L’influent prédicateur s’exprimait alors que les militaires au pouvoir à Bamako et la communauté internationale sont en plein bras de fer.
Ces derniers mois, l’influent prédicateur s’était fait plus discret. Mais jeudi 26 mai, l’imam Mahmoud Dicko a pris la parole pour dénoncer « l’arrogance » des militaires qui dirigent le pays, s’en prenant également à l’orgueil de la communauté internationale, alors que l’un et l’autre sont en plein bras de fer.
Une telle critique contre la junte au pouvoir est devenue rarissime de la part d’une personnalité nationale aussi éminente. L’influent religieux a lui-même plaisanté sur l’éventualité que ses propos lui vaillent d’être interpellé à la sortie du forum dans le cadre duquel il s’exprimait à Bamako.
Le peuple malien « pris en otage »
Cette prise de parole survient alors que la junte fait front face aux pressions d’une partie de la communauté internationale pour rendre les commandes du pays en crise à des civils élus. Le peuple malien est « pris en otage » entre les deux et est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de la propagation jihadiste et des pénuries, notamment provoquées par les sanctions internationales, a dit l’imam Dicko.
ON EST TRIMBALÉ ENTRE DES GENS QUI VEULENT UNE TRANSITION INDÉFINIE (LA JUNTE) (ET) DES GENS QUI ONT DES PRINCIPES
« C’est pour cela que j’ai parlé de l’arrogance de nos dirigeants. Ils vont m’interpeller, mais je le dirai : leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça », a-t-il martelé. Et d’ajouter : « C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes. »
Mahmoud Dicko : « Au Mali, ce n’est pas à la France d’imposer ses solutions »
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a infligé en janvier de vigoureuses mesures de rétorsion au Mali pour sanctionner le dessein qu’avait alors la junte de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq années supplémentaires. Les autorités ont revu la durée de la transition à 24 mois. Mais des tractations sont toujours en cours et les dirigeants de la Cedeao doivent tenir un sommet sur le Mali et d’autres sujets le 4 juin à Accra.
Des griefs à faire valoir? Il faut aller s’asseoir et leur parler en apparié mais pas sur la place publique.Maintenant c’est l’heure de l’action féconde, de la solidarité et de la cohésion face aux défis et aux dangers qui jalonnent le chemin.