Je voudrai, à priori, m’excuser pieusement et religieusement si mon propos, par mégarde, viole la sacralité de l’immense respect que je vous dois. Si j’ai osé élever ma petite voie, c’est parce que je relève la tête de joie et de fierté ou la baisse de honte et de consternation à chaque fois qu’on dise de bonnes ou de mauvaises choses vous concernant et qui s’avèrent être vrais. S’il en est ainsi c’est que j’ai choisi de devenir un talibé mouride, ayant pour référence Cheikhoul Khadim dont l’évocation du nom fait monter la fièvre de fierté en chaque mouride, en chaque sénégalaise j’allais dire.
Or, c’est vous qui nous l’avez appris. Lors de l’élévation au ciel de l’âme de son illustre père Mame Mor Anta Saly Mbacké (RTA), une délégation de notables s’est rendue auprès du Cheikh pour lui demander de s’approcher du roi du Cayor de l’époque pour collaborer avec lui et l’aider dans ses tâches notamment en rapport avec le recours au droit islamique en cas de besoin. Mais la réponse de Khadimou Rassoul fut implacable : « Moi Ahmadou Bamba, j’ai honte de franchir des pas, sous l’œil témoin des anges, pour me diriger vers une royauté autre que celle de Dieu. Il aurait ajouté selon toujours vous nos marabouts : « et puis un saint trouvé dans la cour d’un roi est comme une mouche qui se pose sur des excréments »
L’autre raison, sans doute la plus fondamentale qui m’a poussé à prendre ma petite plume, est que notre illustre guide s’était totalement détourné de ce bas monde et de tout ce qu’il englobe. Ce qui fait qu’aujourd’hui, grâce aux talibés que nous sommes, rien ne vous manque. Même si vous ne travailliez pas, les gens comme moi, grâce à ce don de Dieu qui est notre saint, partageraient avec chacun de vous tout ce qu’ils gagneront sur la sueur de leur front. En définitive ce n’est donc pas les politiques de quelque bord que ce soit qui peuvent vous donner ou vous priver des privilèges. Eux, ils passent alors que les noms de Mbacké, Sy et autres resteront pour l’éternité et serviront d’intarissables trésors. Vous en avez tant hérité. Il ne vous reste donc plus que de d’être impartial car rien ne pourra plus jamais vous arriver. Inscrivez-vous dans la défense et la protection de l’intérêt général car la population où vous comptez des talibés de toutes sensibilités constitue le plus grand et le plus efficace parti politique.
En lisant chaque matin la presse surtout, celle en ligne, nous sommes profondément choqués du fait que certains parmi nos jeunes marabouts qui s’affichent au milieu des politiques se prononcent sur des sujets de moindre importance pour les sénégalais, s’attaquent à des politiques aujourd’hui, les caressent demain dans le sens du poil sans jamais nous convaincre dans leur explication du pourquoi de leur retournement de veste, s’immiscent dans des choses qu’ils ne maitrisent pas trop, fustigent des comportements qu’ils défendaient hier et nouent et dénouent des relations sur des bases qu’on ne maitrise pas souvent. Cette position adoptée pour des raisons que j’ignore étant donné qu’ils ont tout ce qu’ils veulent de leurs disciples, les font récolter de la part de plusieurs commentateurs de la presse en ligne, des injures les plus vilaines qu’ils pouvaient bien nous épargner en restant là où les avait laissés leur illustre grand – père parce que ce sont les gens comme moi qui en souffrent. Je ne suis pas un spécialiste des écrits du Cheikh, mais je n’ai jamais entendu les prêcheurs mourides que j’adore pourtant écouter nous rapporter une de ses recommandations allant dans le sens d’instruire aux jeunes marabouts de laisser tomber le combat de la Tarbiya au profit du combat politique.
Alladji Bassirou Seck, un grand Cheikh avait écrit « Serigne moom xol ba ak xel ma buy xool leneen, ludul Yàlla waat naa ni daf koy gétén ». On n’a jamais entendu un politicien aspirer devenir un marabout. Pourtant, ces derniers sont aussi devant des millions de sénégalais dont ces politiciens eux même. Tous les dignes compagnons que Khadimoul Khadim avaient élevés au grade de Cheikh vivaient à côte des chefs. Un vieux disait « ces chefs voulaient être comme les Cheikhs mais les Cheikhs ne voulaient pas être comme les chefs »
Aussi, Serigne Touba n’a jamais dit ou fait du mal à quelqu’un. Pourtant, il est celui qui nous montre la voie de la droiture, celle du Prophète (PSL) dont il se glorifie d’être le serviteur « Antal Karimou, Anal Khadimou », Vous êtes l’élu je suis votre serviteur.
On a même vu des marabouts soutenir Assane Diouf sans jamais dénoncer ses insultes publiquement. Beaucoup de leaders religieux s’emportent, menacent ou dénigrent parce que tout simplement certaines autorités ne sont pas venues à un gamou ou magal. Or, ces événements ne peuvent en aucun cas être rehaussés par la présence d’une quelconque autorité dont la présence n’a rien à apporter si ce n’est peut être de l’argent, ce satan de nos temps qui fait et défait les relations humaines, avilissent les vertus, désarticule les rapports sociaux, se substitue aux valeurs, déshumanise aux yeux des gens les meilleures personnes et met au pas de valeureuses personnes. Aussi l’objectif de ces événements n’est pas de mobiliser des autorités ou de chercher un prestige ou un privilège. Je pense qu’on peut bien critiquer mais c’est encore mieux de ne pas faire ce sur quoi on tire. : Comme le dit Serigne Djiliy Maty Ley « Le débat, c’est entre la natte de prière et le chapelet et non au niveau des micros de la presse » Jere jef Serigne bi. Cette phrase nous prouve qu’il y’a encore des raisons d’être fiers.
Falilou Cissé, conseiller en développement communautaire
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