social de la région.

En 2007, le Comité des Nations unies sur les droits humains a exprimé son inquiétude à propos du rejet des enfants jumeaux, qu’il juge «discriminatoire». Il a demandé à l’Etat malgache de «prendre des mesures énergiques, adéquates et contrai-gnantes, pour éradiquer ces pratiques et assurer la préservation des ju­meaux dans leur famille, de manière à ce que chaque enfant bénéficie de mesures de protection effectives».

Même s’il existe un «refus de l’interdit» au sein de la communauté Antambahoaka, certains pensent que «ces gens-là ne réussiront pas à é­radiquer facilement cette coutume». Et espèrent «une prise de conscience des familles au sein même de la communauté», pour la suppression de ce tabou.

«Ces personnes demandent la protection de l’Etat, non seulement en termes de soutien moral et ma­tériel, mais particulièrement en termes de mesures sages et clairvo­yantes qui leur permettraient d’être Antambahoaka tout en étant dé­li­vrés de l’interdit jeté sur les ju­meaux», relève une habitante de la localité.

Ignace Rakoto, co-auteur de l’ouvrage sur les Jumeaux de Ma­nan­jary, explique que l’abandon de ces enfants dans la communauté Antambahoaka relève d’un «traumatisme interne» chez ses habitants. Et de relater que plusieurs mythes sont racontés et transmis par les différents chefs traditionnels ou natifs de la région.

Slateafrique. via lequotidien.sn

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