Il y a bien quelque chose qui ne tourne pas rond : la multitude de missions en Côte d’Ivoire pour tenter de trouver une issue à la crise post-électorale est probablement le signe de l’extraordinaire complexité du dossier.
ABIDJAN – Rarement une crise dans un pays aura mobilisé autant de médiateurs en un temps record : entre le 5 décembre 2010 et le 10 janvier 2011, pas moins de six négociateurs se sont succédé sur les bords de la lagune Ebrié. Le premier à s’être rendu sur place à Abidjan, quelques heures après que la crise post-électorale avait éclaté, fut le Sud-africain Thabo Mbeki. L’arrivée de ce dernier le dimanche 5 décembre 2010 pour un séjour de 48 heures ne pouvait que rappeler sa médiation menée des années plus tôt.
Novembre 2004, Mbeki, alors président de la République d’Afrique du Sud, débarquait dans une ville abidjanaise où des militaires français avaient ouvert le feu sur les jeunes patriotes devant l’hôtel Ivoire. Le Sud-africain avait pu arracher de précieuses avancées de la part des parties en conflit : régime de Laurent Gbagbo et rébellion armée. Mais sa médiation – quoique respectable – a tourné court, la rébellion l’accusant d’amitiés avec Laurent Gbagbo.
Lors de son récent séjour en Côte d’Ivoire, il était mandaté par l’Union africaine. Comme en 2004. Thabo Mbeki a rencontré séparément Laurent Gbagbo, proclamé président par le Conseil constitutionnel, Alassane Ouattara, donné vainqueur par la Commission électorale et Young J. Choi, représentant spécial de Ban Ki-Moon. Il est reparti d’Abidjan avec sa compréhension de la crise. Le point de sa médiation n’a jamais été réellement connu qu’on apprenait la venue à Abidjan du président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping.
M. Ping est arrivé dans la capitale économique le 17 décembre pour une visite de 24 heures. Il a aligné les rencontres en direction des différents acteurs. Au terme de sa visite, il démentait – chose surprenante – toutes allégations portant à croire que l’instance africaine avait demandé le départ de Laurent Gbagbo. ‘L’Union africaine a dit ça ? L’Union africaine ? A ma connaissance, je ne crois pas !’, a répondu Jean Ping à un journaliste qui l’interrogeait précisément sur un communiqué de l’Ua. Le président de la Commission n’a finalement rien obtenu hormis – peut-être – des informations détaillées de la part des acteurs sur les origines de la crise.
Il a passé le témoin à Raila Odinga, Premier ministre kenyan, nouveau médiateur de l’Ua. M. Odinga a pris part à une mission à Abidjan le 3 janvier 2010 en compagnie des trois émissaires de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : les présidents Boni Yayi (Bénin), Pedro Pires (Cap-Vert) et Bai Koroma (Sierra Leone).
Neutralité contestée
Le trio avait séjourné à Abidjan une première fois – mardi 28 décembre 2010 – en l’absence d’un représentant de l’Ua. La mission conjointe (Ua-Cedeao) du 3 janvier aurait pu être considérée comme la dernière mission en date de mandataires africains s’il n’y eut pas cette médiation tout à fait inattendue et bien discrète du Nigerian, Olusegun Obasanjo. Il aurait été mandaté par Goodluck Jonathan, président en exercice de la Cedeao et lointain successeur d’Obasanjo à la tête de la République fédérale du Nigeria. Pourquoi alors désigner un médiateur en secret alors que trois chefs d’Etat ont été mandatés pour trouver un règlement à la crise post-électorale en Côte d’Ivoire ? Pourquoi faire suivre autant de négociateurs au risque d’embrouiller la…médiation ?
La question n’a probablement rien d’incongru. Elle laisse entrevoir la délicatesse du dossier et une crispation des positions. Entre un Laurent Gbagbo qui croit tenir le bon bout et qui reste, par-dessus tout, dopé par sa…légitimité constitutionnelle et un Alassane Ouattara flatté par…une reconnaissance internationale quasi-unanime, le lien est totalement rompu. On voit mal ce que peuvent proposer les négociateurs que l’un et l’autre puissent accepter sans trouver à redire ? Aux dirigeants africains qu’il reçoit, Laurent Gbagbo explique qu’il est bel et bien le gagnant du scrutin du 28 novembre ; arguments constitutionnels à l’appui. Alassane Ouattara voit chez son rival un mauvais perdant et rejette systématiquement sa proposition d’un recomptage des voix.
Voilà que les positions n’ont jamais été autant tranchées. Ajoutée à cela la méfiance que peuvent avoir les parties vis-à-vis de certains médiateurs, le tableau est tout, sauf celui propice à une sortie de crise rapide.
Pedro Pires, l’un des trois dirigeants ouest-africains à représenter la Cedeao n’avait pas été ménagé par la presse proche du Golf hôtel : le Cap-verdien était critiqué pour une posture jugée assez proche de Laurent Gbagbo. Son gouvernement avait fait publier un communiqué qui privilégiait clairement la voie du dialogue à celle d’une intervention armée. Le camp Ouattara l’aurait accusé d’avoir dévoyé la mission de la Cedeao lors de leur entrevue du 3 janvier. Pedro Pires- qui ne paraissait pas supporter de telles accusations- aurait menacé de sortir de la médiation.
Côté Laurent Gbagbo. On a eu des raisons de prendre avec méfiance la désignation de Raila Odinga en qualité de médiateur de l’Ua. Le Premier ministre kenyan avait clairement affiché ses convictions sur la crise le 17 décembre à Nairobi : Laurent Gbagbo doit partir ou être délogé, par la force si besoin. ‘Le monde ne peut attendre de M. Gbagbo qu’il agisse dans l’intérêt de la démocratie ou qu’il prenne des décisions en faveur de son peuple. Il faut dès lors prendre une décision pour lui’, avait déclaré Raila Odinga. Il n’est pas nécessairement l’émissaire qu’aurait souhaité Laurent Gbagbo et son entourage si l’on considère que son impartialité était sujette à caution.
Les tentatives pour arriver à une solution durable à la crise post-électorale ne sont en définitive facilitées ni par l’abondance de médiateurs ni par la suspicion qui pèse sur certains parmi les dirigeants africains appelés à la rescousse.
Jean-Marie LEBEL
walf.sn
C’est triste l’afrique! que des nuls et des dindons de la farce. Qui vivra verra, une fois de plus le monde se moquera de l’afrique comme d’habitude. Qui dire? sauf que nous sommes un continent de nuls et de tres, tres bons mediocres.Quelle tristesse. Quelle honte d’etre africain comme si on avait pas d’intellos capables de trouver de solutions à nos problemes.