XALIMANEWS- Une des caractéristiques du Mouridisme au Sénégal, c’est que c’est à la fois une force religieuse et sociale, une grande capacité de mobilisation pour relever des défis notamment d’ordre économique et une allégeance sans faille au guide spirituel.
Et cela, la veuve du défunt guide des Thiantacones, Aïda Diallo, est en train de l’apprendre à ses dépens.
Cette année, elle ne fera pas son Magal à Touba comme d’habitude et les bœufs qu’elle avait convoyés ont été poliment restitués.
Elle subit une forme d’ostracisme qui fait d’elle persona non grata en ce moment dans la ville sainte.
Les difficultés ont commencé pour elle aprés le décès de son mari. Touba a officiellement indiqué que le successeur de Cheikh Béthio Thioune était effectivement son fils Serigne Saliou Thioune selon les règles de l’orthodoxie religieuse qui ne reconnait pas une femme comme Cheikh.
D’ailleurs, à ce propos, de son vivant, Cheikh Béthio avait été rappelé à l’ordre lorsqu’il a voulu faire d’elle, un guide.
Pis, il y a de cela quelques mois, un bras de fer l’avait opposé au Khalife général Serigne Mountakha à ce propos car le marabout souhaitait qu’elle mette fin à ses agissements qui ressemblent bien à ceux d’un guide religieux avec ses fidèles. Elle s’en était excusé et le chapitre semblait clos. Que nenni.
Ce qui se passe actuellement indique que ce contentieux est loin d’être vidé. Car, si Serigne Saliou Thioune est le successeur de son père, un acte d’allégeance formel de sa tante aurait sans doute dissipé les craintes de Touba d’avaliser quelque chose qui est proscrit.
Conséquence, la dame est esseulée dans son combat malgré ses immenses moyens financiers. La preuve, on avance la somme de deux milliards et demi engagés dans les préparatifs du Magal.
Elle n’a apparemment ni l’onction du Khalife général des Mouride ni celle de Serigne Cheikh, le Khalife de Serigne Saliou. Elle est donc seule contre tous.
Elle tire son poids social de la bénédiction de son défunt époux qui n’avait pas hésité à la mettre à ses côtés. Elle a ainsi gagné la confiance de nombre d’affidés de celui-ci, mais cela ne suffira pas.
En effet, Serigne Mountakha ne peut avaliser quelque chose que ses prédécesseurs n’auraient jamais fait de Serigne Moustapha le premier Khalife à Serigne à Serigne Sidy Moctar Mbacké en passant par Serigne Falilou, Serigne Abdoulahad, Serigne Saliou, etc.
Une situation qui pose la problématique du rôle des femmes dans les sphères religieuses comme, nos confréries qui est pour le moment réglée de façon claire, sans équivoque par le dogme islamique et pas seulement mouride. Ces dernières, influentes par ailleurs, n’ont jamais dirigé ouvertement les hommes comme Aïda est en train de le faire.
Car, même elle ne se dit pas ouvertement « Cheikh », elle agit en conséquence.
Et malheureusement, au regard des dimensions sociologiques importantes, aucune organisation féminine n’osera aussi s’en mêler. Car, il s’agit d’une cuisine interne surtout lorsque la question touche au dogme religieux.
La question est d’autant plus sensible que lorsque que l’on se dit mouride, on se doit de se soumettre au ‘’ndigeül’’ du Khalife général surtout si ce dernier a rendu publique une ‘’fatwa’’ qui vous concerne.
Tout pour dire qu’un quelconque arbitrage sera difficile dans cette affaire. Une situation complexe créée par des circonstances exceptionnelles qui ont hissé une dame à un niveau important parce que jouissant de l’appui d’affidés et d’un pouvoir économique non-négligeable.
Une première sans doute qui, en réalité, n’aura aucun impact sur un évènement religieux qui se prépare activement au Sénégal et ailleurs. Car, il s’agira de revisiter l’héritage de Bamba, de se nourrir à son immense source spirituelle et de tout faire pour s’inspirer de son exemple afin d’éclairer les voies de l’avenir.
Et dans cet exercice, l’attitude d’une personne quelle qu’elle soit, importe peu. Fût-elle influente.
Le Magal sera célébrée dans la communion et chacun peut le faire chez soi ou en groupe.
Rewmi