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Madame le Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, vous avez la lourde charge de réhabiliter l’enthousiasme culturel dans notre pays (Par Tafsir Ndické Dieye)

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La culture dissipe la mauvaise humeur des nations soutient Adam Smith. Mieux, Sophocle dit que la vie culturelle d’un pays est gage de liberté. L’art est un élément essentiel de la vie politique en démocratie. Les œuvres d’arts révèlent les conflits, posent les questions de fond. 

Madame le Ministre, pour une bonne politique culturelle, ne serait-il pas nécessaire de satisfaire certains fondamentaux dont les supports de l’action culturelle et les circuits de promotion et  de diffusion culturelle.

En effet, nous pensons qu’il est important, aux côtés des contenants existants, de créer des contenus aptes à rendre visible nos données culturelles nationales.  Il ne sert à rien, à notre humble avis, de créer des contenants, à l’image du Grand Théâtre, s’il n’y a pas de réels produits artistiques de qualité pouvant permettre à un tel temple de la culture de rayonner dans les habitudes des citoyens en contribuant dans leur éducation par la culture. C’est un exemple parmi tant d’autres.

Comment permettre aux créateurs de mieux produire des œuvres de qualité, en adéquation avec le besoin d’aider à faire naître une véritable « Conscience culturelle nationale » arrimée à l’âme du Projet porté par le tandem Diomaye Sonkoà savoir le Jub, Jubal, Jubanti,  aptes à faciliter l’intégration entre nos différentes entités culturelles, et à instaurer, de façon structurelle, un dialogue des cultures entre des groupes sociaux parfois isolés les uns des autres et dotés chacun de traditions culturelles spécifiques, mais « obligés de vivre ensemble et de partager un destin politique, économique et social »? 

Madame le Ministre, vous avez en charge le renforcement de nos acquis culturels qui servent de vitrine du Sénégal à l’étranger.  

La Hallyu ou Vague coréenne englobant les percés au plan mondial des offres musicales (la musique K-pop), cinématographiques (les séries télévisées K-dramas, HellBand), gastronomiques (K-food, kimchi, bulgogi, bibimbap), stylistiques (la marque K-fashion), technologiques (Samsung, LG et Hyundai), littéraires (la bande dessinée coréenne manhwa),  etc. ont contribué à faire de la Corée du Sud une attraction internationale, et à  booster son tourisme et ses exportations culturelles. 

Le soft power américain, son « way of life » passe par la culture et s’étend sur le monde : mode d’habillement, médias, cinéma, nourriture, littérature,  etc.

Jyoti Hosagrahar disait : « La culture, c’est ce que nous sommes, l’élément constitutif de notre identité. Ancrer la culture au cœur des politiques du développement est le seul moyen de réaliser un développement centré sur l’humain, inclusif et équitable. »

Madame le Ministre, dans cette dynamique, nous savons que les générations précédentes ont joué leur partition dans l’offre culturelle internationale qui met au devant de la scène ce que nous sommes dans différents domaines comme la musique (Youssou Ndour et le Mbalax, Baba Maal et le Wango, Coumba Gawlo Seck et sa culture Gawlo, Touré Kunda et ses musiques casamançaises, le grand tambour major Doudou Ndiaye Coumba Rose – vivement que son projet de Conservatoire National Doudou Ndiaye Rose soit réalisé grâce une collaboration entre l’Etat et sa famille, il l’avait présenté à l’ancien Président Abdoulaye Wade en notre présence en 2005), les lettres (Mariama Ba, Aminata Sow Fall, Birago Diop), les arts plastiques (Iba Ndiaye Diadji, Mamadou Diakhaté, Kalidou Kassé), le stylisme (Oumou SY, Colé Ardo Sow), l’architecture (Pierre Goudiaby Atépa), la danse (Germaine Akogny, Ballet la Lingueer), la sculpture (Ousmane Sow), le Cinéma (Sembene Ousmane, le père du cinéma africain), la gastronomie (avec notre Thiébou dieuneinscrit au Patrimoine culturel immatériel de L’UNESCO) etc. La liste n’est pas exhaustive.  

Comment revitaliser l’offre culturelle de ces icones pour mieux vendre la destination sénégalaise au plan culturel et artistique en s’appuyant, entre autres, sur les possibilités offertes par la révolution digitale ? 

Comment accompagner l’offre culturelle non moins méritante de la génération montante dans le souci de renforcer l’attractivité du Sénégal par la Culture sans une participation de l’État à la prise en charge de la formation, du renforcement de capacité,  de la production, de la promotion, de la diffusion, de la circulation, et de l’outillage dans le domaine de la recherche,  de ceux qui se battent pour que notre pays se positionne en bonne place dans la cour des grands au plan culturel et mondial? 

Le grand tambour major Doudou Ndiaye Rose m’avait révélé, pendant que je rédigeais une partie de sa biographie pour les besoins d’un Gala de reconnaissance en son honneur en 2005, qu’une tournée à l’intérieur du Sénégal, en Afrique et dans le monde, à la recherche de nouvelles connaissances en matière de rythme, a beaucoup boosté son art.

Vivement que les fonds et les moyens pédagogiques et matériels alloués à la culture soient gérés avec transparence, éthique et équité territoriale par des commis de l’État ayant le sens de l’intérêt public.

Madame le Ministre, Dans nos collectivités locales, surtout à l’intérieur du pays, il serait intéressant de mettre en place, de façon progressive, des Maison des savoirs et savoir-faire traditionnels qui pourraient permettre de capitaliser tout ce que la communauté dispose en matière de patrimoine matériel et immatériel tiré de ses traditions. 

Grâce à de telles Maisons, les populations pourront mieux conserver leurs spécificités culturelles et être mieux outillées pour les intégrer dans le développement du pays. Les chants, les langues, les danses, les vêtures, les coiffures, les parures, les arts culinaires traditionnels, les modes architecturales,l’artisanat d’art, les savoirs et savoir-faire de la médecine traditionnelle, etc. de toutes les ethnies de la localité, entre autres, y trouveront les moyens nécessaires pour leur réhabilitation, leur conservation et leur promotion. En outre, cela permettrait aux nouvelles générations d’avoir un lieu sûr pour se ressourcer et, au besoin, conserver leur identité culturelle.

En Martinique, les touristes sont toujours émerveillés au sortir de leur visite de la Maison du Bélé à Sainte Marie, « berceau de la tradition Martiniquaise » ; une Maison où sont mis en valeur, où sont sauvegardés, les expériences, les savoirs et savoir-faire des anciens. C’est un véritable lieu de découverte et de formation à la culture du Bélé qui renforce l’attractivité de la Martinique au plan international. Nous le disons en connaissance de cause. 

Ici, nous avons nos Ndeup, Goumbee, Ekong kong, Ndut etc. dans des sites géographiquement, historiquement et culturellement chargés à redécouvrir pour y créer, non pas des musées mais des Maisons des savoirs et savoir-faire traditionnels.     

Madame le Ministre, il est temps que nous ayons notre Bibliothèque nationale, ainsi que des bibliothèques fonctionnelles, progressivement dans nos écoles, et sur l’étendu du territoire (en collaboration avec votre collègue en charge de l’Éducation nationale). Il serait bien aussi  que les écrivains puissent disposer d’une Résidence des écrivains qui accueille des auteurs dotés de bourses d’écriture pour travailler sur des ouvrages en gestation. Ces bourses pourraient sortir d’un Fonds de Promotion du Livre, de la Lecture et de l’Écrivain différent, dans sa conception, ses missions,  et sa gestion, du Fonds d’Appui à l’Édition actuel. 

Madame  le Ministre, occupez-vous, de façon définitive, du Statut de l’artiste. C’est un impératif. Évitons une pâle copiede ce qui se fait ailleurs dans le listing des métiers de la culture, nous n’avons, sur certains aspects, ni les mêmes préoccupations, ni les mêmes types d’acteurs culturels.  

Concernant le cinéma, nous rêvons d’un Hollywood version sénégalaise et africaine pour nos cinéastes. « C’est à nous de créer nos valeurs, de les reconnaître, de les transporter à travers le monde, mais nous sommes notre propre soleil », disait Sembene Ousmane. L’Amérique a réussi une certaine influence culturelle sur d’autres peuples grâces à cet espace de créativités cinématographiques.

Madame le Ministre, en collaboration avec votre collègue en charge de l’éducation nationale, trouvez un moyen de réaliser des compétitions culturelles interscolaires officielles inclusives centrées sur une réappropriation de nos identités culturelles nationales, notre pays en a besoin pour un réarmement moral de notre jeunesse ; dans cette tâche, SORANO pourrait jouer un grand rôle. 

Enfin, beaucoup de questions qui intéressent le milieu culturel… peintres, écrivains, comédiens, musiciens, cinéastes, stylistes, architectes, photographes etc. pourront trouver des débuts de solutions par la convocation des états généraux de la culture pour écouter les concernés, avec au centre, une réflexion basée sur la démocratisation et l’accès pour tous à la culture et la protection sociale pour les artistes… loin de tout snobisme élitiste : Jub, Jubal, Jubanti.Des « lobbies » existent dans le secteur culturel, et les querelles et exclusions qu’ils produisent ne font que nous retarder davantage. Heureusement que le Chef de l’État, semble-il, ne croit pas au corporatisme.  

Madame le Ministre, il semble que le Président Senghor voyageait souvent en compagnie d’artistes pour contribuer à « vendre la destination sénégalaise à l’étranger ». Cette pratique, si elle est avérée, n’est pas mauvaise pour notre secteur culturel et touristique: offrir un quota raisonnable aux acteurs culturels dans la délégation du Président de la république lors de ses visites officielles pour leur permettre de servir de vitrine culturelle à notre pays, comme nous le voyons parfois avec les opérateurs économiques dans leur domaine. 

Enfin, Madame le Ministre, soit toujours du côté de la vérité et de la beauté. Parlant de beauté, nous aimons rappeler ce qu’en disait le grand poète Aimé Césaire dans Moi laminaire: « La Justice écoute aux portes de la beauté ».

En vous souhaitant, à vous et au Secrétaire d’État à la Culture, aux Industries créatives et au Patrimoine historique, plein succès dans votre lourde mission régalienne !

Tafsir Ndické DIEYE 

Poète – Romancier – Chroniqueur 

Parrain du Festival « Palabres poétiques de Lyon » au Printemps des poètes en France.

Lauréat du Trophée d’honneur 2017 offert par le Consortium des Organisations pour la Solidarité Issue des Migrations (COSIM) AUVERGNE RHÔNE ALPES

PRIX DU LIVRE AFRICAIN FILIGA Édition 2023

(Festival International du Livre Gabonais et des Arts)

PRIX MILA D’HONNEUR Édition 2022 Côte d’Ivoire 

(Meeting International du Livre et des Arts associés)

Directeur du Centre Socioculturel Moussa Faye Thiadiaye -Sénégal.

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