L’Asecna compte 18 Etats membres (les 17 se trouvent en Afrique, le 18ème étant la France) dont le Sénégal qui en abrite le siège et est, à ce titre, dépositaire de la Convention de Dakar de 1974. Pourtant en 2007, pris d’un soudain accès de « patriotisme égaré », un ministre de la République, un certain Farba Senghor alors ministre de tutelle, obnubilé par l’argent que brasserait l’Agence, avait rué sur le tarmac et décrété la « sortie de piste » du Sénégal de l’Asecna, au nom d’une pseudo « souveraineté nationale ».
Ses yeux hagards et pétillants de redevances d’atterrissage n’avaient trompé personne sur les véritables motivations de cette gesticulation malheureuse, inspirée en réalité par son patron d’alors, un certain Abdoulaye Wade, 3ème président du Sénégal qui, face aux affres d’un budget national troué et des fins de moi au taquet, y voyait-là un « jackpot » à ne pas partager alors qu’en réalité, le Sénégal n’a droit qu’à 50% de ces dites redevances d’atterrissage.
Pourtant avec le privilège exceptionnel d’abriter le siège de l’agence, le Sénégal serait de tous les Etats membres, celui qui profite le plus de l’Asecna. De 2001 à 2005, le Sénégal a bénéficié de dépenses d’investissement pour plus de 38 milliards de FCfa.
Pour l’exercice 2006, alors que les frais de gestion facturés par l’Asecna aux AANS se montaient à 508 millions de FCfa, le Sénégal n’était pas à jour pour ce qui est du paiement de ces frais. A ce titre, le Sénégal devait à l’époque une somme de près de 3 milliards de FCfa à l’Asecna. Interpellé hier sur la question « délicate », le Directeur général de l’Asecna, à juste titre, n’a pas souhaité réagir, arguant simplement que la question « n’est pas à l’ordre du jour !».
On peut aussi simplement imaginer que le Sénégal reste détenir une ardoise à cet instrument de coopération unique au service des Etats membres. Rappelons toujours… simplement, qu’en 2008, le Sénégal avait refusé de verser les redevances aéroportuaires. Ce qui n’est pas sans évoquer d’ailleurs la 36ème Assemblée de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) qui « priait instamment » les Etats contractants de « veiller à ce que les redevances d’aéroports et de services de navigation aérienne ne servent qu’à recouvrer les coûts de la fourniture de services à l’aviation civile et de la mise à disposition d’installations ».
sudonline.sn