Le directeur général des impôts et des domaines (Dgid), Bassirou Samba Niasse a pris part hier à la journée scientifique sous le thème intitulé « Regards croisés sur la mobilisation des ressources fiscales à travers le Programme Yaatal » organisé par International Budget Partnership et le Cerif . A cette occasion, il a expliqué les raisons qui ont conduit à la mise en place de programme.
« Le Programme Yaatal Pourquoi ? Je suis à la Dgid depuis 3 ans et 3 mois mais en faisant le Pse, la vision du Chef de l’Etat est de fixer un cap en disant qu’en 2035, il nous faut de l’émergence. Il nous faut de l’émergence et cela passe par différentes étapes. Le Plan d’actions prioritaires (Pap) 1 a été surtout consacré au rattrapage infrastructurelle. La croissance économique n’est qu’un gain de temps qu’on a utilisé pour créer de la valeur et pour gagner du temps on ne peut pas ne pas créer de la connectivité. Donc la connectivité passe par les infrastructures physiques : les routes, les autoroutes, les rails mais aussi par la connexion la 4G etc… pour permettre d’échanger. Mais tout ça permet de gagner du temps », a confié M. Niasse.
En gagnant du temps, explique-t-il, si l’on utilise le temps pour créer de la valeur, on a une croissance économique qui se développe et c’est cette croissance qui détermine la trajectoire pour atteindre l’émergence. «Je crois que c’est ça la vision du Chef de l’Etat, c’est ça la vision du PSE. Et c’est ça qui est décliné dans le Pap1 , dans le Pap2 qui vise à dire qu’on continue le rattrapage infrastructurelle mais on amène aussi le secteur privé à travailler. Mais tout ça coûte de l’argent et il ya pas quatre sources : c’est la mobilisation des ressources intérieures et la dette », a fait savoir le patron de la Dgid. Il a rappelé que la mobilisation des ressources intérieures est constituée par deux mamelles principalement : l’administration fiscale et l’administration des Douanes.
Bassirou Samba Niasse soutient qu’on va vers une transition fiscale effectivement si on émerge et cela veut dire qu’on crée plus de valeur dans notre pays. «Et si on crée plus valeur, on importe moins. Par conséquent, on doit collecter plus de ressources à l’intérieur qu’au niveau de la porte. La transition fiscale également découle du fait qu’il ya des économies qui sont entrain de se regrouper. Tout le monde a entendu parler de la Zlecaf, on est dans la zone Uemoa et il n’ya pas de droits de douanes pour les échanges intra-communautaires. Nous sommes membre de la Cedeao, nous avons des partenariats avec l’Union européenne ainsi de suite, cela signifie que les droits tirés au niveau de la porte, du cordon douanier vont aller décrescendo pendant que les taxes collectées à l’intérieur vont aller crescendo. C’est cela la transition fiscale et si on est dans ce cas de figure qu’est qu’il y a lieu de faire ? », a indiqué M. Niasse.
«Donc la mobilisation des ressources intérieures constitue aujourd’hui le défi le plus important que nous devons relever. En arrivant en 2019 à la Dgid, j’ai raisonner comme un commerçant. C’est quoi mon fonds de commerce, quelle est ma clientèle ? Qui paie l’impôt au Sénégal ? Et j’avais trouvé que le nombre de contribuables qu’on gérait tourner autour de 85000. Que 1300 agents des impôts et des domaines géraient 85000 contribuables dont 25000 qui étaient de véritables cotisant et dont 6000 contribués pour 80% », a relevé le directeur général.
Donc un système à son avis, assez fragile, où c’est porté par une minorité alors que tout le reste de la population profitait des infrastructures, des financements publics sans pour autant participer à la cotisation. Et de ces 85000, poursuit-il, si on rajoute les salariées du secteur privé et du secteur public qui paient l’impôt par le biais du retenu à la source, on tournait autour de 500 à 600 mille, à peu près 8% de la population active du Sénégal qui avoisine six millions de personnes sur 17 millions de Sénégalais.
«C’est la raison pour laquelle, nous avons développé le concept de « Natt » en disant que tout le monde fait du « Teggi » parceque si on prend l’autoroute à péage, si on bénéficie de l’éclairage public, si on va dans les hôpitaux, on va dans écoles publiques, alors on est entrain de faire du « teggi » mais c’est 8% de la population qui « Natt » réellement », a explicité Bassirou Samba Niasse.
Donc on se trouve selon lui, avec des difficultés et avec une inéquité extraordinaire qui nécessite une correction.
«Et nous avons mis en place le programme Yaatal inspiré par la Stratégie de recettes à moyen terme(Srmt) qui découle de la vision du ministre de l’économie et des finances et ça coïncidait avec la mise en œuvre des programmes budgétaires , gestion axé sur les résultats et notre programme budgétaire nous l’avons intitulé pédagogiquement programme Yaatal pour que cela rentre. Yaatal n’est pas pris au hasard. Yaatal en wolof signifie élargissement, accueil, signifie générosité et ouverture également. Mais c’est cela qu’il s’agit pour attirer tout le monde », a expliqué le directeur général.