Modou Diagne Fada plaide pour l’évaluation de la réforme des hôpitaux pour dit-il, corriger les dysfonctionnements et améliorer les acquis. Il s’agit là d’une vielle doléance des syndicats de la santé.
Par ailleurs, le ministre de la Santé soutient qu’il y a une exagération par certains de la situation que connaissent les hôpitaux. Il est fait souvent cas d’un déficit du matériel médical. D’ailleurs, récemment, des scanners sont tombés en panne dans plusieurs structures sanitaires.
« Il ne faut pas dramatiser la situation car un peu avant 2000, les hôpitaux n’étaient pas très fréquentés. Aujourd’hui, il y a des queues interminables dans les hôpitaux, même s’il y a lieu de les rééquiper davantage » a dit le ministre de la Santé.
D’ailleurs, fait savoir M. Diagne, de grands pas sont en train d’être faits en matière d’infrastructures et de personnel dans les structures sanitaires. « 850 agents seront recrutés en 2010 et envoyés à l’intérieur du pays pour combler le déficit de personnel qui a causé la fermeture de plus de 100 structures » renseigne-t-il.
S’agissant de la grippe AH1N1, Modou Diagne Fada fustige sa sur-médiatisation. Il annonce que l’Organisation mondiale de la Sante (Oms) a promis d’offrir au Sénégal 240.000 doses de vaccin, le 22 février prochain.
Interpellé sur la situation de l’hôpital Abass Ndao dont les travailleurs menacent d’aller en grève ce lundi 15 février pour dénoncer la lenteur notée pour la nomination d’un directeur général dans cet hôpital, le ministre fait savoir qu’il va trouver une solution avec le maire de Dakar Khalifa Sall.
Il explique qu’il appartient au ministère de la Santé de proposer au Conseil d’administration de l’hôpital Abass Ndao qui l’approuve ou non, la nomination d’un directeur général, et non la mairie de Dakar qui avait lancé un appel à candidature.
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Hôpital Aristide Le Dantec : le paradoxe sénégalais en matière de santé
ASI24 – (Dakar) L’hôpital Aristide Le Dantec, construit sous la colonisation, en 1913, et affecté à l’époque aux « indigènes » manque de tout, rapporte le quotidien Kotch dans un reportage publié samedi, un paradoxe pour un pays leader dans l’enseignement de la médecine en Afrique subsaharienne, voire sur tout le continent.
Alors que le président de la République était vendredi à Rufisque pour lancer, avec faste la seconde phase de l’autoroute à péage, le plus ambitieux projet infrastructurel du Sénégal, et samedi au stade Léopold Sedar Senghor, pour l’ouverture des festivités du cinquantenaire du pays, les Sénégalais apprennent « comment les pauvres payent pour mourir » à l’hôpital Dantec.
Ces « pauvres » ne vivent pas le Sénégal de l’autoroute à péage et le Sénégal cinquantenaire. Leurs réalités sont tout autres, comprend ASI24, a travers les écrits de l’auteur du reportage, la journaliste Ngoudji Dieng, qui indique que l’établissement est fréquenté par 17 000 personnes par jour, avec des recettes journalières de 10 millions de francs Cfa, avec des tickets de consultation ou de soins allant de 3000 à plus du million de francs Fcfa.
La qualité des soins est décriée aussi bien par les malades que le personnel soignant, dans les 26 services que compte l’hôpital, renseigne la journaliste. Sur 200 personnes à opérer dans le service Urologie, 31 lits sont disponibles. En radiologie, quatre machines sur sept sont en panne.
La journaliste égrène la liste des insuffisances et le désarroi des malades, en particulier le troisième âge, et du personnel.
Pourtant cet établissement a fait la fierté des Sénégalais, fait remarquer le reportage. Selon des sources de ASI24, Le Dantec était leader en Afrique « pendant des décennies et bien après les années d’indépendance ».
Des centaines de médecins d’Afrique subsaharienne et du Nord ont été formés à l’Université cheikh Anta Diop de Dakar et ont fait leur premier « touché » et autre expérience dans cet hôpital.
Cet établissement, comme bien d’autres n’aurait jamais connu une telle détresse, si l’Etat du Sénégal avait investi dans la santé. « On parle beaucoup de hub, de faire de Dakar un hub, mais qui va venir dans un hub où il n’y a pas de plateau médical de dernière génération et des soins à des tarifs compétitifs. Des médecins tunisiens, marocains ont été formés au Sénégal, aujourd’hui quand on est malade, on va chez eux. Leurs gouvernements ont eu l’intelligence d’envoyer leurs étudiants au Sénégal et d’investir dans le secteur ».
« Aujourd’hui, le Maroc et la Tunisie sont de véritables plateaux médicaux. Les richissimes Mauritaniens, Guinéens, Maliens etc. qui venaient se faire soigner au Sénégal, vont maintenant là-bas. Mieux, les professeurs qui ont formé ces médecins se rendent chez eux. Le Sénégal aurait pu faire la même chose. Il aurait eu plusieurs plateaux médicaux de qualité, il ne faut oublier que la première opération à cœur ouvert en Afrique s’est faite ici au Sénégal par l’un des premiers et plus grand cardiologues sénégalais », regrette un médecin à la retraite.
Pour lui, le Sénégal a raté des rendez-vous historiques et l’occasion de devenir la Mecque de la médecine sur le continent.