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Mamoudou Toure: In Memoriam! (par Adama Gaye)

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Au moment où on le met sous terre pour le rendre à Son Seigneur, il est juste de saluer la mémoire d’un grand africain, l’un des plus brillants non seulement de sa génération mais de l’histoire de notre continent. Je veux parler de Mamoudou Toure, ancien ministre des finances du Sénégal et Directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI).
C’est en 1990, dans son bureau Washingtonian du Fonds, alors que j’étais venu interviewer le President de la Banque mondiale de l’époque, Barber Conable, et son homologue à la Sfi, Sir William Ryrie, que je fis sa connaissance dans son petit bureau de directeur Afrique du FMI.
Maigrichon, visage émacié, voix lente, avec un accent pulhar, âme religieuse évidente, il me retint pendant deux heures pour me parler des…contraintes du fmi sur la liberté de ses employés.
Je le pris en sympathie et nous eûmes depuis des relations d’amitié. Je ne pouvais surtout plus cesser de me pâmer devant son encyclopédique connaissance des questions économiques et de développement.
Un jour, à la fin des années 90, alors que nous étions sur un vol Bamako-Dakar, je fus surpris de l’entendre me dire: “enfin merci de me rassurer, j’en étais réduis à me demander si j’étais le seul à mesurer la gravité de la crise dans nos pays, à commencer par le notre”. Lorsque je lui demandais la raison de son scepticisme, sa réponse fut celle du haut, pointu, technocrate qu’il était; “Je n’ai pas vu les dernières statistiques”.
Tel était Mamoudou Toure. Simple, avenant, humble mais rigoureux, érudit et dense.
Ces dernières années, rien ne pouvait le distinguer d’un vieux pulhar vendeur de cola ou imam dans une mosquée tant son accoutrement jurait d’avec ce qui était la norme de l’univers financier qui enroba l’essentiel de sa vie.
Les sénégalais gardent de lui le souvenir de ses joutes économiques avec Abdoulaye Wade à l’assemblée nationale. D’autres sont nostalgiques de sa rigueur qui le faisait refuser les faveurs indues à qui que ce fut même aux chefs religieux.
Mamoudou Toure est, à cet égard, un mentor.
À mon ami, son fils, Ibrahim Toure, de l’Agence des grands travaux de Côte d’Ivoire, à son épouse, la très classe Maïmouna Kane, et à Alassane Ouattara, qu’il dénicha, lui offrant son premier emploi au FMI, je présente mes condoléances.
Avec sa disparition, c’est l’Afrique entière, le Sénégal en premier, qui perdent une pépite de diamant. Un leader.
Que Dieu le rétribue à la hauteur de son action et symbole sur cette terre, vallée des larmes, qu’il aura marqué de son empreinte!
Un grand Monsieur. Une référence. RIP, Seydi Mamoudou !

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