Me Wade : «résistez physiquement contre ceux qui veulent semer le trouble »

Devant les enseignants libéraux, Wade a fait une sortie belliqueuse, hier. A ces derniers, le président de la République a demandé de ‘résister physiquement s’il le faut’.

Le président de la République, non moins, secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) a rencontré, dans la matinée de ce dimanche, pendant plus de six heures d’horloge, la Fédération des enseignants qui soutiennent sa politique éducative, dans le cadre enchanteur de l’hôtel des Almadies en bordure de l’Océan Atlantique. Une rencontre qui intervient au même endroit, quatre jours seulement après s’être adressé aux élus de son parti.
A ces interlocuteurs du jour, le Pape du Sopi a tenu un discours belliqueux similaire à celui qu’il avait tenu devant les élus libéraux contre les auteurs des émeutes du 23 et 27 juin dernier, derrière lesquelles il voit une main de l’opposition. ‘Il faut la paix dans ce pays. Mais, on peut vouloir la paix sans l’obtenir. Il ne faut pas accepter que les gens viennent et mettent le feu à ce pays. Il faut résister physiquement s’il le faut parce que moi je l’ai fait toute ma vie. Il ne faut pas que les gens viennent brûler le pays. Il faut les neutraliser et les remettre aux forces de l’ordre. Boulen Yox yoxi (littéralement, il ne faut pas avoir peur, Ndlr). Il faut les démolir parce que la force est avec nous, la conviction est avec nous et le nombre est avec nous’, a déclaré d’un ton ferme et déterminé le secrétaire national du Pds, Me Abdoulaye devant des milliers d’enseignants libéraux venus de toutes les quatorze régions et des centaines d’étudiants de Dakar.

Le patron des libéraux qui présidait, hier, la deuxième conférence nationale des enseignants qui soutiennent sa politique éducative faisait implicitement allusion aux émeutes du 23 et 27 juin contre le ticket présidentiel et les coupures intempestives d’électricité.

Auparavant sur le même ton martial, le président de la République a servi une fin de non-recevoir cinglante sans la citer à l’opposition regroupée dans Bennoo Siggil Senegaal qui réclame à cor et à cri sa démission.‘Il n’est pas question que je démissionne’, réplique-t-il. Avant d’expliquer sur un ton beaucoup plus lisse que ‘si un président part dans le désordre, c’est la régression et le pays sera dans l’anarchie. Donc, aucun Sénégalais ne doit accepter cela, ni même ceux qui sont contre moi’. Avant de réitérer sa disposition à organiser ici et maintenant une élection présidentielle anticipée si tel était le bon vouloir de l’opposition qu’il juge pressée d’occuper son fauteuil. Mais il s’empresse de déclarer à qui veut l’entendre que ‘comme je suis le meilleur, je vais gagner’. En ce moment, toute la tente s’est mise à chanter : ‘Gorgui mo bari doole’ (le patriarche est puissant). Et Abdoulaye Wade de leur répondre : ‘C’est Dieu qui est puissant. Mais sa puissance, Il ne la garde pas, Il la confie à des gens.’

Avant cela, à la fin du discours du ministre de l’Education, Kalidou Diallo, le président Wade a fait entonner son nouveau ‘tube’ : ‘Qui a peur des élections ?’ Et la foule de partisans de répondre en chœur ? : ‘L’opposition.’ Un peu plus tôt, les enseignants libéraux ont lu une résolution de soutien à la candidature de Wade en 2012. Et ils ont promis de l’élire dès le premier tour avec une écrasante majorité, pour poursuivre les réalisations jugées ‘positives’ dans le domaine de l’Education.

KALIDOU DIALLO, MINISTRE DE l’EDUCATION : ‘Aucune force vive n’est sortie le 23 juin’

Le ministre de l’Enseignement élémentaire, moyen secondaire et des Langues nationales, Kalidou Diallo, non moins présidident du comité de pilotage de la Fédération des enseignants libéraux a laissé attendre, hier, qu’ ‘aucune force vive, ( syndiacts et forces économique) n’est sortie le 23 juin’, même s’il reconnaît qu’il y avait des ‘débordements’ des réseaux de jeunes comme ‘Y en marre’ et que cela a été ‘une alerte’. Une manière pour lui de dire au président de la République que les manifestations violentes du 23 juin dernier contre le projet de loi instituant le ticket présidentiel, n’avaient ‘aucune base sociale et économique’ contrairement à la Révolution française. ‘Toutes les révolutions ont une base sociale et économique forte’, note-t-il. C’est la raison pour laquelle, il déclare qu’il n’a été nullement ‘ébranlé’ par les événements. ‘Moi, je n’ai jamais cru que les événements du 23 juin pouvaient faire trembler un régime sans les forces vives’, confie-t-il. Avant de rassurer le président de la République en ces termes : ‘Je veux vous rassurer, Monsieur le président, tant que vous êtes avec les enseignants, vous pouvez être tranquille’.

Par ailleurs, Kalidou Diallo a révélé que le ‘Mouvement du 23 juin’ a rencontré récemment certains syndicats pour les inviter à aller en grève générale ou ‘organiser des journées ville morte’. Mais, d’après Kalidou Diallo, c’est un refus catégorique que les leaders du ‘M23’ ont reçu.

D’après toujours le ministre de l’Education qui revendique ouvertement son appartenance à la Génération du concret, la candidature de Wade ne souffre d’aucune illégalité. Et que l’opposition a ‘peur’ de la candidature de Wade qui est sûr de passer dès le premier tour au soir du 26 février.

Kalidou Dialllo a pris à son compte la promesse de Wade de recruter près de cent mille jeunes qui ont le niveau de la troisième et de la terminale pour encadrer les enfants en difficulté scolaire.D’après le ministre de l’Education, ce projet dénommé ‘pré-Bac’ va permettre d’encadrer près de 230 mille élèves qui redoublent ou abandonnent chaque année au Sénégal.De plus, ils peuvent servir dans l’alphabétisation, le reboisement, entre autres. Et les jeunes qui seront recrutés toucheront des bourses allant de 64 mille à 70 mille.Ils auront également une tenue et un logo pour ‘servir la nation’, d’après Kalidou Diallo.

Mamadou SARR
walf.sn