De toutes les communes créées à la suite du nouveau découpage administratif, le cas de Ndombo Sandjiri (département Dagana), aura le plus attiré l’attention. L’érection de ce village en commune entraîne la mise sous délégation spéciale de la communauté rurale de Mbane. Une décision qui rend ainsi, nulle la longue et dure bataille, à la fois politique et judiciaire, menée et gagnée par l’opposition regroupée au sein de Bennoo siggil senegaal.
En effet, depuis les élections locales de mars 2009, Mbane, chef-lieu de communauté rurale, fait l’objet de convoitises entre l’opposition et le parti au pouvoir. Et c’est au soir de ces élections que s’ouvrent les hostilités. Bennoo, sorti vainqueur du duel du 22 mars, l’opposant au parti au pouvoir, n’aura alors pas le temps de savourer sa victoire. Estimant les élections irrégulières au niveau de cinq bureaux de vote de cette localité, l’avocat de la mouvance présidentielle, Me Babou, introduit une requête auprès de la Cour d’appel pour annuler les résultats au niveau desdits bureaux. Ce que fit la Cour : la coalition Sopi, battue dans les bureaux de vote, s’est retrouvée aux commandes du Conseil rural.
L’opposition conteste en introduisant un recours en annulation au niveau de la Cour suprême. En attendant que cette instance judiciaire statue, Amath Dansokho et Cie engagent la bataille politique. Coup d’envoi, lors de l’installation du nouveau Conseil rural (celui du Pds). La cérémonie se déroule sous haute surveillance policière. Les leaders de Bennoo sont au premier rang de la marche de soutien à l’équipe du Conseil rural dirigé par Aliou Diack.
Amath Dansokho, Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, etc. ne se sont pas arrêtés là. Ils mettent sur pied une commission chargée de réfléchir sur un plan d’action à mettre en œuvre pour ‘récupérer’ Mbane des mains du pouvoir. Ils accusent Abdoulaye Wade et son régime d’ourdir un plan visant à installer un des leurs à Mbane, histoire de couvrir les donations de terres faites au profit de libéraux : ministres, directeurs généraux, entre autres personnalités.
Août 2009, retournement de situation. Le verdict de la Cour suprême tombe. Les magistrats de cette juridiction tranchent en faveur de l’opposition. ’Nous avons un sentiment de satisfaction après une longue lutte et cela démontre que lorsqu’on utilise des arguments juridiques, la vérité finit par éclater’, avait alors commenté Me Moustapha Mbaye, avocat de l’opposition.
Il a fallu toutefois attendre le 16 novembre 2009, pour que l’équipe du Conseil rural destituée naguère soit réinstallée dans ses fonctions. Huit mois seront passés après les élections, les membres de l’opposition auront effectué une gymnastique infernale. Mbane avait retrouvé un semblant sa sérénité.
Moins de deux ans plus tard, rebelote. A la faveur du nouveau découpage administratif, Mbane renoue avec l’instabilité et les tiraillements entre le pouvoir et l’opposition qui, si les choses restaient en l’état, se sera battue pour rien. Depuis Stuttgart en Allemagne où il se trouve, Aliou Diack, le président du Conseil rural de Mbane, s’est fait entendre. Il a adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat pour dénoncer la décision d’ériger Mbane en commune. Pour lui, il n’y a pas de doute, le but ‘inavoué’, c’est de l’éjecter de son siège. Il charge : ‘La coalition Sopi autour du Parti démocratique sénégalais (Pds) n’a jamais accepté cette volonté populaire et a essayé, depuis ces fameuses élections, par tous les moyens légaux, mais le plus souvent illégaux, d’empêcher le Conseil rural de Mbane gagné par Bennoo siggil Senegaal de fonctionner correctement et d’accomplir son mandat électif.’
Amath Dansokho et ses camarades vont-ils, à nouveau, refiler leur manteau de combattant et faire face au pouvoir pour que leurs efforts fournis pour protéger leur victoire en 2009 ne soient pas vains ?
Yakhya MASSALY
walf.sn