Les Sénégalais expriment leur colère
La marche du comité national de lutte contre les coupures d’électricité et délestages a eu lieu hier, à Mbour, sur un itinéraire de trois kilomètres, de l’avenue Demba Diop à la préfecture .Elle a démarré à 17 heures pour finir aux environs de 18heures 15.Les responsables locaux de Benno Siggil Sénégal et le maire de Mbour étaient au premier rang pour montrer leur solidarité et adhésion à cette démarche .Plusieurs dirigeants et acteurs de la société civile, des membres du mouvement citoyen venus de tous les coins du pays ont pris part à la marche organisée en collaboration avec la Convention Mbouroise. Sur des pancartes, on a pu lire « le départ de Wade et de Samuel » après la défaillance constatée dans la production et la gestion de l’électricité. ‘’La Casamance dit non aux bougies – Pas d’électricité –Pas d’économie- Le peuple est fatigué et dit non aux factures estimées –La Senelec ,la vache à lait de la dynastie Wade’’ sont parmi les inscriptions lisibles sur des affiches et pancartes . La marche autorisée s’est faite sous escorte policière.
Brassards, bandeaux noirs ont été arborés par les marcheurs venus des quatre coins du pays. Mbour a été le point de ralliement des Sénégalais qui dénoncent les coupures d’électricité et leurs conséquences sur l’économie et le bien-être des populations.
La foule estimée à plusieurs centaines de personnes a eu un comportement responsable. Aucun incident n’a été enregistré.
Mouhamed Mbodji du Forum civil interrogé à la fin de la marche indique que ce sont des citoyens qui ont leur responsabilité par rapport à une faillite de la gouvernance accompagnée d’une arrogance inadmissible qui ont manifesté leur désarroi. Il déplore les réponses tardives des politiciens et de l’opposition. Il en déduit un effondrement des acteurs historiques qui ont tardé à prendre leur responsabilité.
Le journaliste et écrivain Abdou Latif Coulibaly pense que « la marche organisée à Mbour représente une expression fondamentale du citoyen à dire non et à prendre la parole pour s’exprimer sur ce qui se passe au Sénégal qui est extraordinaire.’’. Le journaliste d’ajouter : « Il me semble que le courant n’est pas un luxe, mais un droit pour tout citoyen de pouvoir s’éclairer. On est dans un pays où le courant est un luxe. Les responsables du courant se comportent comme s’ils avaient un droit de vie ou de mort sur les gens’’ a-t-il avancé.
Abdou Latif Coulibaly justifie sa présence à la marche par le partage avec des populations qui disent leur ras- le- bol .Selon lui, sa gouverne est faite depuis longtemps que « dans ce genre de manifestation les Sénégalais ont le droit de dire ce qu’ils pensent. Le contraire va faire croire aux responsables que le peuple est avec eux alors que les choses ont une autre connotation » Il a insisté sur une réalité : la contestation n’est pas l’apanage de Dakar ou des grandes agglomérations .Il a fait le rappel sur de grandes manifestations à travers le pays comme celles de Kédougou, Kolda ou Mbour.
La démission de Samuel Sarr et de Seydina Kane demandée
Le Comité national contre les coupures d’électricité au Sénégal a hier, à l’issue de sa marche nationale organisée à Mbour, remis un mémorandum, adressé au président de la république et remis au préfet de Mbour. Il demande le départ immédiat de Seydina Kane et de Samuel Sarr de leurs portefeuilles respectifs de Directeur de la Senelec et de ministre de l’énergie. Cette structure a fait état de la faillite et de l’échec manifeste de la Senelec à fournir du courant de manière correcte aux Sénégalais. Il s’est prononcé sur la violence et les dégâts récurrents comme les coupures imposées quotidiennement aux Sénégalais .Il déplore le coût élevé des factures bimensuelles, une contradiction par rapport à l’irrégularité de fourniture de l’électricité aux abonnés. Le Comité se désole de l’impertinence des explications confuses fournies sur les coupures par les autorités compétentes et partage les sentiments de frustration des populations.
Dans la même veine, mais cette fois-ci dans une déclaration, le Comité national contre les coupures d’électricité au Sénégal insiste sur sa « mission de veille et d’alerte, le fer de lance des populations contre la cherté du coût du courant, le mauvais système de tarification, la qualité de service offerte par la Senelec et le mauvais choix fait pour nommer des responsables de l’électricité ». Il a fait état hier, à Mbour de la hantise des populations Sénégalaises par rapport aux coupures d’électricité. Le Comité est revenu sur les expressions des manifestations consécutives à ces faits.
La rupture du silence et l’expression montrent, selon lui, un début de prise en charge des problèmes des Sénégalais par eux –mêmes. Le rappel est fait sur les émeutes de la faim et aujourd’hui suivies par celles des manifestations sur les délestages .Les coupures d’électricité sont source d’insécurité et d’arrêt des activités économiques de toutes sortes. Le monde de l’artisanat est plongé dans un délabrement moral suite à un manque permanent de pouvoir faire à face certains engagements en plus d’une baisse totale de revenus et d’activités.
Le comité national se réconforte de porter en son sein des composantes comme la Convention Mbouroise, l’Alliance citoyenne, Takku askanwi (sénégalais aux Etats-Unis), le mouvement citoyen Leral Askan wi et le conseil communal de la jeunesse de Mbour.
Réactions…
Barthélémy Dias a été amer hier, à Mbour à l’endroit du manque de courant électrique un fait devenu permanent dans le quotidien des Sénégalais. A l’en croire « ce manque est synonyme de chaos économique ». Il a, par ailleurs, déploré la pause très longue opérée dans la fabrication et la livraison des cartes d’identité nationales.
Pour Babacar Mbengue le président de la Convention Mbouroise, les populations ont répondu à l’appel en participant à la marche .Elles traduisent leur déception par rapport à la fourniture d’électricité .Pour lui, le but visé est la continuation de la marche et de ce type d’actions à travers plusieurs localités du pays et par d’autres acteurs .Il a invité les populations à s’y inscrire à l’image de celle prévue le 30 juillet 2010 à Louga.
La fin des poursuites contre les interpellés des émeutes de l’électricité à Mbour et les dirigeants de la Convention Mbouroise auditionnée par la police est souhaitée et demandée dans un mémorandum
sudonline.sn
Mbour : front uni contre les coupures d’électricité
(APS) – La Convention mbouroise et plusieurs organisations de la société civile regroupées au sein du Comité national de lutte contre les coupures d’électricité au Sénégal ont organisé, vendredi à Mbour, une marche de protestation contre les coupures d’électricité, a constaté l’APS.
Encadrés par une forte escorte policière, les marcheurs, dont certains arboraient des tee-shirts et des foulards noirs, ont emprunté l’avenue Demba Diop.
Durant toute la manifestation, ils n’avaient que ces slogans à la bouche : « Pas d’électricité, pas d’économie, pas de développement », « Non aux compteurs de la mort », « La SENELEC nous vole la vie », « Pas d’éléctricté au Sénégal, le peuple en deuil », etc.
« Nous rejetons l’impertinence des explications confuses des autorités compétentes qui lient toujours les coupures à des causes externes à la SENELEC », déclare Papa Hamdy Ndao, l’un des porte-paroles des marcheurs.
« Après les émeutes de la fin, les Sénégalais, privés des services sociaux de base, plongent dans un désenchantement total », renchérit Mamadou Bodian du Comité national de lutte contre les coupures d’électricité au Sénégal.
Les coupures intempestives d’électricité font craindre ‘’le retour au galop de l’insécurité’’, faisant planer du coup la psychose des agressions physiques et des vols à main armée, a-t-il noté.
Selon les marcheurs, Mbour, point de départ du mouvement de contestation contre les coupures d’électricité, souffre, comme toutes les autres villes du pays, de la crise provoquée par les délestages.
« Les délestages tuent les petits commerces qui dépendent de l’électricité et nourrissent des centaines de milliers de familles », estime Mamadou Bodian.
‘’Cette situation, grave et injustifiée, ’’ touche les tailleurs, les menuisiers, les bijoutiers, les gérants de multiservices, les entreprises, l’administration du pays, les foyers, a-t-il ajouté.
Plusieurs personnalités dont les journalistes Abdou Latif Coulibaly et Henriette Kandé, le coordonnateur du Forum civil, Mouhameed Mbodj, le maire de Amité Sacré Cœur, Barthelémy Diaz et celui de Mbour, El hadji Fallou Sylla ont participé à la manifestation.
Au terme de leur marche, les manifestants dont le nombre est estimé à près d’un millier par la Police, ont été accueillis par le préfet de Mbour, Mouhamadou Dia, à qui ils ont remis un mémorandum destiné aux plus hautes autorités de la République.
Outre la Convention mbouroise, plusieurs organisations dont l’Alliance citoyenne, le Rassemblement islamique du Sénégal, le Collectif des jeunes pour la paix en Casamance, Léral Askanwi, le mouvement Takkul Askanbi composé de sénégalais vivant aux USA et le Conseil départemental de la jeunesse de Mbour ont pris à la marche.
ADE/ASG
aps.sn
