C’est un marché estimé entre 600 millions et 1 milliard de FCfa destiné à la location de véhicules pour le Festival mondial des arts nègres qui a été octroyé à une seule société de location, sans appel d’offre. Suffisant pour soulever l’ire du Syndicat autonome des professionnels loueurs de voitures (Saplv). Forte de 27 sociétés de location, ce syndicat patronal demande aux autorités de rectifier le tir pendant qu’il est temps.
Un parfum de magouille ou de violation du code des marchés publics fait tâche dans le cadre de l’organisation du 3ème Festival mondial des arts nègres qui se déroule actuellement dans le pays. C’est précisément la procédure dont le marché de location de véhicules devant faciliter la circulation des festivaliers s’est déroulé, qui pose problème.
Face à la presse, ce lundi 13 décembre au siège du Conseil national du patronat (Cnp), le Syndicat autonome des professionnels loueurs de voitures (Saplv) est monté au créneau pour dénoncer des irrégularités constatées sur l’attribution des marchés de la location de voiture lors des grandes manifestations nationales et internationales et ponctuellement le Festival mondial des arts nègres. « Il a été constaté depuis plusieurs années d’ailleurs des irrégularités sur l’octroi des grands marchés de l’Etat, par exemple, l’Organisation de la conférence islamique (Oci) et aujourd’hui le Festival mondial des arts nègres ». Selon le syndicat, « à chaque manifestation importante, aux vues de certaines personnes, le marché de la location de voitures est octroyé à une seule entreprise sans appel d’offre ».
Le secrétaire général du Saplv, M. Babacar Diop affirme avoir alerté qui de droit, juste après l’Oci, pour une parfaite collaboration dans ce sens. A l’en croire, lors de l’Oci, les autorités leur ont fait faire des investissements avec l’achat de véhicules neufs pour ensuite octroyer 50% d’un marché de près d’un milliards de FCfa à une seule entreprise et ensuite « créer des sociétés fictives pour se partager avec nous le reste. » A l’en croire, beaucoup de sociétés fictives qui ont pu bénéficier des marchés de location de véhicule lors de l’Oci ont disparu juste après cet événement.
Le Salpv dit ne pas comprendre sa mise à l’écart dans le marché du Festival mondial des arts nègres, du moment qu’il confie avoir eu des séances de travail auparavant avec M. Alioune Badara Bèye, alors responsable de l’événement, Jean Pierre Bloc de Médiatique Events qui a été dessaisi de l’organisation de cette manifestation, puis avec M. Dramé Seck, directeur des transports terrestres. D’après ce syndicat patronal, la nouvelle équipe dirigée par Abdou Aziz Sow, informée de l’état d’avancement des travaux menés dans le cadre du marché de location de véhicule pour le festival, « a préféré faire fi et procéder par des engagements individuels ».
27 sociétés de location laissées en rade
Si les organisateurs de ce rendez-vous du festival estiment que ce festival est une « aubaine » pour les opérateurs économiques du secteur, le Saplv ne le voit pas de cet œil. Cette organisation patronale estime qu’avec « ce coup fourré », ce sont quelque 27 sociétés de location de voitures formant un parc global de plus 1200 véhicules qui sont laissées en rade. Selon le président de la Salpv, M. Aimé Sène, la seule entreprise désignée pour exécuter ce marché n’étant pas à même de respecter ses engagements, sous-loue à des non professionnels ou des particuliers disposant de bus de transport en commun ou véhicules qui ne sont pas adaptés à ce genre de demande. Le Saplv a tenu à préciser qu’aucune société de location de véhicules au Sénégal n’est actuellement en mesure de satisfaire, à elle seule, ce type de marché. De l’avis de M. Sène, cette démarche discriminatoire fragilise les professionnels du secteur qui sont pourtant bien visibles, bien domiciliés et s’acquittent de leurs droits d’établissement et de leurs obligations fiscales et salariales.
Cependant, pour lui, « il est toujours temps de rectifier le tir parce qu’il reste une vingtaine de jours dans le festival ». Et d’ajouter : « contrairement à beaucoup de pays, les loueurs professionnels du Sénégal sont bien organisés avec un marché réglementé ». Selon M. Sène, « avec un parc de 1500 véhicules, si on nous avait sollicité, les gens n’auraient pas besoin de contacter des non professionnels ». Ce qui lui fait dire : « aujourd’hui, le Sénégal est en mesure de se frotter à des pays comme le Maroc ou la Tunisie dans le domaine de la location de voitures ».
Face à la situation, le Syndicat autonome des professionnels loueurs de voitures sort de sa réserve pour indiquer qu’il est impérieux de prendre les mesures idoines propres à réglementer ce secteur qui, selon eux, apporte beaucoup à notre pays aux points de vue économique et fiscal, sans oublier la création d’emploi.
sudonline.sn