« Ceux qui sont contre le régime parlementaire veulent être comme Wade »
Pour l’intellectuel et l’homme politique, le Sénégal a besoin d’une transition pour se remettre sur les rails de l’émergence et de la démocratie. Sorte de lavage à grande eau ! Mamadou Lamine Diallo préconise ainsi la fin du règne de l’homme providentiel, du « président-dieu ». Et pour cela, le régime parlementaire, tel que suggéré par les « Assises nationales », est la voie la mieux indiquée, a-t-il noté. Avant de confondre les contempteurs de ce système de gouvernance à des autocrates en herbe. « Ceux qui sont contre le régime parlementaire veulent être des présidents comme Wade, omniscient et omnipotent ; or, cela est révolu ».
Avec sa frimousse d’ange et ses choix politiques, Mamadou Lamine Diallo affiche une singularité dans ce nouveau paysage politique sénégalais. Par ses prises de position et son cursus, il passe pour un homme de dossiers. Ancien conseiller technique à la Primature, ancien directeur de cabinet du président de la Commission de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré, le président du Mouvement Tekki veut faire autrement la politique. Candidat malheureux à la Présidentielle de 2007 (0,48% des suffrages), il cède son fauteuil de tête de liste à Me Ndèye Fatou Touré, qui fait ainsi son entrée à l’hémicycle, sous les couleurs du Tekki.
Acte rarissime dans le landerneau politique du pays. « On a tout dit à ce sujet, certains m’ont même dit qu’elle (ndlr Ndèye Fatou Toure) allait me trahir. J’ai voulu montrer la voie », a-t-il confié avec fierté, au cours d’une discussion à Harlem, aux Etats Unis. Invité de la prestigieuse Princeton University pour discuter du thème : « Education, Science et Technologie dans le Développement de l’Afrique », Mamadou Lamine Diallo, docteur en Économie, en a profité pour non seulement vulgariser la vision économique du Mouvement « Tekki », mais aussi inciter la diaspora à se mobiliser pour chasser du pouvoir le président Abdoulaye Wade et son régime népotique en 2012.
Au chapitre de ses activités politiques, l’ingénieur polytechnicien des mines a effectué des rencontres de remobilisation politique à Baltimore, Rhodes Island et Washington, où il a servi pendant 3 ans au siège de la Banque mondiale. Avant-hier dimanche, Mamadou Lamine Diallo était dans la capitale économique des Etats-Unis. Ici, il a préféré rendre des visites de courtoisie aux Sénégalais de New York. Accroché sur la 116ème rue à Harlem, il n’a pu s’empêcher de déployer une palette de mesures pour convaincre de l’urgence de sauver le pays et de nettoyer les écuries d’Augias laissées par le régime Wade.
Pour lui, l’après-Wade doit impérativement être suivi d’une transition. Avec comme viatique le document des Assises nationales, il explique l’urgence de bâtir un nouveau système politique. « Le règne des hommes-dieu, qui écrasent tout le monde, est terminé. Maintenant, il faut penser à la mise en place d’une équipe de cadres compétents, qui vont relever notre pays de l’impasse, dans laquelle il se trouve. On ne doit plus donner le pouvoir à un seul homme qui nomme et dégomme à son gré, sans se soucier de la qualité ou de la compétence des gens. Notre pays regorge d’hommes et de femmes bien formés, il faut désormais faire avec eux pour que le pays se remette sur les rails de l’émergence », a-t-il martelé.
Mamadou Lamine Diallo de poursuivre : « ceux qui disent qu’ils sont contre le régime parlementaire, ils veulent juste être des présidents-dieu qui écrasent tout le monde. C’est-à-dire diriger comme Wade. Celui qui gouverne seul, il est vulnérable ; regardez ce qui se passe ailleurs dans le Continent. Mais si vous êtes une équipe, vous pouvez résister aux pressions de tous genres ». Une grosse pierre dans le jardin de l’Apr, seule formation politique membre de Benno Siggil Sénégal ayant émis des réserves sur le choix du régime parlementaire par l’opposition.
Amadou BA (correspondant permanent aux Etats-Unis)
LASQUOTIDIEN.INFO
