Hausse éventuelle des prix de l’eau en 2011, de l’électricité, mission de l’Inspection générale d’Etat au ministère de l’Education, désengagement de l’Etat du capital de la Société africaine de raffinage (Sar) et de Senstock, de la Senelec…Le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances a présenté au Fonds monétaire international les axes de la politique économique et financière du Sénégal.
Le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop, a transmis le 10 novembre dernier un mémorandum sur les politiques économiques et financières du Sénégal au Fonds monétaire international (Fmi). Globalement, le Sénégal, comme l’a noté l’Institution financière, a respecté la majorité des objectifs fixés dans le cadre du programme Ispe (2007-2010). Revenant sur la politique économique du Sénégal, le Ministère des Finances n’a pas manqué de faire des révélations dans le mémorandum obtenu par « L’As ».
L’Inspection générale des Finances lâchée au Ministère de l’Education
Evoquant les dépenses permanentes, Abdoulaye Diop affirme que « le gouvernement procédera à un recensement exhaustif des polices d’abonnement d’eau, d’électricité et de téléphone et déterminera avec les sociétés concessionnaires le périmètre concernant la consommation de l’Administration centrale. Il s’emploiera à porter en inscription budgétaire les montants des crédits nécessaires à la couverture des factures de dépenses permanentes ». Le gouvernement, selon le ministre des Finances, « est déterminé à mettre en place un système de gestion des factures d’eau, d’électricité et de téléphone à travers l’établissement d’un plan d’action. Aussi, il compte mettre en place, pour les Ministères, une liste des polices d’abonnement d’eau, d’électricité et de téléphone, mais aussi conclure avec les Sociétés concessionnaires (Sde, Senelec et Sonatel) un accord sur le format des factures détaillées.
En ce qui concerne les contractuels de l’Education et les bénéficiaires des bourses et aides universitaires de l’Enseignement supérieur, le mémorandum explique que le gouvernement, en collaboration avec la Banque mondiale, « procédera à une évaluation exacte des besoins budgétaires et veillera à ce que les dépenses relatives à ces deux rubriques soient contenues dans le budget prévisionnel ». D’ailleurs, confie le ministère des Finances, une mission d’audit, dirigée par l’Inspection générale des Finances, est en vérification au niveau des structures de l’Éducation, depuis le 20 août 2010. La mission fera la synthèse des éléments recueillis et produira un rapport au plus tard le 31 décembre 2010, c’est-à-dire dans quelques jours.
L’Etat annonce son retrait du capital de Sentstock et la vente de 17% encore des parts de la Sar Bin Laden
Pour le cas de la Senelec, le gouvernement, selon le ministère de l’Economie et des Finances, compte poursuivre le programme de réduction des pertes non techniques, le renforcement des actions commerciales, la pénalisation de la fraude, le retour en exploitation de la centrale Gti (ce qui est fait depuis) et le démarrage des travaux de dégroupage des activités de la Senelec avec la séparation comptable. S’agissant de la Sar, l’Etat a, afin de disposer de capacités de stockage suffisantes pour un approvisionnement correct du marché, réalisé sur le site de Mbao, en partenariat avec le groupe Diprom, un dépôt de stockage de produits pétroliers d’une capacité de 164.000 m3. Ce partenariat a abouti à la création de la Société Senstock, dont le capital social de 12,4 milliards de F Cfa est réparti comme suit : Etat du Sénégal à travers Petrosen (46%), Diprom (34%) et Sar (20%). L’Etat devra, cependant, à terme, se retirer du capital de Senstock, afin de permettre à Petrosen de recentrer ses activités sur l’amont pétrolier, selon le mémorandum.
Aussi, Petrosen devrait-il céder aux distributeurs ses parts dans le capital de Senstock. S’agissant de la Sar, le capital est présentement détenu majoritairement par le Secteur privé, à savoir Saoudi Binladen Group (Sbg) pour 34% et Total (20%). L’Etat à travers Petrosen détient actuellement 46% du capital et projette ici aussi de céder les 17% à Sbg, pour ne conserver qu’une participation stratégique de 29% dans le capital de la Sar.
Une hausse des factures d’électricité évoquée
« Le gouvernement est déterminé à prendre, à très court terme, et en attendant la définition d’un plan de relance et de restructuration du secteur de l’Energie, des mesures en vue de pallier les insuffisances de capacité de production de la Senelec et d’atténuer ses problèmes de trésorerie, dans le but de garantir une fourniture correcte et continue de l’énergie électrique », selon le ministère des Finances. Aussi, annonce-t-il le transfert des importations de combustible de la Senelec à la Sar ; la prise en charge par l’Etat de la perte de revenu que devrait subir la Senelec en raison du niveau des tarifs de l’électricité de l’année 2010. Le montant de la perte à compenser est estimé à 13 milliards de F Cfa. Il sera pris en charge, selon les Finances, dans le budget de 2011, « sans toutefois aucune incidence sur le cadrage macroéconomique ».
Ce plan devra aussi, selon les Finances, avoir des volets portant sur la maîtrise de l’exploitation de la Senelec et de la Sar. Il devra permettre d’assurer, sur la période 2010-2014, la santé financière du Secteur, l’équilibre offre/demande d’électricité et l’approvisionnement efficace de la Senelec et de la Sar en combustibles, en pétrole brut et en gaz butane, afin de garantir une qualité de service optimale et au moindre coût. « A cet effet, il devra être adopté une politique de tarification, notamment en ce qui concerne son mode de fixation et son ajustement, compatible avec les objectifs retenus dans le plan. La législation et la réglementation tarifaires devront, si nécessaire, être réformées », affirme le gouvernement, évoquant ainsi une hausse probable des factures.
Hausse des tarifs d’eau en 2011
En ce qui concerne le Secteur de l’eau, « le gouvernement s’engage à prendre les mesures visant à maintenir l’équilibre financier du Secteur de l’eau et de l’assainissement ». Il s’agit d’établir une Convention de règlement croisé de dettes ; de négocier un moratoire de paiements pour les arriérés ; de payer toute facture courante de consommation d’eau des administrations à bonne date ; et enfin de procéder à une revue des tarifs de l’eau et à des simulations d’ajustement tarifaire, afin de générer des économies budgétaires de 7 milliards de Francs CFA en 2011. « Ces simulations orienteront les décisions d’augmentation de tarifs qui interviendront en 2011 », selon le ministère des Finances.
Cheikh Mbacké GUISSE
lasquotidien.info