* Pour le président Wade, «le temps est venu de réviser ce procès»
Le souhait à nouveau exprimé, hier, par le chef de l’Etat de rouvrir le procès de l’ancien président du Conseil Mamadou Dia et ses compagnons, a trouvé un écho favorable auprès de la famille de Me Valdiodio Ndiaye. Le fils de ce dernier, nom moins avocat de métier, ne cache pas son impatience de voir ‘les anciens de Kédougou’ lavés de tout soupçon par la justice rendue au nom du peuple souverain.
‘On est très heureux de l’éventuelle réouverture du procès de mon père, comme l’a dit le président de la République. Disons que les anciens de Kédougou ont été plus ou moins réhabilités. A titre illustratif, la place de l’Indépendance a été rebaptisée du nom de Me Valdiodio Ndiaye et l’ancienne avenue de la République du nom du président Mamadou Dia. Me Valdiodio Ndiaye est le parrain du prestigieux concours général en cette année du cinquantenaire de notre indépendance. Connaissant son attachement à la culture et à l’éducation, on peut dire que c’est une grande fierté pour nous’. C’est par ces mots que Me Amadou Guédel Ndiaye, fils de feu Me Valdiodio Ndiaye (1923-1984) qui a été plusieurs fois ministre de Senghor, a réagi aux propos du président Wade.
En fait, ce souhait du président Wade ne date pas d’aujourd’hui. Dès son accession à la magistrature suprême en 2000, il avait annoncé, dans l’euphorie générale née de l’alternance politique, qu’il allait réviser le procès de Mamadou Dia et Cie, accusés de ‘complot et tentative de coup d’Etat’ et dont il avait défendu les intérêts au début de sa carrière d’avocat. Cependant, le président Mamadou Dia, décédé en janvier 2009, avait opposé un niet catégorique au président Wade. Mais pour Me Amadou Guédel Ndiaye dont le père a été injustement accusé et jeté dans une prison fortifiée de Kédougou pendant douze longues années dans des conditions difficiles, ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas rouvrir le procès pour les quatre autres compagnons du président Mamadou Dia que sont Joseph Mbaye, Alioune Tall, Ibrahima Sarr et bien évidemment Me Valdiodio Ndiaye.
‘Le président, comme il l’avait fait il y a quelques années, envisage la réouverture du procès. Je peux dire que c’est ce que nous attendons depuis toujours. J’ai toujours été d’accord pour la révision du procès. Mais c’était strictement politique entre le président Mamadou Dia et le président Wade. Le président Mamadou Dia était en prison avec quatre de ses amis. Et je ne vois pas pourquoi on n’applique que l’opinion du président Dia pour dire qu’ils ne sont pas d’accord. Le président Mamadou Dia estimait lui que le peuple l’a déjà réhabilité. C’est le président Mamadou Dia de son vivant qui avait dit qu’il n’en voulait pas. Nous, c’est ce qu’on attend depuis 1963, depuis qu’ils ont été condamnés alors qu’ils ne sont coupables de rien du tout. Maintenant que les passions se sont tues, qu’il n’y a plus les présidents Senghor et Mamadou Dia, tous les protagonistes de l’histoire sont pratiquement décédés, il ne reste que leurs familles. Le responsable unique qui les avaient mis en prison, c’était Senghor’. Il ajoutera dans la foulée que ‘pour l’histoire du pays, il serait bon de réviser le procès. Parce qu’on ne peut pas quand même donner à la Place de l’indépendance le nom de Valdiodio Ndiaye, à l’avenue de la République celui de Mamadou Dia et que des lycées portent les noms de Joseph Mbaye, Alioune Tall et Ibrahima Sarr et continuer d’accuser ces gens de vouloir faire un coup d’Etat. C’est paradoxal. Ce serait bien qu’on révise le procès. Et que tout le monde sache que ces dignes combattants de l’indépendance n’ont pas voulu faire un coup d’Etat’.
Poursuivant sa plaidoirie pour la révision du procès de Me Valdiodio Ndiaye et Cie, Me Amadou Guédel Ndiaye se demande faussement ingénu : ‘Pourquoi Mamadou Dia aurait-il voulu faire un coup d’Etat alors qu’au moment de la Fédération du Mali, il aurait pu devenir le président du Mali ? Les Maliens ont voulu qu’il soit le président de la Fédération, il a répondu que ce ne sera pas moi, car nous Sénégalais nous avons décidé que ce sera Senghor. Or il suffisait qu’il dise oui pour qu’il soit non seulement le président du Sénégal, mais aussi de la Fédération du Mali. Il l’a refusé en 1960, donc il ne va pas faire un coup d’Etat en 1962. Je pense que ce serait faire justice à tous ces anciens ministres qui ont passé en prison non pas neuf ans comme l’a dit le président de la République, mais douze ans que de rouvrir ce procès.’
Pour le fils de l’ancien ministre de l’Intérieur, la révision du procès des ‘anciens de Kédougou’ ‘est une question de justice’. ‘Tout le monde sait que le verdict n’a pas été un verdict populaire, comme l’a dit le président de la République. On a dit qu’ils ont été condamnés au nom du peuple ? Tout le monde sait que le peuple n’a jamais eu son mot à dire. C’est un jury spécial qui a été mis en place par Senghor qui les a condamnés. Donc c’est Senghor qui les a condamnés. Je pense qu’il serait bon qu’il y ait un nouveau procès et qu’au nom du peuple, on les juge même si c’est post mortem. Ce serait une grande chose’, avance-t-il.
walf.sn