Les usagers de l’électricité ne vont pas voir bientôt le bout du tunnel, car les délestages reprennent bientôt avec force. Et cela, pas plus tard qu’en début d’avril. Le plan Takkal dont le gouvernement vantait la réussite, s’est révélé un échec. Malgré les milliards qui ont été investis dans ce plan, l’Etat du Sénégal n’est plus en mesure d’assurer l’approvisionnement du carburant et de payer la location des centrales démontables.
Les foyers du Sénégal vont bientôt renouer avec les coupures intempestives d’électricité, si ce n’est déjà le cas dans certaines parties du pays. D’un coût de plus de 200 milliards de francs Cfa, le Plan Takkal, si cher au ministre Coopération internationale, des Infrastructures, des Transports aériens et de l’Energie, Karim Wade, est en passe d’être un fiasco. Le Quotidien a appris que le gouvernement du Sénégal, qui a l’obligation contractuelle de payer du carburant pour faire fonctionner les groupes loués à la société américaine Apr dans le cadre de ce plan, n’est plus financièrement en mesure de le faire.
«L’opération a été hasardeuse dans la mesure où le carburant était trop cher et le budget avait été fait sur des bases erronées», ont révélé des personnes bien au fait de la situation. Le budget pour l’approvisionnement du combustible avait été élaboré sur la base d’un baril à 80 dollars. Or, aujourd’hui, ce produit atteint 120 dollars, créant une forte tension dans la trésorerie du pays, qui a des difficultés à suivre. De septembre 2011 à février 2012, le gouvernement du Sénégal a assuré l’achat du carburant. Mais maintenant, le budget prévu à cet effet a été totalement consommé, et le gouvernement n’a plus d’argent pour acheter du carburant pour faire fonctionner les centrales.
Dans ces conditions, c’est la Société nationale d’électricité (Senelec) qui est obligée de puiser dans ses fonds pour tenter d’assurer l’approvisionnement du carburant. C’est d’ailleurs ce qui explique les coupures d’électricité constatées ces derniers jours, car la trésorerie de la Senelec est elle-même déjà assez étirée. Conséquences, la situation risque d’empirer bientôt. «Dès avril on va retomber dans la situation d’avant le plan Takkal, et le nouveau gouvernement sera confronté à cette situation», prédisent les pessimistes.
A ce problème d’approvisionnement du carburant s’ajoute le paiement de la location des groupes électrogènes. «Le ministère des Finances n’arrive plus à assurer la trésorerie pour la location de ces groupes. D’ailleurs, l’Etat du Sénégal doit aux sociétés qui lui louent ces groupes deux mois d’arriérés.» Pire ces sociétés ont commencé à grincer des dents.
Cette situation était prévisible car les gens qui ont accepté de parler rappellent que des cadres de la Senelec avaient dénoncé dès l’annonce de ce schéma, la mise en place du plan Takkal. Ils avaient proposé que l’argent destiné à ce plan soit investi pour le renforcement du parc des machines et des capacités de la Senelec. Cela, selon eux pouvait garantir le règlement de la situation et mettre fin aux délestages. Ils n’ont pas été suivis, et le régime qui vient après le 25 mars, va se battre avec une situation aussi vieille que l’Indépendance.
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