Dakar, 26 déc (APS) –L’avocat et responsable politique El Hadji Amadou Sall comparaîtra le 22 janvier devant une chambre spéciale de la cour d’appel de Dakar pour offense au chef de l’Etat, a annoncé mercredi le procureur général Lansana Diabé.
Me Sall, qui bénéficie du privilège de juridiction en raison de son statut d’avocat, est poursuivi sur la base de l’article 254 du Code pénal, a précisé M. Diabé lors d’un point de presse.
El Hadji Amadou Sall, ancien ministre de la Justice du président Abdoulaye Wade, a été interpellé mardi pour des propos jugés offensants à l’endroit du chef de l’Etat, Macky Sall.
L’offense au chef de l’Etat est une infraction punie par la loi sénégalaise d’une peine maximale de deux ans de prison assortie d’une amende pouvant aller de 100 mille à 1,5 million de francs CFA.
Me Sall a été mis en liberté provisoire mercredi. Après son interpellation, il avait été placé en garde à vue. Il a passé la nuit de mardi à mercredi dans un commissariat de Dakar.
»La particularité de cette action, c’est que Me El Hadji Amadou Sall est un avocat. Nous avons l’habitude de voir le procureur de la République, en cas d’infraction à la loi pénale, saisir la Police ou la Gendarmerie », a expliqué le procureur général de la cour d’appel de Dakar.
»Un fait exceptionnel s’est passé dans l’affaire Me Sall parce que c’est le procureur général lui-même qui est à l’initiative des poursuites pénales », a-t-il ajouté.
Il rappelle que »Me Sall est avocat et les avocats bénéficient d’un statut, qui les protège pour certaines actions ». »Pour poursuivre un avocat, il faut nécessairement aviser le bâtonnier de l’Ordre des avocats. C’est la première précaution à faire […], ce que nous avons fait », a-t-il dit.
Pour interpeller Me Sall, le procureur général de la cour d’appel de Dakar affirme avoir d’abord saisi le directeur de la Police judiciaire, qui a à son tour saisi la Division des investigations criminelles (DIC), chargée de convoquer l’avocat. Ce dernier est membre du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition).
Les policiers n’ont pas trouvé El Hadji Amadou Sall chez lui, a dit le procureur général, soulignant que »son portable était fermé ». Me Sall, a-t-il ajouté, a réagi en disant que la Police »pouvait lui laisser une convocation » si elle a besoin de lui.
Mais, a poursuivi Lansana Diabé, »à la date du 25 décembre (mardi), le commissaire [de police] a reçu une correspondance de ses avocats faisant état d’une fête chrétienne et qu’il n’est pas possible à Me Sall de se présenter » à la DIC.
Me Sall a été »déféré de force » conformément à la loi, selon M. Diabé. »Là également, nous sommes en conformité avec la loi […] », a-t-il dit, indiquant que le mis en cause »a été gardé à vue pour les nécessités de l’enquête ».
»Devant les enquêteurs, il n’a pas voulu s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés, ce qui est son droit le plus absolu », a fait savoir Lansana Diabé.
Il a ajouté que Me Sall, entendu mercredi par le Parquet général, a pu bénéficier d’une liberté provisoire.
»Lorsque le maximum est inférieur à trois ans, ce qui est le cas en l’espèce, et que l’individu est régulièrement domicilié dans le ressort de la juridiction, nous ne pouvons pas le placer sous mandat de dépôt, ce qui justifie la mise en liberté provisoire de Me Sall », a expliqué le procureur général de la cour d’appel.
El Hadji Amadou Sall était porte-parole du candidat du PDS, Abdoulaye Wade, à l’élection présidentielle de février-mars 2012.
son: archipo.com