Les habitants de Guédiawaye sont très remontés contre les maîtres coraniques qui continuent d’envoyer leurs talibés à faire la manche à travers les rues de cette circonscription. C’est ainsi que la police de cette localité a été saisie, à cet effet, pour l’arrestation de Gayna Ndao. Ce dernier, en plus d’avoir bravé l’interdiction gouvernementale, a orchestré des supplices sur un de ses talibés mineurs.
La banlieue dakaroise veut s’associer à la mesure d’interdiction de la mendicité prise par le gouvernement du Sénégal. En effet, la police de Guédiawaye a été saisie par des habitants de cette zone, pour que cesse l’incitation de mineurs à la mendicité ainsi que les violences exercées sur des enfants talibés, par leurs maîtres coraniques. L’affaire du maître coranique Gayna Ndao constitue le dernier cas de figure qui illustre ce soulèvement de la banlieue. Ce dernier est en prison depuis plus de dix jours pour avoir demandé à un de ses talibés d’aller faire la manche dans les rues de Guédiawaye, malgré la mesure d’interdiction de l’incitation de mineur à la mendicité instaurée par le gouvernement.
Pire, le maître coranique a orchestré des sévices corporels sur un de ses talibés répondant au nom de Saliou Sow, dont les parents se trouvent actuellement en Casamance. Le seul tort du petit est de n’avoir pas été en mesure de rassembler la somme de 500 francs fixés par son patron. Une somme d’argent que le jeune talibé doit ramener chaque jour, à l’issue de sa randonnée. C’est au retour d’une balade sans la somme exigée qu’il a été violemment tabassé. C’est une dame habitant le quartier qui a constaté les blessures du jeune talibé qui s’en est ouverte à la police de cette localité. C’est par la suite que les limiers vont procéder à l’arrestation du maître coranique.
Le maître coranique Gayna Ndao, qui reconnaît avoir exercé ces supplices sur le talibé mineur, donne la raison d’être d’un tel châtiment. Pour lui, c’est parque le jeune talibé bravait toujours l’interdiction de fréquenter la plage de Guédiawaye qu’il en est arrivé à tout cela. A la suite de quoi, il prend l’engagement, devant son avocat, de faire retourner tous ses talibés à leurs parents, une fois libéré de la prison.
Qu’à cela ne tienne ! Le juge qui a été peu convaincu par les propos de Gayna Ndao a tenu à rappeler au marabout l’obligation d’entretien des parents qui laissent leur fils à la charge totale des maîtres coraniques. Mais également les motivations qui sous-tendent l’interdiction de la mendicité ainsi que la responsabilité des maîtres coraniques sur les risques qui guettent les enfants de la rue : pédophilie, maladies, délinquance, etc.
Le maître coranique Gayna Ndao sera privé de l’éducation religieuse de cet enfant dont il avait la charge. Le procureur de la République a pris la ferme décision de renvoyer le jeune talibé auprès de ses parents, à l’issue de cette audience.
Les avocats du marabout tortionnaire regrettent l’application immédiate de cette loi sur l’interdiction de la mendicité. Parce que les maîtres coraniques ne sont pas sensibilisés sur une telle mesure, à les en croire. Mais aussi, les robes noires d’évoquer la responsabilité des parents qui ‘abandonnent’ leurs enfants sans participation financière (vivre, habillement). Au final, le maître coranique, qui était poursuivi pour incitation de mineur à la mendicité et coups et blessures volontaires, a pris une peine d’avertissement d’un mois avec sursis.
Cette affaire est la deuxième du genre où des maîtres coraniques sont jugés pour le délit d’incitation de mineur à la mendicité. Il n’y a pas longtemps, sept d’entre eux ont défilé à la barre pour les mêmes griefs. L’affaire Gayna Ndao constitue la deuxième vague de maîtres coraniques à se présenter au prétoire pour avoir bravé l’interdiction gouvernementale.
walf.sn