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MINERVE : « On en est aux dérives… monarchiques », monsieur le Président

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«On n’en est pas à la dérive monarchique.» Ce sont là les mots prononcés par le Président Wade, lors d’une conférence de presse, tenue samedi dernier, en marge du sommet de la Francophonie. En vérité, par rapport à cette sortie, il n’y a absolument rien de nouveau. Elle rentre dans la même tonalité, dans le même registre, sur fond d’un clair-obscur, à chaque fois que Wade se prononce sur la question. Jamais dans ses propos, il n’a servi une position tranchée pour dire nettement et afin que nul n’en ignore définitivement, que son fils Karim ne lui succédera pas. Que le Président Wade dise qu’«on n’en est pas à la dérive monarchique» ne signifie nullement pas l’enterrement du projet de dévolution monarchique ; tout juste nous signifie-t-il, qu’il n’y aura pas de «dérive». Les mots ont quand même leur sens ! Wade ne dit pas qu’il n’y aura pas de dévolution ; lui choisit bien le mot «dérive». En clair, le pouvoir pourrait être dévolu à son fils sans «dérive»…monarchique. On n’en est pas à la dérive monarchique. Mais, on en est où donc ? Aux dérivés dynastiques…
Wade avait pourtant promis, le 25 septembre 2008, répondant à un confrère de la Bbc, en marge de l’Assemblée générale de l’Onu, qu’il ne parlera pas de sa succession, tant qu’il ne verrait pas «des signes de (sa) fin». En a-t-il donc vu maintenant ?  Toujours est-il que, dans un entretien au magazine français Marianne relayé par le quotidien L’As du 25 septembre 2008, répondant à une question concernant sa succession, le Président Wade, au lieu de servir une réponse limpide, sans équivoque, s’était juste contenté de dire : «Je ne ferai jamais comme Senghor.» Comme si une dévolution monarchique du pouvoir ne pouvait revêtir que la forme de l’article 35 de la Constitution sous l’époque senghorienne, qui disposait alors que le Premier ministre succède au président de la République en cas de démission ou d’empêchement. Autrement dit, ce que Wade précise seulement, c’est que son fils ne lui succèdera pas par la magie d’un article semblable à l’article 35, alors en vigueur sous Senghor. Le 17 septembre 2009 au micro de notre confrère Idrissa Fall de La Voix de l’Amérique, interrogé sur «les rumeurs» quant à sa «volonté de mettre (son) fils à la tête de l’Etat», le Président Wade n’avait pas là encore voulu trancher clairement pour dire sans ambages qu’il n’a aucunement l’intention de se faire succéder par Karim. Eloquente à ce titre avait été sa réponse : «Est-ce que j’aurais été le premier à souhaiter que son fils soit Président ? Le Président Bush, si son père n’était pas Président, n’aurait jamais été Président. Personne ne m’a entendu dire que je veux mettre mon fils au pouvoir. Pour l’instant, je le fais travailler parce que je connais ses compétences et ses capacités.»
En mi-juillet 2010, Wade, accordant un entretien à la radio Europe1, signe une déclaration dont la clarté cette fois-ci est juste suivie d’une ambiguïté. Il disait au journaliste de cette chaîne française : «Je n’ai pas l’intention de mettre mon fils à ma place avant de partir.» Avant ce bémol oral : «C’est un citoyen sénégalais. Et il est libre de se présenter aux élections quand il voudra (…)  Il a le droit de faire de la politique. Mais, c’est même une injure au peuple sénégalais de dire que les Sénégalais vont accepter que quelqu’un qu’ils aiment bien, le Président Abdoulaye Wade, dise : «Maintenant vous prenez mon fils», ça n’existe pas. Nous votons depuis plus d’un siècle.» Cette intervention venait juste après celle de Karim dans une prétendue télévision américaine, intervention dans laquelle ce dernier, lui aussi, ne tranche point nettement pour signifier qu’il n’a pas l’intention d’être Président après son père. Tout juste, s’est-il contenté de dire que «le pouvoir ne s’hérite pas ; il se mérite». Ce  «mérite», son père le lui prépare, en lui taillant des ministères balèzes de quelque 600 milliards, alors que le chassé-croisé électoral est déjà entamé, sur fond, qu’on le veuille ou non, de la succession du Président Wade, que son mandat soit frappé d’irrecevabilité ou non. Aussi est-ce légitimement que beaucoup de Sénégalais voient en Wade un père qui fabrique pour son fils une «compétence» au-dessus de tous les Sénégalais. Or, ce sont là les effluves d’une compétition électorale, de toutes les façons, déloyale au profit de Karim face à ses potentiels concurrents.
En début août 2010, toutes les nuances et tout le clair-obscur entretenus par le Président Wade se dévoilent sous «le lapsus révélateur» du ministre d’Etat à la présidence de la République, devant les Libéraux de Washington. Awa Ndiaye, ainsi que l’avait révélé le correspondant de la Rfm, déclarait face à des militants et autres responsables libéraux : «Nous allons élire Me Abdoulaye Wade qui, après cette élection, va passer le pouvoir à cet homme qui est là devant vous, Karim Meissa Wade.» Awa Ndiaye n’a jamais été désapprouvée, du moins publiquement, ni par Wade père ni par Wade fils. Cette gamme qui n’a valu aucune gamelle à Awa Ndiaye, rejoint tout simplement le concert des «Karim-maniaque» qui battent la chanson éculée jouée par leur orchestre médiatique : «Karim est un Sénégalais, comme tous les autres Sénégalais.» Ce qui est archi-faux. Dites-nous à quel Sénégalais on a mis entre les mains autant de ministères qui pèsent près du tiers du budget national ?

Soro Diop

lequotidien.sn

Titre complété par xalima

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