Les jeunesses de l’Alliance pour la République (Apr) ont tenu un sit-in hier devant le siège de la Senelec, sis à la rue Vincent. A cette occasion, Cheikh Ndiaye et Cie ont décrété «la fin de l’opposition de salon» pour faire «place à des actions sur le terrain». Par Oumar Seydou BA
Ambiance inhabituelle, hier, à la rue Vincent, au siège de la Senelec, à la mi-matinée. Pendant une bonne heure, les jeunes de l’Alliance pour la République (Apr) ont tenu en respect travailleurs, usagers et commerçants. Une formule trouvée pour protester contre les coupures d’électricité. Par petits groupes de deux ou trois personnes, les manifestants ont convergé vers le lieu indiqué sans se faire remarquer, se confondant par endroits à la foule anonyme. A un moment, les habitués pensaient avoir affaire à des agresseurs. Mais les tracts jetés à leur visage indiquaient le contraire. Telle une traînée de poudre, la nouvelle se répand dans le quartier et même au-delà, à savoir que l’Apr a décidé de casser la Senelec. Et c’est l’affolement total, lorsque les manifestants, à visage découvert, se mirent à scander des slogans hostiles et à lancer des projectiles : «c’est fini ! Ça suffit?! Samuel Sarr doit partir?!», crient les jeunes. Puis, c’est la débandade totale, le sauve-qui-peut. Pour se dégager et sortir de l’étau, des automobilistes klaxonnent désespérément dans le vide. Ce qui ajoute à l’excitation des manifestants bien décidés à mettre sens dessus-dessous le siège de la Senelec. Pour en rajouter à l’ambiance surchauffée et électrique, une pierre fait voler en éclats des vitres qui tombent en mille morceaux à l’étage supérieur. Travailleurs et vigiles se précipitent à l’intérieur et s’y barricadent. C’est le moment que choisit un manifestant pour verser de l’essence sur une voiture de la Senelec, stationnée près de la porte d’entrée. Puis, il essaie de l’incendier avec un mégot de cigarette qu’il a discrètement fait tomber par terre, histoire de ne pas se faire remarquer. Curieusement, la voiture n’a pas pris feu. Déçus, les manifestants que rien ne semble pouvoir arrêter maintenant allument un pneu. La fumée se répand dans l’atmosphère et pénètre dans les bâtiments. C’est ensuite des toussotements, des éternuements, des hoquets et des complaintes. Flairant le pire pour eux s’ils restent inertes, des officiels de la boîte, pris entre le marteau de la fumée et l’enclume des jets de pierres, prennent leur courage à deux mains et décident de faire face aux manifestants. Les boutiquiers baissent pavillon. Les vendeurs de fruits et autres trouvent refuge dans un parking situé non loin de là, à l’angle opposé.?«Il faut libérer les voitures avant qu’ils ne prennent feu?!», ordonne un agent de la Senelec. A cet instant précis, arrive la Police qui procède à un bouclage des lieux avant de les occuper. «Médecin après la mort», s’offusque un employé. Mais à l’arrivée des policiers, pas l’ombre d’un manifestant.?«Ils ont battu en retraite pour ne pas être pris», renseigne un habitué des lieux. Faute d’adversaires, une partie des policiers se joigne au groupe des vigiles occupés à éteindre le feu et à dégager la chaussée de ses détritus à l’aide des moyens de fortune. A l’autre bout, loin des regards indiscrets, Cheikh Ndiaye, porte-parole des jeunesses de l’Apr, lit une déclaration. «Nous exigeons le départ immédiat de Samuel Sarr qui ne fait qu’accumuler les revers depuis qu’il est à la tête de cette structure, d’abord en tant que Directeur général, puis en tant que ministre. Nous sommes là pour informer l’opinion que désormais, l’opposition de salon, c’est fini?; les communiqués de presse dans les salons huppés, ça appartient au passé.» M. Ndiaye ajoute?:?«La journée d’action d’aujourd’hui (hier) est l’acte N° 1 d’une série d’actions que nous comptons mener jusqu’à l’obtention d’une satisfaction totale.» Puis d’aviser?: «Nous allons expérimenter de nouvelles formes de lutte. Le peuple en a marre des Wade.»
Malgré leur détermination, les jeunes de l’Apr affirment être conscients de l’illusion d’une lutte solitaire. C’est pourquoi, ils invitent «tous les jeunes du pays, toutes classes d’âge confondues à dire non à la roublardise, à l’arbitraire, à la gabegie et surtout à entreprendre des actions d’envergure». Le porte-parole des jeunes de l’Apr rappelle les promesses non tenues du Président : «Abdoulaye Wade ne nous avait pas dit ça, lui qui nous avait promis le kilo de riz à 60 francs. Abdoulaye Wade est carrent, dépassé par les évènements», comme son discours sur «la renaissance, sur l’identité africaine». Avant de conclure?: «S’il est incapable de tenir ses promesses, qu’il rende le tablier?!»
lequotidien.sn
Merci jeunes de l’APR de vous etre lever en premier et de defendre toute la population vous y compris