Avant de prendre les rênes du pays, le candidat Macky Sall avait promis de prendre la noble décision de réduire la durée de son mandat une fois élu. Ce qui lui avait valu des acclamations de la communauté internationale et de toute personne éprise de démocratie. Mais, après trois ans de magistère, même s’il est hâtif de parler de promesse non tenue, force est de noter que le président de la République tergiverse sur la question, semant ainsi le doute sur sa réelle volonté de se passer du septennat pour un quinquennat.
Au cours de ses trois années de gouvernance, la question de la réduction de la durée de son mandat présidentiel ainsi que celle relative à la tenue d’un référendum n’ont cessé de faire des vagues. Et son discours inaugural à l’université républicaine de la jeunesse apériste ce week-end est venu enfler la polémique. Le chef de l’Etat s’en est pris à ceux qu’il qualifie de « soi-disant experts » qui investissent la presse pour donner leur avis sur cette loi rectificative. « Ces agitations ne servent à rien parce que ce ne sont pas leurs sorties dans les radios et les télévisions qui me feront prendre une décision alors que l’heure n’est pas encore venue », a pesté Macky Sall avant de bander les muscles à l’endroit de ses détracteurs : « Personne ne peut me forcer à dire que c’est demain le référendum, en vertu de quoi c’est moi qui l’ai décidé librement, qu’ils attendent ». Il est vite rejoint au front par Aminata Touré pour qui « aucune pression ne peut s’exercer sur le chef de l’Etat, qui a pris seul, la décision de réduire son mandat ».
Cependant, le président de la République et son ancien premier ministre doivent reconnaître qu’ils se sont infligés eux-mêmes cette pression dont ils parlent. D’abord, personne n’a obligé le candidat Macky Sall à tenir une telle promesse. Et au mois de septembre 2014, personne n’a non plus annoncé à sa place la soumission par voie référendaire de sa décision de ramener la durée du mandat présidentiel à 5 ans, lors d’une rencontre avec l’Association de la presse étrangère au Sénégal (Apes). C’est le chef de l’Exécutif en personne qui a révélé que la tenue du référendum se fera probablement au mois de mai 2016. C’est donc tout naturel que des questions fusent en ce sens, à quelques mois de cette date.
Il importe par conséquent de souligner que l’opposition et les citoyens ont le plein droit de savoir quand ils auront la latitude d’aller aux urnes et de quelle manière. Et exiger des éclaircissements en ce sens ne doit aucunement être perçu comme une pression. D’autant que, hormis l’éthique, aucune loi n’interdit à Macky Sall de faire abstraction de son engagement. En tout état de cause, il semble absurde que le chef de l’Etat soit la seule personne dans ce pays à connaître la date des élections à quelques encablures de l’échéance. Autrement dit, le calendrier électoral engage, sans exception, tous les citoyens.
Revenant à la pression qu’il aurait subie, cela viendrait plutôt de ses propres partisans. Eux qui, dans leur majorité, lui demandent de se dédire et de faire sept ans pour, disent-ils, « respecter la Constitution ». Dans ce tollé qui n’a que trop duré, le président Sall semble se tromper de cible car ceux qui jouent à lui mettre la pression ne sauraient être les opposants ou simples citoyens qui ne demandent qu’à être élucidés, mais une bonne partie des Mackysards qui veulent qu’il se rétracte.
M.S.N
dakarmatin.com