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ME AISSATA TALL SALL, PORTE-PAROLE DU PARTI SOCIALISTE (PS) « La société civile a une autre vocation que de conquérir le pouvoir »

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Le Parti socialiste est formel : la défaite des libéraux passe par lui. La porte-parole du Ps, Me Aïssata Talla Sall est d’avis que son parti a des atouts éminemment flatteurs : l’organisation, la présence dans les coins les plus reculés du pays et le statut de parti ayant l’expérience du pouvoir. Pourquoi, alors, ne pas être amère quand on lui rapporte cette « divination » qui juge assez prématuré le retour du vieux mammouth aux affaires. C’est la même colère qui l’habite face aux anciens « bien servis » par le Ps qui refusent de s’engager. La rumeur qui lui prête l’ambition de bousculer la hiérarchie au Ps a tort. Tout comme la société civile qui veut conquérir le pouvoir.

La Gazette : Le contexte d’avant Université d’été était plus ou moins chargé. Des rumeurs vous ont même prêté l’intention de bousculer la hiérarchie au Ps… Qu’en est-il aujourd’hui ?

Me Aïssata Tall Sall : Vous savez, il très difficile de combattre la rumeur. Parce qu’elle avance comme un serpent, elle est muette, anonyme. Moi je suis une femme de principes. Quand je dois dire les choses par principe, j’y vais de façon très claire et sans arrière-pensées. Si vous voulez parler de la candidature, j’avais effectivement dit qu’il n’y avait pas de candidat naturel au Ps. A l’époque, cela avait soulevé beaucoup de débats, voire de la polémique. Mais je suis restée sereine. Parce que je ne le disais que par rapport aux statuts du Ps. Quand Ousmane Tanor Dieng m’avait conforté sur cette position, le débat était clos. En politique, les gens vous prêtent des intentions même si vous n’en avez pas. Ce qui compte, au final, c’est l’honnêteté qu’on a vis-à-vis de soi-même et ce qu’on doit faire à l’avenir. La seule chose qui nous importe au Ps, c’est de renforcer la cohésion en notre sein et à Benno Siggil Senegaal, à trouver une candidature unique de Bss, sinon des candidatures limitées. Nous travaillons tous à cela avec Ousmane Tanor.

Peut-on donc dire trêve de supputations au Ps ?

En notre sein, il n’y jamais eu de divergence. Tanor lui-même disait que les gens ne soupçonnent pas la profondeur et la qualité des relations qui nous lient et qui vont au-delà de la politique. Je l’ai redit à Saint-Louis. Lui (Ndlr : Tanor) aussi en fait autant.il faut que les gens comprennent une chose : le Parti socialiste est un parti de débat. Ce que nous avions fait à l’époque, Khalifa Sall et moi, n’était que de rappeler des principes inscrits dans nos statuts. Il faut que les gens comprennent que le vieux militant aux godillots, presque couché devant la hiérarchie, relève d’une autre époque. Dans le Ps où nous sommes, le débat est libre dans les instances aussi bien en bureau politique, en comité central qu’en congrès. Points de vue contre point vue. Mais une fois que le parti dégage la ligne, tout le monde se plie.

Ne regrettez-vous pas que votre soit craintif face à des questions comme celle sur le candidat naturel ?

(Rires) Bien sûr que je le regrette. Et même j’ai constaté avec beaucoup d’étonnement le gap qu’il y a entre nous membres du Ps notamment sur l’idée d’en arriver à un parti moderne, ouvert. En fait, c’est cela qui est à l’origine des primaires dans nos statuts. Ceux, d’ailleurs, qui disent que ces primaires sont impossibles, oublient que nous les avons déjà pratiqués. Ousmane Tanor Dieng lui-même a été élu en 2007 à l’issue d’élections primaires. Maintenant dire qu’il y a une fissure entre les modernistes et les archaïques, je n’irai pas jusque-là. Mais effectivement on a constaté qu’on n’était pas au même diapason et que de ce point de vue, le parti doit encore faire des efforts.

Qu’en est-il de vos divergences avec Abdoulaye Bathily notamment sur la question de la candidature unique de Benno ?

Entre Abdoulaye Bathily et Ousmane Tanor Dieng, il y a des relations empreintes de sincérité. A l’occasion de la clôture de l’Université d’été à laquelle Bathily a pris part, lui-même a dit, du haut de la tribune, comment dans le cadre de l’opposition il a découvert et apprécié les qualités humaines d’Ousmane Tanor Dieng. Vous savez, la politique fait partie de la vie aussi. Les hommes se découvrent, comprennent qu’ils ont des valeurs en commun et décident de cheminer ensemble. Ce qui est arrivé les jours derniers est moins une affaire d’Etat major de parti qu’une appréciation personnelle, bien sûr d’une éminente personnalité de Ligue démocratique (Ld), en l’occurrence Mamadou Ndoye. A l’époque, moi j’avais réagi en tant que porte-parole du Ps pour dire gentiment qu’il (Ndrl : Ndoye) était en déphasage avec ce que nous sommes en train de faire. Je ne crois pas qu’à l’époque Ndoye ait exprimé une ligne de la Ld. La preuve, quand il a été question de principes, nous nous sommes vite retrouvés.

Apparemment le Ps est prêt à aller à la Présidentielle avec son propre candidat. Qu’est-ce qui vous fonde à croire que votre parti est en mesure de s’engager dans une telle éventualité ?

Je pense que ce qui fait la force du Ps c’est sa capacité d’organisation et de mobilisation. Le Ps, il faut pas que les gens s’y méprennent, est un des partis les mieux organisés du Sénégal. il est représenté à tous les échelons du Sénégal. Il n’y a pas de localité du pays où le Ps ne soit pas représenté. Or, si on veut amener des hommes à partager un même idéal, à aller vers un même objectif, si l’organisation ne suit pas, on se perd. C’est ce qui est arrivé à Abdoulaye Wade, il n’avait pas de parti quand il était dans l’opposition. L’autre chose qui fait la force du Ps, c’est d’avoir été un parti de pouvoir. Ça a des inconvénients, mais ça de gros avantages. Donc, quand Wade nous parle du pays, de l’Etat, nous pouvons discerner le vrai du faux. Mais, ce qui a fait la nouvelle force du Ps, c’est d’avoir séjourné pendant dix ans au pouvoir. Nous avons survécu à cela.

Que répondez-vous à ceux qui jugent prématuré le retour du Ps aux affaires ?

Mais qui sont ces gens pour décider du retour ou pas du Ps au pouvoir ? Il faut lire, décortiquer et expliquer le paysage politique sénégalais tel qu’il est configuré. Ma conviction, c’est qu’il n’appartient pas à la société civile de se lancer dans la conquête du pouvoir. C’est cela ma conviction ! La société civile a un autre objectif, et même une autre vocation que de conquérir le pouvoir. Ceux qui doivent aller à la conquête du pouvoir et qui ont cette vocation de par la constitution, ce sont les partis politiques. Le Parti socialiste n’a pas la prétention outrageuse de dire qu’à lui seul il fera le pouvoir. Mais le Ps dit que sans lui, on fera difficilement le pouvoir. Les gens disent « oui, vos 40 ans sont encore tout frais dans les mémoires », nous n’avons pas peur d’en débattre. Parce que dans ces 40 ans, il y a peut-être beaucoup d’échecs, mais il y a de nombreuses réussites dans les choses les plus fondamentales. Je crois que les Sénégalais doivent faire preuve de discernement et éviter les jugements à l’emporte-pièce. La réalité, c’est qu’on ne peut pas gommer le Ps de la scène politique sénégalaise. On peut bien nous demander de nous amender ce qui est un exercice permanent chez nous. Le Ps a fait cette leçon de s’amender, il faut que le peuple lui fasse confiance. Ce sont des hommes et des femmes qui ont accepté de combattre dans l’opposition pendant 10 ans.

Comment expliquez-vous le fait que l’initiative politique vous échappe ? C’est le cas dans l’affaire de la recevabilité de la candidature de Wade et, dernièrement, sur la question de son bulletin de santé.

Je vous assure que ces questions ne nous ont pas échappé. Peut-être que le parti socialiste est aussi victime de la qualité de son organisation. Sur la question de la candidature, nombre de nos cadres notamment Me Moustapha Mbaye nous ont dit très tôt arrêtons-nous sur les dispositions constitutionnelles. Ils nous ont dit qu’il y avait matière à objecter sur la recevabilité de la candidature de Me Wade. Mais, chez nous, nous avons des niveaux de débat. Quand un militant soulève une telle question, il faut qu’il la porte dans une instance, qu’on en débatte pour que le parti la pose dans l’espace public. C’est la raison pour laquelle-excusez-moi du terme-qu’on a été dribblé par d’autres qui n’ont, peut-être pas, ce cadre contraignant d’organisation et de discussion. Sur la santé du président de la République, nous n’avons pas été attentistes. Ce que le Dr Mama Marie Faye a fait relève, peut-être, de son statut. Au Ps, nous étions au niveau des principes, à l’instar des Assises nationales qui ont estimé que la santé d’un président de la République ne peut être taboue en démocratie. D’ailleurs, à l’époque, Wade a fait rétorquer par ses sbires que les leaders de l’opposition sont plus malades. Vous avez raison, il ne suffit pas d’évoquer e problème, il faut provoquer le débat, l’amplifier pour que toute la nation s’en empare.

Comment appréciez-vous la nomination de certains de vos éminents camarades comme Alassane Dialy Ndiaye à des postes de ministre d’Etat ?

Je ne veux pas parler de ces anciens camarades, mais franchement c’est un ridicule qui peut tuer. Je ne sais pas ce qu’Abdoulaye escompte en superposant comme ça d’anciens caciques du Ps. Si je prends le cas de Mamadou Diop, en 1993, il était tout-puissant maire de Dakar mais c’est Wade, alors opposant, qui l’avait battu aux élections. En 1998, l’histoire s’est répétée. Qu’est-ce qu’il attend davantage de Mamadou Diop qu’il n’avait eu. D’autant d’ailleurs qu’à l’époque Mamadou Diop, alors « richement » installé, a été battu par un Wade, « pauvre » opposant. On se demande quels sont les calculs que Wade est en train d’opérer. Sauf à vouloir, demain, asseoir d’un hold-up électoral parce qu’il a été rejoint par des « notabilités ». Mais cette chanson-là, personne ne l’écoutera.

Que vous inspire, en définitive, le silence de ces personnalités (ministres ou Premiers ministres) que vous aviez servies ?

La combattivité n’est pas donnée à n’importe qui. C’est une question de tempérament, de conviction, de ce que l’on entend faire de sa vie. L’arène politique est tellement dure que l’on comprend pourquoi certains refusent de s’engager, même si c’est fondamentalement injuste. Au point où nous en sommes, le Sénégal, pas le Ps uniquement, a besoin de tous ses fils, surtout de ceux-là qui ont engrangé une expérience à un certain niveau de l’Etat et qui doivent rendre au peuple ce que cet Etat leur a donné. C’est la raison pour laquelle parfois on ne comprend pas non plus pourquoi ces gens-là sont sur l’anonymat total. Il arrive des situations où celui qui se tait est même plus coupable que celui qui a mal agi. Ce que je demande à tous ces fils du Sénégal c’est de rejoindre la cause noble pas seulement du Ps mais celle de faire partir Wade.

Quels enseignements tirez-vous de l’Université d’été du Parti socialiste (Ps) ?

J’en tire un enseignement plein de satisfaction. Parce que le premier défi auquel le parti était confronté était celui de l’organisation. Rien, en effet, ne présageait la réussite d’une manifestation à l’envergure nationale, voire internationale à l’échelle d’une région comme Saint-Louis. L’autre défi était scientifique. Parce que le propre d’une université c’est d’enseigner le savoir et la connaissance. La qualité des intervenants que sont les professeurs Abdou Salam Fall, Penda Mbow et le cours inaugural du camarade Ousmane Tanor Dieng qui a balayé l’ensemble de la question sont pour nous de réels motifs de satisfaction. Mais il y a également l’attitude des militants restés jusque tard dans la nuit.

Est-ce que ce précédent n’ouvre pas la porte à des rivalités du genre « c’est ma région qui sera l’hôte de l’Université d’été ?

C’est tant mieux ! Parce que c’est cela l’idée de départ, c’est-à-dire faire de telle sorte que le dirigeant se déplace vers le militant et non le contraire. Chaque fois que l’Université d’été s’est tenue à Dakar, les militants se sont déplacés de Tambacounda, de Kolda, De Thiès, etc. Aujourd’hui nous voulons amorcer le processus inverse. Il doit alors nous conduire aussi loin que les contrées elles-mêmes sont éloignées. D’ailleurs, très prochainement, nous allons tenir un grand forum sur le monde rural dans le bassin arachidier. Je pense que tout cela va être un principe de gouvernance du Ps. : être plus prêt du militant.

Hamidou SAGNA

lagazette.sn

2 Commentaires

  1. Depuis que le PDS est Le PDS on n’a jamais eu un president de l’assemblee aussi tocard et aussi nu-ll que ce mamadou seck . Aucun talent , aucun charisme , et en plus il ne fait et ne dit que des gaffes . De toutes les manieres apres cette grosse faute politique ses jours sont comptes a la tete de l’hemicycle .
    Le president Wade est entrain de lui trouver un remplacant qui peut nous apporter quelque chose de positif aux prochaines elections de 2012 . Meme Doudou Wade que tout le monde critique , ferait 20 000 fois mieux que ce mamadou seck a la tete de l’assemblee nationale

  2. Depuis que le PDS est Le PDS on n’a jamais eu un president de l’assemblee aussi tocard et aussi nu-ll que ce mamadou seck . Aucun talent , aucun charisme , et en plus il ne fait et ne dit que des gaffes . De toutes les manieres apres cette grosse faute politique ses jours sont comptes a la tete de l’hemicycle .
    Le president Wade est entrain de lui trouver un remplacant qui peut nous apporter quelque chose de positif aux prochaines elections de 2012 . Meme Doudou Wade que tout le monde critique , ferait 20 000 fois mieux que ce mamadou seck a la tete de l’assemblee nationale///////

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