Aussitôt les résultats de l’autopsie publiés, qui montrent que le jeune Abdoulaye Wade Yinghou est mort, suite à des coups et blessures ayant entraîné une insuffisance cardio-pulmonaire, le ministère de l’Intérieur a décidé de confier l’enquête à la Division des investigations criminelles (Dic), un démembrement de la Police.
Aussitôt les résultats de l’autopsie publiés, qui montrent que le jeune Abdoulaye Wade Yinghou est mort, suite à des coups et blessures ayant entraîné une insuffisance cardio-pulmonaire, le ministère de l’Intérieur a décidé de confier l’enquête à la Division des investigations criminelles (Dic), un démembrement de la Police. Une décision que la Raddho considère comme irrecevable, vu que dans ce cas d’espèce, la Dic serait en même temps juge et partie.
Par Diacounda SENE
ImageLa Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) a jugé «décevant et consternant», les propos tenus par le ministère de l’Intérieur dans un communiqué rendu public il y a deux jours. Dans ce dit document, le ministère que dirige Bécaye Diop indique qu’«aucun élément objectif ne permet d’imputer la responsabilité du décès du jeune Abdoulaye Wade Yinghou aux forces de Police en service au commissariat de Yeumbeul (…) et confie l’enquête à la Division des investigations criminelles».
Joint par téléphone hier, le président de la Raddho, Alioune Tine, s’est dit surpris et indigné du caractère incongru d’une telle décision, en ce sens qu’il disculpe la Police et demande à cette même institution de mener l’enquête. Car selon M. Tine, la Dic n’est rien d’autre qu’un démembrement de la Police.
Par ailleurs, en avançant de tels propos, la Raddho doute que le ministre ait lu la Convention internationale sur la torture. «La convention est le seul cas où on fait mention de la présomption de culpabilité», rappelle M. Tine. Ce dernier d’ajouter?:?«Aujourd’hui, on a à notre disposition le rapport d’autopsie qui confirme l’enquête menée par la Raddho sur le terrain, et battant en brèche la thèse du malaise avancée par la Police.»
Aussi, le fait de confier l’enquête à la Dic implique, selon la Raddho, un conflit d’intérêts. Du moment que «le patron de la Police disculpe ses éléments», Alioune Tine craint que le traitement de ce dossier ne soit pas neutre.?«Si on respecte la Convention internationale contre la torture et le Code de procédure pénale, il faut interroger tous les policiers qui se trouvaient dans la voiture. En outre, pour plus de transparence,?il faut une institution indépendante comme la Gendarmerie pour faire cette enquête», préconise-t-il.
Pour mettre fin à cette pratique, la Raddho attend du président de la République une condamnation ferme des tortionnaires. Dans ce cas précis, «il faut que les policiers tortionnaires soient punis», estiment Alioune Tine et compagnie. Pour cela, la Raddho compte lancer une pétition invitant l’opinion nationale et internationale à dénoncer la torture, qui est de plus en plus récurrente. «Au moins, dix personnes sont mortes depuis 2000, suite à la torture, dont trois cette année», s’indigne-t-il. Ce qui est le plus inquiétant, selon lui, c’est que pour la première fois depuis longtemps, «nous avons reçu la visite du Comité des Nations unies contre la torture. Ce qui signifie que la communauté internationale est inquiétée par la récurrence de la torture au Sénégal.» Ce qui, selon lui, donne une mauvaise image de notre pays. D’où la nécessité d’une action concrète pour dire stop à de tels actes. C’est d’ailleurs dans ce sens que la Raddho a mis à la disposition de la famille de la victime un avocat et compte travailler pour l’élargir à un collectif, afin que la lumière soit faite sur cette affaire et les coupables punis.
Stagiaire
lequotidien.sn