« La lâcheté des enseignants est sidérante devant un activisme subitement débordant de certains groupes sociaux qui, du reste, n’ont pas encore fait la preuve de leur majorité dans la société sénégalaise ».
Le problème avec les cafards, c’est qu’ils gitent et œuvrent dans les coins les plus sales de nos demeures, ils vivent de saleté. Il est des hommes qui ont une morale de cafards.
Cet homme à qui la vie a souri au lendemain de l’accession du pire Président à la magistrature suprême s’en prend aux enseignants à qui il reproche de n’avoir pas défendu un collègue lynché pour une affaire de texte pour évaluation portant sur l’homosexualité. Il doit savoir ce que signifie lyncher médiatiquement une personne lui qui a bâti tout son patrimoine sur le lynchage d’hommes politiques opposés à Macky Sall. Accuser les enseignants de lâcheté parce qu’ils n’ont pas défendu (ce qui est d’ailleurs faux) un collègue coupable d’avoir proposé un sujet qui heurte notre conscience collective, c’est de la fumisterie sans nom.
Chaque société produit ses moyens de se défendre contre les attaques, comme l’organisme crée des anticorps pour se protéger. Le tollé et l’indignation suscités par le choix d’une épreuve parlant d’homosexualité étaient dirigés moins contre le collègue que contre l’offensive des LGBTH durant cette période. Les enseignants sont des citoyens, des pères de famille, des éducateurs ; ils ont une sensibilité religieuse et des convictions morales : ce sont des hommes. Vouloir les condamner pour la posture sage et équilibrée qu’ils ont adoptée sur cette affaire, c’est projeter ses propres démons sur des innocents.
« Il arrive de plus en plus que les enseignants mettent au-dessus de leur engagement professionnel leurs inclinaisons politiques et partisanes. Ces enseignants préfèrent sauver la tête de leurs camarades de partis ou de luttes politiques plutôt que de préserver l’institution universitaire. »
Venant d’un journaliste qui met son amitié intéressée avec le régime corrompu de Macky au-dessus de l’intérêt du peuple, ça fait plutôt rire. Combien d’enseignants se mêlent vraiment de politique ? Madiambal porte bien son nom, il fait partie des pseudos intellectuels que la langue française a sauvés en échange d’une basse besogne : abuser et abrutir leur peuple par des sophismes et des rhétoriques malsaines. Oui, Madiambal porte bien son nom, à savoir « façonnier d’amalgame ou alchimiste intellectuel » : il part d’un fait isolé (il prétend être un journaliste factuel) pour faire des généralisations abusives. Que quelques enseignants se mêlent de politique autorise-t-il ce monsieur à faire une telle amalgame ? Il faut en général se méfier d’un journaliste quand il prétend être factuel : les faits sont sacrés, mais l’interprétation qu’on en fait est souvent déterminante quant à la lecture que la bonne conscience de l’opinion en aura. Être factuel, ce n’est pas un dire pour un journaliste, c’est un faire ou plus exactement une personnalité. Être factuel ne se proclame pas ; ce n’est ni circonstanciel ni saisonnier, ça se vit
Insulter les enseignants en proférant une sentence du genre « Assurément, faute de pouvoir les élever à leur niveau, les maîtres finissent par descendre au niveau de leurs disciples » ce n’est pas un jeu d’esprit. C’est plutôt un jeu du ventre, ou plus exactement, une danse du ventre pour noyer l’hécatombe causée par l’incompétence de son ami à protéger le peuple contre la 3e vague. Manquer de respect aux enseignants sur la base d’une amalgame aussi manifeste, c’est faire de la diversion. Il y a tellement de faits délictuels à dénoncer dans ce pays, il y a tellement d’injustice, tellement de prédation de liberté, tellement de détournements de deniers publics, de régression démocratique…, mais ce ne sont pas là des faits ! Il fallait ASSOUVIR ses pulsions incendiaires sur les enseignants.
Ces colombes que vous poignardez dans le dos sont dignes, ils vivent à la sueur de leur front, ils n’ont jamais été opposés à un certain Thierno à propos d’une mallette d’argent pour modifier leur ligne « pédagogique » et l’acclimater aux humeurs d’un régime. Ils n’ont pas voulu prendre part à une éthique de paaccô érigée par votre ami en mode de gouvernance. Réfléchissez plutôt sur ce que nous coûtent des institutions comme le HCCT, la CNDT, le CESE et tous ces ministères taillés sur mesure pour satisfaire une clientèle politique. Dites aux Sénégalais s’il est normal que l’essentiel des ressources du pays soient captées par des institutions inutiles alors que le peuple vit en-dessous du seuil de pauvreté. Qu’il est normal que plus de six mille abris provisoires servent à entasser des enfants de paysans, de pasteurs et d’artisans au moment où le Président se paie un luxe insolent pour assouvir ses rêve de gamin.
Quand des charognards reprochent à des prédateurs d’être trop indulgents envers les animaux de proie, on sait ce qui motive leurs critiques. De même, vouloir imputer la violence dans l’espace scolaire aux enseignants, c’est faire preuve de psychologie de charretier. Les causes de la violence en milieu scolaire sont nombreuses, complexes, profondément ancrées dans la société et la culture ; dans la politique et l’économie ; dans les familles et les médias…
Alassane K. KITANE