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Mame Abdou: Sur les traces de l’homme de Dieu Par Abdou Latif Coulibaly

Date:

SERIGNE ABDOU AZIZ SY DABBAKH ITINERAIRE ET ENSEIGNEMENTS : UN OUVRAGE DE L’ISLAMOLOGUE ABDOU AZIZ KEBE
Sur les traces de l’homme de Dieu

Abdou Aziz Dabakh : itinéraire et enseignements. C’est l’ouvrage que l’islamologue Abdoul Aziz Kébé vient de consacrer au défunt Khalif général des Tidianes, Abdoul Aziz Sy. dans son texte rédigé sous forme épistolaire, l’auteur se donne l’ambition de suivre dans son itinéraire et dans ses enseignements, le guide religieux rappelé à dieu en septembre 1997. Faire connaître et faire comprendre Dabakh Malick ! Le pari, pourrait on dire, est gagné par Abdoul Aziz Kébé.

Ce dernier a réussi à présenter le grand homme, dans sa double dimension spirituelle et sociale, à travers une présentation savante, mais parfaitement accessible à tous, des enseignements du guide religieux, en mettant aussi bien en évidence ses qualités humaines que celles de l’éducateur et du pédagogue accompli. Il a su situer l’homme dans une temporalité que « Mame Abdou » n’a jamais réellement entendu dissocier de sa mission spirituelle. L’auteur y arrive, en expliquant, de façon judicieuse, comment Mame Abdou Aziz Sy Dabakh s’impliquait dans la résolution des problèmes qui préoccupaient de son temps la société et qui constituaient pour elle des enjeux majeurs d’existence. Ainsi l’auteur peut écrire s’adressant outre-tombe à « Mame Abdou » : « Ton peuple te demande d’intercéder auprès d’Allah afin qu’il inspire ses guides spirituels à raffermir les liens de fraternité dans la foi et d’éduquer ses disciples, non pas dans le sens de l’identitarisme aveugle porteur d’exclusion, de discorde et de discrimination. Mais en les entraînant par le verbe et l’acte à la fusion de cœur qui favorisent le fait de sentir les mêmes pulsions ».

L’auteur se fait encore plus précis à cet égard quand il souligne le rôle de régulateur politico-social de « Mame Abdou » qu’il énonce et rappelle en ces termes : « Ton peuple te demande, là où tu es d’intercéder auprès de Dieu pour qu’il inspire ses dirigeants à se rappeler qu’en 1991 et les années suivantes, ils sont parvenus à désamorcer les crises, à se parler, à se battre sur des principes justes. Ils sont également parvenus à des avancées importantes sur des questions qui fâchaient, qui divisaient. C’est ainsi qu’on a eu l’Observatoire national des élections (ONEL), le code électoral consensuel, etc. ».

En posant de cette façon la conduite du khalifat de Mame Abdou Aziz Sy, mais en mettant surtout en évidence les moyens dont le saint homme disposait pour aider à réguler le jeu politique, Abdou Aziz Kébé fait davantage sentir le vide que la mort de Dabakh a laissé dans le pays. Et on le sent encore plus, quand on considère le contexte de crise et de blocage politique qui caractérise depuis presque une dizaine d’années la scène politique nationale. Par sa démarche l’auteur jette une lumière sur la nature même de la laïcité que nous vivons au Sénégal. A travers les explications qu’il donne sur le rôle politique de « Mame Abdou » qui n’en était pas moins un guide spirituel accompli et respecté, l’auteur démontre que notre laïcité plutôt que d’être antagonique et conflictuelle, est ouverte et dynamique, largement porteuse de progrès pour la démocratie.

Abdoul Aziz Kébé avec une plume sobre qui n’en porte pas moins une érudition certaine, remonte jusqu’à Cheikhou Oumar Foutiyou, pour mieux situer l’objet de son étude dans la grande famille religieuse Tidiane. Il parvient à établir cette connexion intelligente et heureuse entre l’oeuvre du fondateur de la Tidianya, Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, ses continuateurs, cheikh Oumar Foutiyou Tall, El hadji Malick Sy et ses trois héritiers que sont Ababacar Sy, Mansour Sy et Abdoul Aziz Sy Dabakh. a chacun, il donne sa part dans la construction et la consolidation de la grande confrérie tiadianya au Sénégal et dans la sous région.

Ainsi, l’auteur peut-il écrire : « Serigne Ababacar tout comme son frère Serigne Mansour qui le secondait dans l’administration de la communauté ont assuré un développement spirituel et organisationnel de la tidianya …. ». Le fort de Serigne Ababacar Sy, ajoute Abdoul Aziz Kébé, était d’avoir fusionné les valeurs négro africaines et l’éthique Soufi ». dans le chapitre intitulé « Babacar Sy, grand seigneur du Ngor », l’auteur insiste sur les qualités morales et spirituelles de l’homme qui en avait fait le grand khalife et le guide religieux authentique qu’il était.

Quant à Mame Abdou, l’auteur explique, dans le chapitre intitulé : « Abdoul Aziz prête moi le cœur », que dans la pratique de Mame Abdoul Aziz Dabakh, « apparaissent les traces d’une ligne diagonale qui relie deux points opposés. Un lien qui rapproche par une ligne droite deux liens qui semblent ne jamais pouvoir se rencontrer. Cette ligne de médiation qui sert de conducteur à la geste de la différence s’appuie sur les écritures islamiques ». C’est tout l’homme qui est ainsi décrit.

« L’offre de la hauteur élégante ». c’est un autre chapitre du livre dans lequel Abdoul Aziz Kébé déroule et explique la vie de Mame Abdou, en s’appuyant sur un poème de l’artiste parolier Ismaël Lô. Le texte est une ode à l’amour, mais il est aussi la marque saisissante d’une volonté de l’auteur d’offrir en exemple et en référence absolue un homme de bien, comme savent rarement en produire nos sociétés. En lisant le chapitre intitulé : « les voies et l’aspirant », on saisit mieux, sous la plume alerte et bien guidée de l’auteur Aziz Kébé, comment le guide concevait sa vie spirituelle et son statut de serviteur de dieu. Cheikh Hamidou Kane qui a préfacé l’ouvrage ne se trompe point, quand il affirme en citant l’auteur que : « Dabakh savait se fondre dans la masse des fidèles pour accomplir ses obligations spirituelles. Les Zawiyas ont connu sa silhouette, les piliers des mosquées s’étaient habitués à soutenir son corps frêle, et les espaces des sanctuaires se plaisaient à faire échos à sa voix chaude et quiète ».

Le professeur Iba Der Thiam qui a rédigé la postface de l’ouvrage dit la même chose que l’écrivain cheikh Hamidou Kane, quand il écrit que : « Dabakh a, par sa démarche, dominé son époque et figurait indubitablement au panthéon de ceux qui ont marqué le 20e siècle de façon indélébile en ces heures où le Sénégal est plongé dans une perplexité paradigmatique dans un monde globalisé (…). Un tel maître avait besoin du témoignage d’un disciple de talent. Abdoul Aziz Kébé, chercheur compétent et fécond a admirablement rempli ses offices en nous invitant à revisiter la geste incomparable du sage de Diacksao ».

Abdou Latif COULIBALY
lagazette.sn

4 Commentaires

  1. Salam ! k’ALLAH le Tout Puissant vous assiste pour cet article et guide vos pas. Il est parti, ce guide modeste et d’une dimension énorme. Nous n’allons jamais cesser de puiser dans ses enseignements aussi riches. k’ALLAH (SWT) puisse l’acueillir dans son « FIRDAWS » et nous guide dans cette Taqwâ révérentielle pour être de ses élus. Amen !!!

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